Le secteur des jeux d’argent numériques en Suisse romande : entre divertissement et régulation
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mercredi 9 juillet 2025
Dans nos poches, sur nos écrans, dans le creux de nos mains… les jeux d’argent ne sont plus une affaire de casinos feutrés ou de PMU enfumés. Ils sont désormais numériques, mobiles, souvent gratuits… en apparence. Et ils posent aujourd’hui de vraies questions, en Suisse romande comme ailleurs : qui encadre vraiment ce nouveau monde du jeu ? Et qui en paie le prix ?
Des jeux qui s’invitent dans la vie quotidienne
On ne parle pas ici seulement des sites de poker ou de paris sportifs. Ce sont des applis colorées, souvent destinées aux jeunes, où l’on gagne des pièces, des vies, des bonus… en payant quelques euros (ou francs en Suisse), parfois sans trop s’en rendre compte. C’est ce modèle économique, dit freemium, qui s’est imposé partout, notamment sur mobile. Résultat : des sommes colossales générées, non pas grâce à un abonnement ou à un achat ponctuel, mais via des microtransactions en série.
Et dans tout ça, les plus jeunes sont en première ligne. Comme le souligne Jean Busché, expert à la Fédération romande des consommateurs (FRC), ces jeux sont souvent conçus pour être addictifs : des couleurs, des récompenses immédiates, des compteurs, des limites qui poussent à revenir ou à payer pour avancer.
Moyens de paiement : pratiques et de plus en plus sécurisés
Derrière l’apparente simplicité des jeux en ligne se cache aussi une mécanique de paiement bien huilée. Les plateformes légales proposent une variété d’options pour alimenter son compte : cartes bancaires, portefeuilles électroniques, solutions prépayées.
Parmi ces dernières, certaines sont appréciées pour leur simplicité d’usage et leur aspect sécurisant, notamment pour ceux qui ne souhaitent pas transmettre leurs coordonnées bancaires en ligne. C’est le cas par exemple des solutions prépayées sur les plateformes casino en ligne avec paysafecard, qui permettent de jouer avec un budget limité, sans compte bancaire ni carte de crédit. Ce type de méthode attire des utilisateurs soucieux de mieux contrôler leurs dépenses, ou qui cherchent à limiter les risques de dérives.
Mais même ces solutions, plus « anonymes » ou cadrées, n’éliminent pas les autres problématiques liées à la fréquence des dépôts ou à l’effet d’engrenage. Le problème n’est pas tant le moyen de paiement que le modèle de consommation qu’il facilite.
Une régulation qui ne suit pas le rythme
En Suisse, la législation s’est mise à jour en 2019 avec la Loi fédérale sur les jeux d’argent (LJAr). Elle encadre les casinos physiques et ceux qui proposent désormais des jeux en ligne – mais seulement s’ils ont une concession suisse. L’idée : garder le contrôle sur les bénéfices et les redistribuer dans des projets d’utilité publique.
Mais cette régulation ne touche pas les jeux d’adresse, ni les applis mobiles gratuites qui, elles, continuent d’échapper à tout cadre sérieux. En clair : on encadre ce qu’on appelle officiellement “jeu d’argent”, mais on ferme les yeux sur tout un univers numérique qui fonctionne de la même façon, sans dire son nom.
Ce que propose la FRC : agir, enfin
La FRC ne demande pas la lune, mais plutôt :
- Plus de transparence sur les prix et les mécaniques de jeu ;
- Des limites claires sur les microtransactions et les mécanismes trompeurs ;
- Une protection renforcée des jeunes et des personnes vulnérables ;
- Et surtout, un vrai débat parlementaire pour adapter la loi à ce que vivent les familles au quotidien.
Dans l’idéal, cela voudrait dire aussi éduquer les parents, leur donner des clés pour comprendre comment fonctionnent ces jeux, et les accompagner dans le choix d’applis plus saines. Parfois, acheter un jeu payant et bien conçu vaut mieux qu’un jeu "gratuit" qui coûte très cher au final.
Et maintenant, on fait quoi ?
Les questions ne manquent pas. Jusqu’où doit aller la régulation ? Faut-il interdire certaines pratiques ? Peut-on vraiment protéger les plus jeunes sans bloquer tout un pan du numérique ? Ces débats ne sont pas simples, mais ils sont urgents.
Car au fond, il ne s’agit pas seulement de lois, de licences ou de chiffres d’affaires. Il s’agit de nos habitudes, de notre façon de vivre avec le numérique. Le jeu, c’est du plaisir, du défi, parfois du rêve. Mais quand il devient piège à clics, quand il exploite la psychologie humaine à coups de couleurs et de faux cadeaux, alors il faut agir. Et cela commence par s’informer, discuter, partager. Parce que réguler, ce n’est pas seulement l’affaire du Parlement. C’est aussi celle des citoyens.