American sniper de Clint Eastwood : Le meilleur film de propagande néoconservatrice US

par Med Ghriss
vendredi 28 août 2015

American Sniper, 34ème long-métrage de Clint Eastwood adaptant à l’écran la biographie de Chris Kyle, célèbre tireur d’élite des Navy Seal envoyé en Irak dans le seul but d’assurer la protection des soldats en première ligne, sert de prétexte au traitement en filigrane d’une toute autre thématique… 

 Le profil du personnage principal du film est amorcé par un flash-back exposant le passé profond de Kyle, expliquant pourquoi il en est venu à ce choix professionnel de tireur d’élite dans l’armée Us, choix dicté par l’appel du sens patriotique, principalement après l’épisode de l’attaque terroriste du World Trade Center du 11 septembre 2001, laisse entendre le film. Les exploits du « sniper » dus à ses tirs d’une précision « chirurgicale » sauvant beaucoup de ses compagnons sur le champ de bataille, lui valent le surnom de « La Légende » et une réputation au-delà des lignes adverses si bien que sa tête est mise à prix, devenant une cible privilégiée des insurgés, selon le film.

Sur un plan psychologique, Kyle est confronté à ses devoirs de responsable d’une famille laissée derrière en Amérique, Eastwood rapprochant à des milliers de kilomètres de distance, par le truchement d’un habile montage alternatif, des scènes de bataille effroyables et des scènes intimes de sa femme angoissée par les échos de guerre lui parvenant via portable. Surmontant les divers types d’obstacles rencontrés, le sniper prend part à quatre batailles décisives que le réalisateur expose à tour de rôle, justifiant ce qui « s’imposa ainsi comme l’incarnation vivante de la devise des SEAL : « Pas de quartier ! ». Et au finish, en retrouvant sa femme Taya Renae et ses enfants, le tireur d’élites réalise qu’il ne pourra plus jamais mener une vie normale, la guerre continuant à hanter sa mémoire …jusqu’à sa mort et l’hommage posthume (extrait d’archives) qui lui est rendu, le film et une bonne partie de l’Amérique le consacrant héros national. 

 Voilà pour ce qui est de la trame globale du film et de prime abord, ce qui saute aux yeux en prenant connaissance de son contenu, c’est le constat de tout esprit honnête de cette grave confusion : les Irakiens présentés comme le méchant loup à abattre par les Marines, défendaient leur pays contre une présence coloniale sur leur sol et les combattants , y compris femmes et enfants, luttant et se sacrifiant pour leur patrie : ils n’avaient rien à voir avec les terroristes d’El Qaida qui ont ciblé le centre commercial à New-York , l’affront que le tireur d’élites et ses compagnons des Navy Seal s’étaient juré de venger… non pas en s’attaquant aux principaux mis en cause mais en envahissant l’Irak du, certes régime dictatorial deSaddam Hussein mais en piétinant assurément le droit international concernant une question qui relevait des réalités spécifiques internes au pays envahi ; de plus que l’on veuille ou non, « la démocratie ne s’importe pas ou ne s’exporte pas : elle résulte d’un processus de maturation locale ! ». Le tour de passe-passe du film pour passer sous silence le fait que les Américains s’en prenaient impitoyablement aux Irakiens, justifiait cette intervention belliciste par le prétexte d’empêcher la menace brandie de l’Irak d’actionner ses armes de destruction massives planant sur l’Occident !Dès lors les soldats d’agresseurs d’un pays jouissant de sa souveraineté sont présentés dans ce film comme de fiers patriotes américains « régleurs de compte » aux terroristes qui ont osé les agresser sur leur sol…alors que le monde entier sait que ce n’étaient pas les hommes ni les alliés de Saddam Hussein qui ont été les auteurs ou commanditaires de l’horrible attentat terroriste du world Trade Center du 11 septembre 2001 ? Par conséquent, les forces qui résistaient en Irak à la pénétration sur leur sol des soldats US, c’étaient des résistants qui défendaient leur patrie et non pas des terroristes ou des sauvages à liquider sans quartier comme le laisse entendre le film et le clame haut son héros et personnage principal Chris Kyle. Quand bien même l’Irak n’était pas démocratique, cette question concerne ses citoyens autochtones sachant très bien que la démocratie ou la justice sociale ne s’importe pas mais s’autodétermine par les élites locales prenant en mains les destinées de leur patrie sans ingérence machiavélique extérieure.

Les résistants irakiens considérés comme des terroristes !

