1988 : Adios Pinochet ! 2013 : Oui à « NO » ! (le film)

par Denis Thomas
jeudi 14 mars 2013

Tout est toujours possible. Il faut juste y croire très fort. En 1988, le Chili met Augusto Pinochet à la porte de son palais présidentiel grâce à un référendum organisé sous la pression internationale. Le dictateur n’en revient pas de s’être fait renverser par la campagne du « No ». Le peuple chilien lui a opposé une idée toute simple : sa joie.

C’est la montée progressive de cette joie qu’a retranscrit le cinéaste chilien Pablo Larrain en s’inspirant de la pièce d’Antonio Skàrmeta. Une joie à laquelle les chiliens avaient renoncé au profit de d’un confort d’opérette offert par le tyran à ceux qui savaient se taire et marcher droit. La retrouver a sorti de façon surprenante le dictateur de l’équation et le Chili d’une horreur si quotidienne qu’elle en était devenue presque acceptée. En se voilant, faute de mieux, la face.

L’étonnante victoire du peuple chilien en 1988 peut nous ramener à une question majeure et actuelle : Au-delà de « l’indignation », fort sympathique mais jusqu’ici limitée en efficacité, à quoi donc faudrait-il faire rêver aujourd’hui le monde pour qu’il entame un nécessaire tour sur lui-même : une Révolution ?

Reste qu’à l’époque un rêve a déplacé plus que des montagnes : la cordillère des Andes. Pendant trois semaines, et pour la première fois depuis le coup d’Etat du 11 septembre 1973 qui avait destitué Salvator Allende, l’opposition avait pu s’exprimer à la télévision, un quart d’heure par jour. Une aubaine.

 

COCA COLA

Mais rien ne semble évident, alors. Il faut dire, et faire dire, non à Pinochet mais comment ? Parler des escadrons de la mort, activer la peur encore et encore. Pas sûr. Les partisans du Non font appel à un jeune publicitaire plein d’avenir, tiraillé entre sa carrière et un engagement politique aiguillonné par celui de sa femme en lutte qui l’a laissé seul avec leur fils.

Ce dernier, René Saavedra (Gael Garcia Bernal remarqué dans Carnets de voyage pour son interprétation d’un Ernesto Guevara chrysalide du Che) incarne les derniers doutes qui habite le Chili face à la junte militaire.

Le jeune homme va déconcerter ses companeros, autant que le régime en place et ses conseillers en communication politique, en imposant une campagne « think positive » issue en droite ligne de celle de Coca Cola.

Les années quatre vingt étaient riches en jeunesses pleines de santé crevant l’écran avec des sourires larges comme des parapluies façon « we are the world ». A l’insu de son propre patron partisan du « Si », l’inspiré créatif les utilise et n’est alors pas loin de faire rêver le Chili torturé aux idéaux US. Banco ! Le résultat nous est désormais connu.

Pablo Larrain a donné un ton de vérité à ses images en utilisant des caméras d’époque. Ce qui fond les images d’archives, omni présentes, dans la trame de No. Déroutant mais efficace.

No est un bon slogan, d’ailleurs ! Percutant et plein de sens. Appuyé par un joli arc en ciel quelques années avant celui qui s’est déployé en Afrique du Sud. 

Allez ! Creusons nous la tête et parlons en à nos copains grecs, espagnols ou portugais …


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