L’un des plus remarquables points de vue architectural de la ville d’Evry (91) va disparaître

par Bernard Louis Lallement
lundi 16 février 2009

Les travaux programmés de restauration de l’école élémentaire Raymond Queneau, dans le quartier des Pyramides risquent de faire perdre à la ville une partie de son patrimoine architectural. Ceci en raison de l’articulation spécialement réussie de ce bâtiment avec l’immeuble voisin, "Les Grandes Marches".

En terme « d’image », la ville d’Evry va en prendre un coup. Mais personne n’en saura rien.
 
Il y a quelque temps, à Evry, fut proposé la visite de bâtiments dont l’architecture honore la ville. Cela partait d’un bon principe, qui est de sensibiliser le grand public au patrimoine de la ville. Avec mon esprit mauvais, je raillais, pensant à l’articulation très réussie entre les deux ensembles de bâtiments que j’avais sous les yeux : la ligne d’immeubles des « Grandes Marches », au bord du boulevard des Champs Elysées et l’école Queneau, qui se trouve derrière. Cela ne faisait pas partie du programme de la visite. Je me disais à l’époque qu’il faudrait que j’écrive, que je prenne des photos… pour défendre cette réussite visuelle dont personne ne parlait, au cas où viendrait l’idée de tout rénover.

 
J’allais même jusqu’à me dire que les villes devraient avoir le pouvoir de « classer » certains bâtiments, certaines perspectives réussies, certaines articulations réussies, comme celle-ci. Dans une sorte de décentralisation bien comprise des compétences des Monuments Historiques.
 
En ce mois de février 2009, des travaux de réhabilitation de l’école Raymond Queneau, comprenant la démolition et la reconstruction de la partie la plus proche de l’immeuble des « Grandes Marches » viennent de commencer. Les palissades sont en place.
 
Dans la ville moderne, l’accord réussi entre deux bâtiments issus de deux projets différents tient du miracle. Je n’ai pas le temps d’effectuer des recherches pour connaître le nom des architectes qui ont conçu « Les Grandes Marches » et l’école Queneau, ni de savoir dans quel ordre ont été bâti ces constructions. Mais le résultat était là : une articulation de volumes, une scénographie tout à fait remarquable avec la découverte de l’école encadrée par le « porche », l’arche formée par l’entrée de l’immeuble d’habitations.
 
C’est cet accord visuel exceptionnellement réussi qui va passer à la benne.
 
Je n’ai pas été consulter le projet à la mairie d’Evry. On ne peut pas toujours être sur la défensive. Tant pis pour la ville d’Evry, je préfère créer. Peut-être que les nouveaux volumes de l’école Queneau, une fois réhabilitée, s’articuleront de nouveau de façon remarquable avec ceux des « Grandes Marches ». On peut l’espérer, mais si ce n’est pas le cas, ce sera une grande perte pour le patrimoine de la ville d’Evry ; et personne ne le saura.

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