Crise du logement : les lourds défis de Sylvia Pinel

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samedi 17 mai 2014

C'est à la surprise générale que Sylvia Pinel, 36 ans, a été nommée le 2 avril 2014 au poste de ministre du Logement et de l'Egalité des Territoires. Elle succède à la très médiatique Cécile Duflot, dont les profondes divergences avec le nouveau Premier ministre Manuel Valls ne lui permettaient pas de rester au gouvernement.

Très peu connue du grand public, Sylvia Pinel était ministre de l'Artisanat du Commerce et du Tourisme sous le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Présidente de la Fédération départementale du Parti radical de gauche du Tarn-et-Garonne, et déléguée générale adjointe du parti radical de Gauche, elle est surtout connue pour avoir tenté de réformer le statut d’auto-entrepreneur, s’attirant la colère de milliers d’entre eux et entraînant la création du mouvement des "poussins".

Madame Pinel prend ses fonctions alors que la loi Alur (accès au logement et à un urbanisme rénové) vient d'être adoptée par le Parlement puis validée au Conseil Constitutionnel. La loi est rentrée en vigueur le 20 février 2014. Le site d'information sur la loi Duflot vous permettra d'en connaître tous les détails. Relancer le secteur de la construction en crise, faciliter l'accès au logement, équilibrer les rapports locatifs sont les principaux dossiers qui attendent la nouvelle ministre. Des défis considérables, qui constituent une priorité pour le gouvernement.

Les premières réactions des professionnels de l'immobilier se sont avérées contrastées, même si elles ont globalement été favorables, certains professionnels voyant certainement dans cette nomination un espoir de revenir sur certaines orientations, contestables selon eux, suivies par Madame Duflot.

Ainsi, la Fédération nationale de l'Immobilier "salue l'arrivée de la nouvelle Ministre du Logement et de l'Egalité des Territoires", tout en précisant : "Il reste que la loi ALUR a été votée. Il faudra donc composer avec elle, même si les critiques formulées à son encontre demeurent", indique la FNAIM qui se dit prête "à apporter tout son concours à la nouvelle équipe au ministère pour rendre les textes d'application plus conformes à la réalité du terrain." Elle réitère sa proposition d'instaurer un bail solidaire, "dans lequel les droits et devoirs des bailleurs et des occupants seraient équitablement répartis."

La Fédération des promoteurs immobiliers félicite également Sylvia Pinel pour sa nomination et en profite pour appeller à la mobilisation générale : "La FPI attend du nouveau gouvernement qu'il s'attaque drastiquement aux causes de blocage du foncier constructible et de renchérissement des coûts de construction."

Roger Bélier, président du Syndicat national des aménageurs lotisseurs (Snal), "félicite" Madame Pinel "pour sa nomination comme Ministre du Logement et de l'égalité des territoires", mais attire néanmoins son attention "sur la grave crise du logement que connaît aujourd’hui la France et sur l’urgence des mesures qui s’imposent".

Pour sa part, l'Union des maisons françaises "sera attentive aux engagements de la nouvelle ministre sur l'accession à la propriété qui subit une crise profonde et qui explique largement le marasme dans lequel est plongée la production de logements depuis ces dernières années. De 230 000 maisons en 2006 les mises en chantiers sont tombées à 154 000 à fin février 2014. L'UMF propose aujourd'hui à la nouvelle Ministre du logement de la rencontrer rapidement pour travailler sur le soutien de l'accession à la propriété."

Quant à François Gagnon, président de ERA Europe et ERA France, sa réaction est plus circonspecte. Il remarque que, dans l’organigramme gouvernemental, Madame Duflot "arrivait en 6ème position, juste derrière les portefeuilles régaliens, dans une équipe de près de 40 ministres", alors que sa successeure "est placée, elle, en 15e rang dans la hiérarchie de ce gouvernement resserré c’est-à-dire en avant dernière position." En outre," la nouvelle ministre est la plus inexpérimentée du gouvernement.", ce qui ne l'a pas empêché de déjà "s’égarer en matière de stratégie immobilière : sa réforme des baux commerciaux, votée le 18 février dernier en première lecture à l’Assemblée Nationale, jugule les révisions de loyer par les propriétaires avec un irréalisme économique incroyable", estime-t-il.

La loi Alur met en place des mesures qui ont parfois fait polémique : encadrement des loyers, création de la Garantie Universelle des Loyers (GUL), limitation des frais d’agence, etc. Son parcours législatif aura été bien chaotique et il est encore loin d’être terminé ; car si le texte a été voté sur le principe, de nombreux décrets d’application doivent toujours être pris pour que certaines mesures, dont la GUL, entrent en vigueur. Sylvia Pinel a encore du pain sur la planche...
 
Ses actions peuvent désormais être suivies sur le site officiel du Ministère du Logement et de l’Égalité des Territoires ou encore via son compte Twitter.

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