« Amoureuse » par Isabelle Janier & « Moi Anna Politkovskaļa » par Katy Grandi
par Theothea.com
mercredi 17 juin 2009
Ayant monté « La seconde surprise de l’Amour » en 98, c’est, avec esprit de suite, qu’elle prolonge sa fascination en rédigeant « Amoureuse ».
En effet, inspiré par l’oeuvre de Marivaux, son texte condense le temps des intrigues, en synthétisant l’ensemble des personnages de manière à ce qu’ils puissent, tous, être interprétés par un duo de comédiens.
Deux séries de lecture publique ont été organisées ce printemps, permettant à la comédienne et Gilles Guelblum, son partenaire, de mettre en perspective ce qui pourrait devenir un nouveau spectacle vivant.
Lors de l’audition récente à la maison des Métallos, le dialogue entre les protagonistes prenait des allures théâtrales alors que, sous la direction d’Eric Frey, Gilles occupait l’espace de jeu, en tournoyant autour d’Isabelle, à l’instar d’une cour amoureuse, en bonne et due forme.
Ainsi, confrontés à l’humour latent d’un décryptage de la carte du tendre se livrant, pieds et poings liés, aux fourches caudines de l’amitié, le comte et sa marquise feignaient le malentendu récurrent afin de perpétuer cet entre-deux délicieux où tous les possibles de l’Amour restent constamment à portée du désir.
Au violoncelle, Marie Tournemoufly aura le dernier mot qui transforme définitivement l’intermède musical, en art de vivre la passion, au présent conjugué.
Photo © Theothea.com
AMOUREUSE - ** Theothea.com - de Isabelle Janier - mise en scène : Eric Frey - avec Isabelle Janier, Gilles Guelblum et Marie Tournemoufly au violoncelle - Maison des Métallos -
D’Avignon 08 en Avignon 09, ayant, entre-temps, fait l’affiche parisienne du théâtre de l’Epée de bois à la Cartoucherie, la comédienne Katy Grandi ramène en juillet, sur le lieu de sa mise en scène initiale au Temple St Martial, le texte de Jean-Jacques Greneau mettant Anna Politkovskaïa au coeur de la liberté d’expression et de la défense des droits de l’homme.
La désormais emblématique journaliste russe, assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou, jour de l’anniversaire du chef de l’Etat Vladimir Poutine, y est montrée, seule dans son appartement, au diapason d’un dialogue tourmentée avec elle-même.
En effet, au retour des geôles policières, l’intellectuelle se pose la problématique de son travail d’investigation, de la prolongation de ses enquêtes, de son devoir éthique confrontés à la peur physique ressentie a posteriori de son incarcération pour raison d’Etat.
A l’instar du syndrome de tentation en revirement au mont des Oliviers, celle-ci se prends à douter en se remémorant les ultimatums et autres menaces d’intimidation émanant du Pouvoir en place.
Les étapes de son chemin de croix ne pourront alors se résoudre temporairement que par le travail d’écriture consistant à rendre compte au monde entier, de son témoignage d’exactions répertoriées.
Selon la démarche du pot de terre contre le pot de fer, c’est à l’honneur de la conscience humaine de savoir s’élever seule, hors du consensus au silence, afin de clamer haut et fort, la nécessité d’une justice universelle équitable.
Au prix de la vie humaine, le bras armé du meurtrier conservera nécessairement la trace indélébile d’un sacrifice qui ne pourra rester vain.
Photo © Emile Zeizig
MOI ANNA POLITKOVSKAÏA - ** Theothea.com - de Jean-Jacques Greneau - mise en scène : Katy Grandi - avec Katy Grandi - Théâtre de l’Epée de Bois - Cartoucherie -