 Pour le réalisateur de « American Sniper », la mise en scène de cette offensive US en terre irakienne, c’est surtout un hommage rendu aux valeureux défenseurs de la patrie américaine contre les terroristes abjects, comme il le souligne dans ses déclarations. Autrement dit, le metteur en scène enfonce le clou en laissant entendre que « le peuple irakien est tout entier perçu comme « terroriste » et jugé coupable d’avoir agressé l’Amérique : ce qu’il expose clairement avec sa séquence montrant l’attaque et l’effondrement des deux tours du centre commercial de New York et le grand émoi des américains et du personnage principal du film qui s’ensuivit, - précédant l’exposition de l’intervention des Marines en terre irakienne. Une façon pour le réalisateur de justifier, en quelque sorte, cette agression de l’Irak en la faisant passer, parconséquent, comme un devoir national s’imposant aux des Marines pour la liquidation sans quartier de ces résistants qualifiés de « sauvages », (propos crus du sniper). Et ce, en tirant à bout portant sur ces derniers, comme dans les bons vieux films westerns de Clint la gâchette ! C’est pour labonne cause estime ce cinéaste champion des films d’action, adaptant le récit autobiographique d’un tireur d’élites qui se vantait sans aucun remord d’avoir liquidé plus de 250 vies humaines, et en prenant des libertés entachant l’authenticité du récit en plus ! Et plutôt que d’envisager une trame plus intelligente – comme le lui ont reproché des critiques américains- Clint Eastwood a préféré travestir les faits de l’Histoire : parce que, tout simplement, trop rompu aux relents machos et arrogants de ses mises en scène à la western, disposant d’un coté les « bons » et de l’autre les « méchants ». Ou bien, parce que présenter les choses de façon beaucoup plus judicieuse suivant une approche subtile abordant leur complexité non manichéenne, cela c’est assurément trop demander comme ouvrage artistique laborieux à un féru du spectacle fusse-t-il au détriment de l’authenticité historique.

Le chauvinisme exacerbé d’Eastwood

 D’aucuns, parmi les critiques américains et français, ont expliqué cette tendance chez Eastwood par son refus d’exposer ce qui semble aller carrément à l’encontre de son idéologie, le bonhomme étant connu pour son conservatisme républicain se gardant d’oser mettre en avant, ce qui contrarie ses options et celles de la politique extérieure de la Maison Blanche concernant cette question. Il n’aurait jamais osé, par exemple, traiter du thème des grandes connivences du terrorisme international avec les narcotrafiquants et les pétrodollars ou aborder le sujet des manipulations sournoises des stratèges du machiavélique amalgame mettant dans le même sac musulmans pacifistes, musulmans patriotes défendant leur patrie et terroristes islamistes qui ne représentent que leurs sectes - partis de fascistes apatrides et sectaires. Là encore Clint Eastwood confond terrorisme et Islam, - ce fâcheux et maladroit amalgame revient plus d’une fois dans le film- si bien que dans l’esprit fiévreux des paranos le un milliard de musulmans à travers le globe seraient tous terroristes, et c’est comme s’ils brulaient d’envie par ces provocations répétées de susciter les prémices d’une troisième guerre mondiale civile !!! 

 En définitive, chacun a le droit d’être d’accord ou pas sur tels et tels points ou trame générale du film mais quand il est question d’Histoire, l’objectivité ne requiert-elle pas d’éviter, - le lecteur n’en disconviendra pas sans doute- l’approche dramatique qui consiste à romancer et à banaliser à outrance les faits authentiques historiques ? Car tendre à exposer ces derniers de la sorte, cela n’évacuerait-il pas toute la quintessence intrinsèque du sujet traité qui se retrouverait, dès lors, totalement altéré par ce qui est restitué sous forme de thriller à caractère pseudo-historique, en fin de compte ?

C’est du moins le sentiment qui se dégage en visionnant ce film dont tout le sens de l’œuvre apparait, objectivement, maladroitement traité avec l’ultime conclusion biographique occultée au finish…par souci de le céder au péché mignon Hollywoodien de l’exaltation exclusive de l’orgueil habituel des personnages d’Eastwood, mettant toujours en avant son traditionnel schéma manichéen du bon et du mauvais, et dans cette optique pas question pour lui de montrer à la fin de son film, par exemple, l’assassinat de Chris Kyle par un de ses compatriotes américains rendu fou par la guerre. Clint s’est contenté d’exposer les hommages des USA au grand héros national sans la moindre allusion au crime perpétré, ça c’estbien sûr réservé pour les autres, les « sauvages criminels » d’ailleurs ! Clint Eastwood et son producteur, ne se départissent pas de leur schéma hollywoodien classique, c’est-à-dire de veiller à l’image de l’exclusif Bon américain répliquant à ses adversaires par ce qui tient lieu du colt du shérif-justicier ( tirs du sniper) sanctionnant « la brute » arabo-musulmane irakienne, syrienne, et par extension palestinienne et autre afghane , iranienne, Hizbollah libanaise, etc., etc., et « le truand », la nébuleuse internationale du terrorisme islamiste, tous mis dans le même sac du grossier amalgame « islam=terrorisme », voulu et savamment entretenu par une certaine propagande américano-sioniste belliciste ( avec entre autres, l’extension du qualificatif de terroristes à tous les combattants patriotes des territoires occupés,assimilés machiavéliquement aux éléments fantoches du groupe palestinien d’ « Ennasra » qui a trahi les siens en prêtant allégeance à « Daech » et qui est farouchement combattu ,depuis, par les Palestiniens).

