« Adagio » sur Odéon à la Mémoire de François Mitterrand

par Theothea.com
lundi 21 mars 2011

Sous titré « Mitterrand, le secret et la mort », l’Adagio d’Olivier Py s’offre comme un chemin de croix sur le Golgotha de la réflexion humaine en quête de maîtrise de sa destinée.

D’emblée, un escalier magistral s’élève en marche scénographique vers la bibliothèque globale en un temps où l'Internet n’en avait pas encore démocratisé l’accès virtuel.

En toile de fond, les marches du Panthéon, de l’Arche de La Défense, de la Pyramide du Louvre, de l’Opéra Bastille et de la très Grande Bibliothèque pourraient s’y poser en références subliminales.

Au terme de la pièce, celles-ci se refermeront sur elles-mêmes, à l’instar de la chambre noire d’un appareil photographique argentique qui, au sein de son obscurité totale, conserverait, au-delà des clichés controversés, la force patrimoniale de la grande Histoire, celle de l’être universel.

« Je resterai avec vous, car je crois aux forces de l’Esprit »

Pour incarner le seul Président aux deux septennats complets de la Vème République Française ou plutôt pour en induire la pensée en mouvement, un acteur fabuleux, Philippe Girard conceptualise son interprétation de François Mitterrand, à l’aune contradictoire de sa grande taille, comme un souffle, une inspiration, un élan reproduisant les traces mnésiques de l’inconscient collectif national.

Autour de cette omniprésence troublante autant que séduisante, six comédiens se glissent dans une trentaine de personnages peuplant, d’ombre et de lumière, la Cour Elyséenne avec l’assurance de leurs points de vue indépendants et donc, fort opportunément, dialectiques.

Au-delà des conseillers géopolitiques, la caste des médecins s’avèrent sur le plateau de l’Odéon, comme la plus représentative de celle qui, pour la bonne cause thérapeutique, tente d’apprivoiser le patient le plus résistant au monde.

En effet, de mai 81 jusqu’à l’appartement du Champ de Mars en janvier 96, le mal insidieux va tenter de ronger de l’intérieur, l’homme politique qui, depuis sa publication du « Coup d’ Etat permanent », avait consacré sa vie publique à vouloir en devenir le guide républicain.

Mais c’est bien en vain que la maladie cherchera à briser sa capacité de méditation et sa volonté de maîtrise du destin, jusqu’à lui faire refuser toute morphine par crainte de modification comportementale.

Après s’être empli, une dernière fois, de la beauté exemplaire d’Assouan, François Mitterrand quittait les rivages du Nil, faisait ses adieux à ses proches à Latche et revenait à Paris pour décider, en toute liberté, d’évaluer le lieu et le moment venu de laisser s’éloigner la vie.

En tant que citoyen et créateur, Olivier Py a, bel et bien, rempli son travail de mémoire. A ses contemporains, désormais, et à leurs successeurs d’apprécier cet hommage à sa juste valeur !

photo © Theothea.com

ADAGIO - ***. Theothea.com - de & mise en scène : Olivier Py - avec John Arnold, Bruno Blairen, Scali Delpeyrat, Alphonse Dervieux, Philippe Girard, Elizabeth Mazev & Jean-Marie Winling - Théâtre de l'Odéon


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