« Adultères » de Woody Allen, au Théâtre de l’Atelier

par Theothea.com
mardi 26 septembre 2006

 

Remarquable direction d’acteurs dont Woody Allen devrait être considérablement honoré et fier s’il avait la prochaine opportunité de venir à Paris pour assister à une représentation d’Adultères, ce dont d’aucuns de ses conseillers devraient le persuader !

En effet avec son approbation, trois de ses pièces en un acte ont été judicieusement réunies au Théâtre de l’Atelier en illustration de ce thème extra conjugal paradoxalement fédérateur pour en constituer une trilogie à la fois réjouissante et quasiment philosophique.

Thèse, antithèse, synthèse.... dans l’ordre à 19 h "Riverside drive" puis à 21 h "Central Park West " suivi sans entracte d’"Old Saybrook ".

Ce "rallye de Tendre" cible l’oeuvre du célèbre metteur en scène new-yorkais pour en extraire la substantifique comédie humaine autour du sexe avec son cortège de contradictions institutionnalisées et ses fantasmes dénués de toute langue de bois.

En une progression savamment orchestrée par Benoît Lavigne tout au long de la soirée, un couple de comédiens va accompagner ces trois phases pseudo libidinales en un vaste jeu de rôles où Pascale Arbillot inscrira avec conviction la discontinuité du fil conducteur féminin mettant en valeur par contrastes le comportement velléitaire du pôle masculin :

Face à elle, Xavier Gallais va transcender les trois personnages dont il a la charge d’assumer la lâcheté et la mauvaise foi. Véritable leçon incarnée de l’actor’s studio, sa performance le place définitivement au meilleur de sa génération.

Pierre Cassignard, Valérie Karsenti, Bernard Verlès, Eglantine Rembauville, Fabrice de La Villehervé et Dominique Daguier vont chaperonner ce duo récurrent, au gré de rencontres pouvant réunir du "SDF" au "propriétaire" un milieu de "bobos", en des relations transversales scindant une société sous dominante de sex-appeal mais sans repères tangibles.

Psychanalyse grandeur nature du couple moderne en dégénérescence pour ne pas dire en décomposition, l’homme s’y avère aussi aventureux qu’indécis pendant que la femme se préoccupe en priorité de sa capacité d’influence et de séduction.

Très proche de Feydeau dans sa forme théâtrale et ses rebondissements, c’est la fantasmagorie de l’inconscient qui va élaborer les soubresauts de l’attirance sexuelle en une chorégraphie de pantins en recherche candide d’une réflexion fondamentale sur l’amour.

C’est néanmoins le comportement sexuel des oies qui tranchera en faveur d’une fidélité purement instinctive, garantissant ainsi de manière exemplaire ce que devrait être la pérennité de la relation amoureuse projetée en objectif éthique avec à la clé, un happy end à cette série d’adultères à répétition et sans perspective.

L’affectivité triomphant avec raison du sexe azimuté, Woody Allen donnera ainsi ici sa chance ultime... à l’humour.

Photo DR. Emmanuel Robert

- ADULTERES - **** Theothea.com - de Woody Allen - avec Pascale Arbillot, Xavier Gallais, Valérie Karsenti, Eglantine Rembauville, Bernard Yerles... - mise en scène : Benoît Lavigne - Théâtre de l’Atelier



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