.

Et ce qui est fort à craindre, vraiment, c’est que pareilles démarches maladroites de ce cinéma falsificateur des faits, soucieux de l’exclusif entretien narcissique de l’image complaisante de soi et des siens,- à l’exclusion du reste du monde considéré comme quantité négligeable et méprisable, - cela ne ferait que contribuer davantage à aggraver ,ainsi, l’accroissement des déceptions chez les déshérités traités de « bougnoules » sans âmes, tout juste bonsà servir de chair à canon, défigurant au passage leurs identités et les humiliant, non sans faire, par ailleurs, le lit des partisans de la violence terroriste par ces témoignages irresponsables de scènes choquantes du leurre : les qualifiants inappropriés de « terroristes » et « sauvages » d’Irakiens défendant leur patrie alors que les criminels « terros » que les Marines étaient supposés traquer étaient ailleurs, bel et bien ailleurs ! Comme l’a donné à voir la suite de l’histoire, sur le plan réel cette fois, étalant devant l’opinion publique mondiale le grand mensonge des armements de destruction massive prétendument détenus par les irakiens , avec en conséquence, des années plus tard, l’émergence de l’entité terroriste préfabriquée de « Daech », résultante logique de l’invasion US en Irak, réduit ,depuis, à l’âge de la pierre…par la plus grande puissance mondiale à l’avant-garde de la civilisation occidentale garante des libertés et droits humains universels ! Nécessité des faucons pour trouver des dérivés pour le complexe militaro-industriel, avancent des observateurs aguerris qui préviennent que ce n’en est pas fini avec le projet stratégique du GMO : le prétexte de défense des vertus démocratiques menacées à travers le globe, justifiant la mise en avant du droit d’ingérence international,est ainsi mis à toutes les sauces pour cette mission impérative de sauvegarde sécuritaire de filons économico-stratégiques ( ce qui a résulté de l’intervention occidentale lors du soi-disant printemps arabe en Lybie, pour ne citer que cet exemple, n’étale-t-il pas au grand jour les dessous sournois de telles manœuvres politiciennes ?)

Le meilleur ambassadeur médiatique de la politique propagandiste US

 Dans cette optique, en l’analysant de très près le dernier film d’Eastwood apparait incontestablement comme le meilleur ambassadeur médiatique de la politique propagandiste extérieure des USA. Cela n’est pas envoyé pour fustiger le réalisateur de ce film qui remporte un grand succès public auprès de beaucoup d’Américains mais qui ont, malheureusement, eu droit à une vision tronquée des faits relatés qui leur ont été présentés, nombre de critiques et cinéastes, d’ailleurs, tel Michael Moore s’étant fait un devoir de dénoncer cet abus falsificateur. Nul doute que Clint Eastwood s’est imposé comme un grand cinéaste et grand acteur auxquels beaucoup vouent une grande admiration et considération depuis leur jeunesse bercée par le visionnage patenté des westerns spaghetti et polars mettant en scène le placide inspecteur Harry, etc. Et somme toute, Clint Eastwood n’est que ce symbole d’une Amérique tiraillée par ses contradictions et violence intrinsèques flétrissant son statut de nation démocratique pluraliste. Sudiste et fruit de cette Amérique agitée, Clint Eastwood, pour le rappeler est lui-même conservateur et « nationaliste chauvin « au point qu’ils ne sont pas des moindres à lui reprocher souvent ses relents « fachos » et « discriminatoires » dans ses divers films. Dans cet ordre d’idées « American sniper » son dernier né exposant la guerre en Irak via les exploits du sniper Chris Kyle et les références à sa famille angoissée aux USA, véhicule tout autant ces patterns flatteurs des uns et méprisants des autres, ne se préoccupant tout au long du récit filmique que des américains et leurs familles sans se soucier un seul instant du sort des autochtones envahis, présentés eux, comme exclusivement la cible « barbare » à abattre : exemple l’affreux boucher à la scie électrique, l’égorgeur d’enfants et même celui qui se range du côté des américains, un père de famille est présenté comme un lâche qui réclame incroyablement une somme de cent mille dollars pour fournir un renseignement aux Marines sur un chef terroriste traqué … alors que c’était Saddam Hussein qui était, alors, dans la ligne de mire des USA et pas l’adjoint de Ben Laden en Irak comme le laisse entendre le film  !!!

