Réutilisation des eaux usées traitées : quelle acceptabilité sociale ?

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mardi 18 décembre 2018

Dans un contexte de développement durable, la réutilisation des eaux usées en milieu domestique est une option intéressante afin d’épargner la ressource en eau et de réduire la consommation d’eau potable. Se pose cependant la question de l'acceptabilité sociale de cet usage.

L’utilisation des eaux grises traitées, qui consiste à récupérer et à collecter les eaux provenant des douches, baignoires, lavabos, lave-linge, et parfois de la cuisine, puis à les utiliser après traitement, n’est pas autorisée en France pour des usages domestiques.

Les eaux grises contiennent en effet des matières particulaires et organiques, et sont contaminées par des micro-organismes issus notamment du lavage des mains, des produits d’hygiène corporelle et cosmétiques, des produits d’entretien de la maison, du lavage des surfaces et du lavage du linge.

Une réutilisation des eaux grises dans l’habitat ne peut être envisagée que pour des usages très précis : l’alimentation de la chasse d’eau des toilettes ; l’arrosage des espaces verts (excluant potagers et usages agricoles) ; le lavage des surfaces extérieures sans génération d’aérosols. 

Acceptabilité sociale

Aujourd'hui, la réglementation permet la réutilisation après traitement des eaux usées pour l’irrigation des cultures. Cette possibilité est néanmoins peu mise en pratique en France, où l'on est peu confronté à des situations de rareté de la ressource en eau (et, lorsque c’est le cas, cela reste local et ponctuel). Par ailleurs, le prix plus élevé des eaux traitées que le prix de l’eau prélevée dans le milieu n’est pas incitatif. 

Les Français restent réticents face à cette pratique de réutilisation des eaux usées. Selon une enquête réalisée en 2014 par le Commissariat au général au développement durable (CGDD), 68 % des Français sont prêts à accepter de consommer des fruits et légumes arrosés avec des eaux usées traitées. Cela signifie qu'un tiers n’y est pas disposé, inconscient qu’en achetant des fruits et des légumes en provenance d’Espagne, d’Italie, ou de Tunisie, la probabilité est grande qu’ils en consomment à leur insu.

Par ailleurs, seules 5% des personnes interrogées par le CGDD en 2014 accepteraient que les eaux usées soient redistribuées directement au robinet après traitement, pour contribuer à préserver la ressource en eau.

On appelle parfois cette réticence l’effet « Beurk » : il exprime une réaction immédiate et violente de dégoût à l’égard d’une eau usée réutilisable même après avoir subi un processus de retraitement. Cet effet prospère sur la conviction que la capacité “purificatrice” de la nature est plus efficace que n’importe quelle intervention humaine de traitement des eaux usées. Il exprime également une méfiance générale à l’égard de l’ensemble des acteurs de la chaîne de production des eaux retraitées, suspectés de cacher ou de minimiser la réalité des risques sanitaires mal connus.

Qualité des eaux

Les Français sont très soucieux de la qualité de l’eau de robinet, qu'ils consomment, au point de préférer parfois l'eau en bouteille. Le traitement de cette eau comporte plusieurs étapes pour la rendre potable : d'abord, la clarification, qui permet de débarrasser l’eau des éléments solides (cailloux, plastiques, branchages…), mais aussi d’éliminer les matières en suspension. Ensuite, la désinfection, qui permet d’éliminer tous les micro-organismes pouvant être dangereux pour notre santé, soit par la chloration, soit par l’ozonation. Enfin, l'affinage, qui garantit l’absence totale d’éléments nocifs, comme les pesticides.

Pour arriver jusqu’à notre robinet, l’eau passe par un circuit de distribution d’eau potable, dont les communes sont responsables. La gestion de l'eau peut prendre plusieurs formes : régie directe, gestion déléguée, etc. Publique ou privée, une agence de l’eau a pour mission d’assurer l’exploitation des usines de production d’eau potable, d'entretenir le réseau de canalisations en charge d’acheminer l’eau, de relever les compteurs d’eau pour contrôler la consommation d’eau dans chaque foyer, de gérer la facturation auprès des consommateurs, de réaliser un contrôle sanitaire régulier pour garantir la qualité de l’eau france, et enfin d'apporter une information sur l'eau.


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