10 000 : Emmerich pète les plombs !

par LE CHAT
mercredi 26 mars 2008

Membre d’une tribu vivant dans les montagnes, D’leh, un jeune chasseur, est épris d’Evolet. Lorsque de mystérieux guerriers pillent son village et kidnappent Evolet, D’leh prend la tête d’un petit groupe de chasseurs et se lance à la poursuite des ravisseurs. Au cours de son périple, D’Leh et ses amis affronteront des tigres à dents de sabre et autres prédateurs préhistoriques...

Samedi après-midi, ce week-end de Pâques est vraiment parti pour être bien froid et n’incite guère à la promenade. Alors pourquoi ne pas se faire une toile peinard, me dis-je. Passionné de préhistoire et sur la base du scénario ci-dessus, je me dis qu’un film du réalisateur du Jour d’après et d’Independance Day ne peut être foncièrement mauvais ; après tout si le film est distrayant, que les effets spéciaux tiennent leurs promesses et que l’histoire tient la route, ça sera toujours un bon moment de passé !

Eh bien, je crois qu’après avoir vu ce film, ma vision de l’histoire néolithique va complètement changer ! Moi qui pensait me retrouver au temps de La Guerre du feu, avec des tribus faisant des prisonniers dans d’autres tribus façon Apocalypto, après une vingtaine de minutes, on bascule du monde des chasseurs de mammouths chers à J. M Auel à celui des aventures extraordinaires du dernier des cimériens, Conan le barbare.

En effet, le début du film place la tribu des Yagals dans des montagnes qui pourraient les Alpes ou le Caucase, et les chasseurs néolithiques attendant la venue des derniers mammouths semblent crédibles, jusqu’au moment où des envahisseurs montés sur des chevaux, plutôt de l’âge de bronze capturent la belle et nombre de membres de la tribu et emportent les captifs avec eux vers leur future vie d’esclave. Ils passent bizarrement de la haute montagne à une jungle tropicale où d’horribles oiseaux genre diatryma les attaquent, mais dans un délire spielbergien, les bêtes ont triplé de taille et grimpent aux arbres en s’aidant de leurs becs, et vivaient il y a 60 à 50 millions d’années, un détail.

Puis vient la scène où D’leh sauve un smilodon coincé au fond d’un piège, triplé de taille lui aussi, et la bête reconnaissante empêchera que ne soit massacré nos héros par la population africaine d’un village venant lui aussi d’être victime d’une razzia de la horde de pillards. Et après on ne le reverra plus, dommage, ça aurait pu être un personnage intéressant ! Et puis ça fait mince en nombre de prédateurs préhistoriques ! Les Dokous se joignent aux Yagals pour poursuivre à travers le désert en ligne droite les pillards qui eux ont prix des bateaux genre felouques pour amener les captifs à leurs maîtres, des tyrans construisant des pyramides au milieu de rien en se servant de mammouths aux défenses coupées comme animaux de trait et de milliers d’esclaves  ; leur ancien royaume a été englouti, s’agit-il des descendants des populations de l’Atlantide, ces cruels tyrans aux doigts griffus comme des mandarins de la Chine ancienne ? Nul ne le sait, mais eux avaient prédit l’arrivée du chasseur comme la venue d’un messie et de l’influence néfaste d’une esclave qui porte sur la main des cicatrices positionnées comme les étoiles de la galaxie d’Orion.

Ce qui surprend, c’est l’étonnante facilité avec laquelle nos héros fomentent une mutinerie, se débarrassent des gardes et que D’leh tue d’un seul jet de lance le chef des esclavagistes trop imprudemment exposé. Un minimum de suspense aurait quand même été le bienvenu. Evolet, tuée par la flèche d’un des pillards amoureux transi de la belle, revient miraculeusement à la vie grâce au souffle de vie venant de la chamane de la tribu qui meurt dans le même temps au fond des montagnes, tout est bien qui finit bien et nos héros Yagals repartiront chez eux avec les petites graines pour faire pousser le blé grâce auquel la tribu n’aura plus jamais faim, sauf que ce sont de magnifiques grains de maïs qui, comme tout un chacun est censé savoir, ne poussait alors qu’aux Amériques.

Avec plus de 70 millions de dollars de budget, on aurait pu attendre mieux d’Emmerich, un spécialiste des blockbusters totalisant des millions et des millions d’entrées, que ce conte pour ados vaguement humaniste !

Je crois bien que ce film-là sera bien loin des scores du Jour d’après, y compris dans les vidéothèques ! Bien d’honnêtes téléfilms feraient aussi pire pour bien moins cher ! En France, il méritera bien un Gérard 2008 ! Et un prix spécial pour l’intensité du bleu et les couleurs trop vives et digitalisées.

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