 A ces incohérences s’ajoutent cette piteuse image des gens du camp adverse, y compris femmes, enfants et vieillards, présentés tous comme de « sauvages criminels sans un brin de dignité » qu’il faut « abattre comme des chiens », c’est dans les dialogues du film d’Eastwood, on n’invente absolument rien ! Ce bonhomme donne l’impression, à certains égards, de ne pas sortir de sa tradition manichéenne du western spaghetti ou du western ségrégationniste classique exhalant la charge des tuniques bleues fonçant sur les indiens ces taxés d’ex-sauvages, attaqués dans leur fief pourtant !...

 Ce penchant carrément chauvin du film, explique pourquoi il lui a valu des critiques négatives au pont qu’en France ait été présentée l’éventualité de sa déprogrammation, et ce parallèlement aux autres nombreuses critiques favorables des américains habitués d’abord et avant tout à l’exaltation de leur égo, le reste qu’il soit faux ou vrai important, visiblement peu, aux partisans farouches de la fuite en avant et du déni de la réalité. Mais il est vrai qu’il n’est pas donné à tout le monde d’oser se remettre en cause quand il le faut et d’admettre courageusement ses bourdes lorsque les circonstances l’exigent. Et en ce sens un « Apocalypse now » de l’audacieux et talentueux Francis Ford Coppola sauve l’honneur de l’Amérique, tout comme le film « Munich » du grand Steven Spielberg et d’autres honorables auteurs américains qui ne trichent pas avec les faits d’Histoire.

 Si du point de vue technique, le film comporte des séquences bien filmées avec beaucoup de scènes paraissant réalisées avec brio par un as du cinéma de spectacle, au plan thématique, cependant comme mentionné ci-dessus, c’est à l’inverse mal traité avec cette tendance de Clint portée à la dramatisation romantique des faits d’histoire. Raison principale pour laquelle beaucoup d’observateurs internationaux ont jugé belliciste son discours filmique, relevant « aucune place faite aux Irakiens » et par ailleurs « aucun discours critique sur la guerre », certains venant à dire que si l’on vient à comparer ce film avec les meilleurs films de guerre américains sur le thème de la guerre, « American Sniper ne tiendrait pas la comparaison », par rapport, par exemple à« Voyage au bout de l’enfer » de Michael Cimino qui est une critique acerbe de la guerre et de la Guerre du Vietnam en particulier. « Dans le cas d’American Sniper, poursuit l’avis d’un critique, il n’en est rien : pas de discours, pas de volonté d’expliquer, pas ou si peu de recherche psychologique, Clint Eastwood s’est contenté de coller à l’hagiographie qui a servi à pondre le scénario. Et c’est bien dommage… » Un avis enfonce le clou, dans un article au titre significatif « Tuer des bougnoules pour Jésus » signé par Christopher Lynn Hedges journaliste et auteur américain, qui a enseigné aux universités Columbia et Princeton, récipiendaire d’un prix Pulitzer, ex- correspondant de guerre pour le New York Times pendant 15 ans et reconnu pour ses articles d’analyse sociale et politique de la situation américaine, ses écrits paraissant actuellement dans la presse indépendante, dont Harper’s, The New York Review of Books, Mother Jones et The Nation. Editorialiste du lundi pour le site TruthDig.com , il a notamment écrit :

« American Sniper » célèbre le plus répugnant des aspects de la société US – la culture du flingue, l’adoration aveugle de l’armée, la croyance que l’on a un droit inné en tant que nation « chrétienne » à exterminer les « races inférieures » de la Terre, une hypermasculinité grotesque qui bannit toute compassion et pitié, un déni des faits qui dérangent et des vérités historiques, et un dénigrement de la pensée critique et de l’expression artistique », ajoutant plus loin : « Ce sentimentalisme, comme l’écrit Baldwin, masque une insensibilité terrifiante. Il encourage un narcissisme effréné. Les faits et les vérités historiques, quand ils ne collent pas à la vision mythique de la nation et de la tribu, sont rejetés. La dissidence devient trahison. Tous les opposants sont impies et dénaturés. « American Sniper » est l’écho d’une maladie profonde qui infecte notre société. Il brandit cette croyance dangereuse selon laquelle nous pouvons retrouver notre équilibre et notre gloire perdue en adoptant un fascisme américain ». (Source : Chris Hedges, pour TruthDig, février 2015, traduit par Nicolas Casaux).

