« Albertine Sarrazin » en duo Mona Heftre au Poche Montparnasse
par Theothea.com
lundi 23 mars 2015
- ALBERTINE SARRAZIN
- photo DR.
L’Astragale », « La Cavale », « La Traversière », trois romans autobiographiques faisant irruption dans l’espace médiatique du milieu des années soixante, consacrèrent la gloire d’une « délinquante » exemplaire mais en même temps l’hallali d’une destinée s’acharnant à phagocyter son élan vital.
Albertine Sarrazin n’avait, en effet, pas trente ans lorsqu’une anesthésie mal dosée allait mettre fin à tous ses espoirs de reconstruction sociale.
Au gré de tous ses déboires avec la Justice, l’épopée de cette jeune bachelière s’était doublée auparavant d’une formidable histoire d’Amour avec Julien, son alter ego en détentions répétitives, les amenant jusqu’à se marier sous statut carcéral mutualisé.
La France de ces années précédant le bouleversement soixante-huitard était à la fois moraliste et répressive mais aussi paradoxalement « bon enfant » avec ceux qui donnaient des gages de bonne volonté.
C’est sans aucun doute cette aspiration à un idéal élevé qui a retenu le talent attentionné de l’artiste Mona Heftre pour élaborer, à partir du témoignage vécu et écrit par « Albertine disparue » la plupart du temps « prisonnière », ce spectacle qu’elle créa elle-même à Paris en 2009 aux Déchargeurs.
Cette reprise au Théâtre de Poche, six années plus tard, s’affiche tel un hommage réitéré à cette période socio-idéologique où les convictions pouvaient avoir la force d’une détermination transgressive.
Il faut dire que la comédienne, à la fois égérie du Grand Magic Circus, compagne de Jérôme Savary ainsi que mère de ses deux filles Nina et Manon, cette dernière ayant effectué la réalisation du « seule en scène », devrait reconnaître quelques accointances générationnelles d’esprit avec la manière libertaire dont Albertine a conçu et assumé son adolescence et sa vie de jeune femme.
Au Poche Montparnasse, une simple couverture et une paire de chaussures à hauts talons sont appelées en renfort d’une « solidarité » artistique crânement suggérée par-delà le temps passé, lui-même évoqué par des images filmées en noir et blanc, liées à la sincérité des affects.
Par moments de grâce, l’ex-muse de Jérôme gratifie également le public de sa voix a cappella si chaude que celle-ci pourrait nous rappeler « Le tourbillon de la vie » de Jules et Jim dont elle est par ailleurs l’interprète privilégiée de son auteur, Serge Rezvani alias Cyrus Bassiak.
Oui, décidément, en toute complicité, Albertine Sarrazin et Mona Heftre font, actuellement et pour plus de deux mois, un sacré duo vintage au Poche Montparnasse !
photos DR.
ALBERTINE SARRAZIN - **.. Theothea.com - d'après Albertine Sarrazin - par Mona Heftre - Théâtre de Poche Montparnasse