Anne Brochet se substitue à « La fausse suivante » aux Bouffes du Nord
par Theothea.com
vendredi 7 mai 2010
Sous l’aura du patriarche venu rendre « hommage à l’âge » en se substituant lui-même au célèbre acteur allemand « Minetti », derrière lequel Thomas Bernhard interrogeait la vanité des vanités de vouer sa vie à se vouloir comédien, un Wilson aurait désormais tout le loisir d’en cacher un autre ou de le révéler à lui-même.
C’est alors que quadruplant la mise, l’administration du Théâtre offrait à l’héritier, non seulement de prendre immédiatement le relais paternel tout en faisant suite à « Music Hall » que Lambert y avait déjà mis en scène autour de « Fanny Ardant », non sans y avoir précédemment joué « Bérénice » en compagnie de Carole Bouquet.
C‘est pourquoi, Marivaux et son jeu de dupes autour de la transmission de la fortune, se dissimulant aux réelles motivations du grand Amour, allait s’imposer en projet de création du Wilson junior.
En vraie suivante, l’actrice précédemment racinienne pourrait, alors, s’emparer, avec pertinences, de traits masculins qui lui permettraient incognito de singer le chevalier cherchant à confondre, en flagrant délit, l’image idéelle du mariage confrontée à l’appât du gain.
Cependant à quelques temps de la première, Carole Bouquet s’effaçait, à son tour, au profit d’Anne Brochet qui, elle-même d’emblée, se métamorphosait en « garçonne » avec l’aisance insoupçonnée de celle pour qui ce rôle aurait été dévolu d’avance.
Bouclant la boucle de la reconnaissance réflexive au-delà des miroirs sans tain, Eric Guérin et Pierre Laplace pouvaient reprendre la fonction prestigieuse de faire-valoir qu’ils eurent auprès de Fanny Ardant, alors que Lambert imaginait un splendide final de music-hall à ce jeu de chaises musicales où, en prenant la place de l’autre, la vérité du divertissement suppléait, de manière délibérément préférentielle, à la prise de conscience des intérêts sordides menant le monde.
Ainsi, jouant à cache-cache avec les voluptueux voilages de tulle transparent, les sept comédiens pourraient se plaire à batifoler sous le travestissement des corps et le déguisement des âmes, au vu et au su de la Comédie humaine, en plein accomplissement.