L’art grandiloquent de la falsification des faits d’Histoire

Et que pense Clint Eastwood de sa réalisation ? Coup d’œil : « Ce projet me tenait particulièrement à cœur car il se situait à mi-chemin entre les exploits de Chris au combat et les aspects personnels de sa vie, qui le rendent encore plus intéressant. Cela montre le poids de la guerre non seulement pour un individu, mais aussi pour toute sa famille. Il est bon de se rappeler ce qui est en jeu lorsque les gens sont envoyés au combat et de reconnaître les sacrifices qu’ils consentent : j’ai donc pensé qu’il était extrêmement important de raconter cette histoire. » (Réf : site Net - Allo Ciné) Autrement dit, Clint Eastwood fait étalage direct de son patriotisme inconditionnel, son nationalisme batailleur étant un trait de caractère incontestable du réalisateur qui a été pour la guerre en Irak et un fervent partisan de Buch- président pour rappel. Ce qui explique que le réalisateur n’accorde aucune place aux Irakiens alors que presque toutes les scènes du film ont pour cadre l’Irak et dans les quelques-unes d’entre elles où des Irakiens sont exposés, ces derniers sont cantonnés dans des rôles de victimes(et lâches encore !) ou représentés comme des bourreaux-terroristes, mais jamais au grand jamais présentés comme des patriotes luttant pour leur patrie : ça c’est un luxe réservé pour les soldats américains venus défendre leur patrie menacée… sur le sol d’une autre patrie qu’ils envahissent !

 Et le comble du comble est atteint, pour reprendre ce qu’a écrit un critique, c’est « quand Clint Eastwood ajoute à l’histoire (un ajout, apparemment, pour faire plus hollywoodien), une espèce de super sniper terroriste syrien habillé en noir, ou une sorte de « batman » en djellaba qui s’accoutre d’un turban noir avant de sortir de son appartement pour tuer à tour de bras des Américains. « Ridicule, risible et très dérangeant ! » C’est ce qu’estime le journaliste Laurent Dauré dans son article « 10 raisons de décerner à la dernière œuvre de Clint Eastwood le Pentagone d’or du meilleur film de propagande néoconservatrice », considérant « American Sniper » comme « l’éloge d’un criminel de guerre sociopathe ».

Et le pire de tout, c’est lorsque « notre bon Clint a loupé de manière très gênante la fin du film en refusant de filmer l’assassinat du héros, Chris Kyle. « Ce déni de réalité tend à mythifier une personnalité plus trouble qu’il n’y paraît. Il aurait pu réussir un film tout à fait intéressant en analysant les destins croisés de ces deux personnes : ce soldat légendaire ayant tué 200 personnes et cet autre soldat revenu fou... ».Mais Clint Eastwood n’en fera rien, car ce marine devenu fou et qui assassinera Chris Kyle, constitue un antihéros gênant que l’Amérique refuse de voir et Eastwood faisant son choix, a préféré occulter cette vérité embarrassante, se contentant d’immortaliser « le destin pseudo-héroïque de cet homme dont le seul fait d’arme est d’avoir tué plus de personnes que les autres » (dixit le réalisateur US Michael Moore). 

Par ailleurs, il convient d’ajouter que ce film consacré à la biographie de Chris Kyle, « oublie » de montrer que ce dernier était un mythomane, comme le rapportent beaucoup de témoignages américains. Il prétendait, entre autres avoir tué beaucoup de gens du Mal et pensait mériter de l’admiration pour avoir commis de tels actes « justiciers » et ne cachait pas sa haine pour les musulmans, cela se comprend aisément contre les terroristes abjects mais Kyle fustigeait tous les musulmans et il s’était fait tatouer de la croix des Templiers, en s’affichant comme « un croisé de Dieu » contre tous les musulmans…(encore le fâcheux et aveugle amalgame !) ignorant, pour le citer au passage, que les Templiers ont dû leur salut, en leur temps grâce aux musulmans ismaéliens qui les ont côtoyés pacifiquement, leur épargnant d’être massacrés en totalité par les croisés du roi Philippe le Bel. Mais ceci c’est une autre histoire…

                         Mohamed Ghriss

                    Auteur- journaliste indépendant,

 (Auteur entre autres de « Du langage ciné-vidéo-informatique » (ENAG- 1999)

 


Lire l'article complet, et les commentaires