Un bonheur inattendu
par
mardi 18 septembre 2012
L’écrivain Marella Caracciolo Chia, sera l’invité de l’Institut Italien de Culture de Paris ce jeudi 20 septembre 2012 à 19 heures pour y présenter son dernier ouvrage « Un bonheur inattendu », publié aux éditions Syrtes. Marella Caracciolo Chia a étudié la littérature anglaise à l'université d'Oxford et a obtenu une maîtrise en littérature anglaise et américaine à l'University College de Londres. Journaliste et écrivain, elle a publié en 1995 Il Giardino di Ninfa un ouvrage sur le jardin de la famille Caetani.
Marella Caracciolo Chia était sur les traces de l'excentrique aristocrate Leone Caetani, duc de Sermoneta, lorsqu’elle découvre par hasard, un paquet de lettres qui révèlent pour la première fois l'histoire d'amour entre la princesse Vittoria Colonna, l’épouse de Caetani, et le célèbre peintre futuriste Umberto Boccioni.
Un amour éphémère pendant l'été 1916, sur une île du lac Majeur, une parenthèse lumineuse dans la vie trouble de deux amants. Elle, issue de la noblesse romaine, éduquée à l’anglaise, aimant s'amuser, avide d'affection et de tendresse. Depuis son mariage en 1901, Vittoria Colonna fréquentait les bals et les cours d'Europe, voyageait à travers le monde, côtoyait la haute société, Edouard VII ou Winston Churchill. En Italie, elle partageait sa vie entre une villa sur l’île Borromée – oasis de paix et de calme – et le Palazzo Caetani à Rome, l'un des plus beaux exemples d'architecture Renaissance.
La relation entre Vittoria et son mari Leone Caetani semble plutôt intellectuelle et littéraire, illustrée par leur correspondance quasi quotidienne qui les maintient liés, malgré la distance. Leone Caetani est un homme cultivé. Titulaire d'un diplôme d'histoire, il s'intéresse beaucoup à la culture arabe et aux voyages initiatiques et développera ainsi un désir constant d'évasion, partagé par sa femme, Vittoria. Ce désir, qui rassemble le couple, finira par leur porter préjudice, puisqu'ils se mettront très vite à construire leur vie en fonction des absences de l'autre.
Le prince Leone Caetani, plus âgé que Vittoria d'une douzaine d'années est en effet un éminent orientaliste, il aime les livres et l'étude, la sagesse, irradie de mystère. Son mode de vie est spartiate et solitaire – très jeune, il a visité l'Egypte, le Sinaï, l'Algérie et le Sahara à une époque où un tel voyage a vraiment été une aventure. Vittoria aime le monde et la vie, veut profiter de tout. Leurs styles de vie sont irréconciliables. Leur mariage a été décidé très vite, il apparaît comme une sorte de conciliation entre les Colonna et les Caetani, deux clans rivaux depuis l'époque de Boniface VIII.En 1921, de manière inexplicable, Leone quitté l'Italie pour s’installer au Canada avec sa maîtresse, une chanteuse de cabaret, et leur fille.
Umberto Boccioni est en revanche un peintre génial et rebelle, futuriste, tombeur de femmes, révolutionnaire, protagoniste de combats épiques avec Marinetti et des soirées culturelles, interventionniste et volontaire dans la guerre en cours, à la recherche de nouvelles expressions artistiques, non pas comme peintre, mais comme futuriste, sans cesse poussé à l'invention.
L'attention que Vittoria porte au peintre ainsi qu'à son fils et son « regard d'artiste » sur le monde, feront perdurer leur amour, jusqu'à ce qu'une chute d'Umberto Boccioni, mortelle, vienne tragiquement y mettre fin. Dans son portefeuille il y avait la dernière des lettres reçues de Vittoria...
Voilà donc une histoire d'amour brève et dramatique, mais non moins passionnante, reconstituée à travers les écrits de la princesse Vittoria. C'est l'histoire de ce bonheur inattendu, d’une rencontre fulgurante que Marella Caracciolo Chia a reconstituée et racontée ici sous forme de fresque, à partir du matériau même – romantique et inspiré –, des lettres des amants et des mémoires de la princesse.
Dans un style journalistique, digne de Truman Capote, l’auteur, qui va intervenir ce jeudi au sein del’Institut Italien de Culture de Paris, pénètre pas à pas, parfois à tâtons, dans l’intimité de ses héros. Le résultat n’est pas une biographie romantique mais un véritable voyage dans un monde culturel, littéraire et artistique. C’est aussi le portrait d'une époque et d’un monde, un aperçu fascinant de l'Italie de la Belle Époque, une période riche de bouleversements culturels et d’incertitudes dans sa transition vers la modernité culturelle.
En effet, au-delà des protagonistes, c'est aussi l'histoire d'un siècle qui nous est dépeinte. On y découvre les perturbations liées à la première guerre mondiale, ainsi que l'art et les idées dominantes émanant du début du siècle. Les décors défilent de l'Italie à l'Angleterre au sein de paysages improbables compte-tenu des évènements contemporains.