Ariane Mnouchkine émeut avec « Les Ephémères » au Théâtre du Soleil

par Theothea.com
mercredi 21 mars 2007

En s’immisçant dans la sphère de l’intimité, Ariane Mnouchkine s’approche d’une intuition universelle où le presque rien occuperait la relativité des vies humaines.

A la suite du "Dernier Caravansérail", une scénographie chorégraphique finalise l’ingénieux système des chariots mobiles en mettant en place une armada de plateaux à roulettes tantôt de forme quadrilatère, tantôt circulaire où vont se succéder des séquences de "vécu hyperréaliste" dans un ballet incessant de derviches tourneurs poussant à la rotation cinéphilique de ces microcosmes au ras du sol.

Proustien à sa manière, un style nouveau émerge donc au coeur d’un cirque romain où les gradins, en se faisant face à face, plongent le sentiment individuel dans la plénitude de la mémoire collective qui associerait, en prise directe, visuel et émotion.

Surplombant l’action, un démiurge (Jean-Jacques Lemêtre) psalmodie ex machina, grâce au rythme de ses multiples instruments de musique, le flux de traumatismes qui ne cesse de scander les battements d’un émoi transgénérationnel envahissant l’assistance....

C’est ainsi qu’en retournant les poches de son credo philosophique, le Théâtre du Soleil se métamorphose en faisant transparaître autant de points de vue subjectifs qui n’auront d’autre destin que de se fédérer en une compréhension mutuelle.

En effet tant de malheurs terrestres se créent dans l’ignorance et ne subsistent que dans l’indifférence pour qu’Ariane ait souhaité les rattacher aux moments de joie, en un seul et même fil sur lequel pourront s’égrener les grains d’un immense chapelet de sept heures à compulser dans la compassion, comme deux précieux albums de photos de famille.

Alors telle une fourmilière qui s’agiterait en amont et en aval de la représentation dans la convivialité des coulisses du temple du Soleil, dès que la danse et le tournoiement peuvent circuler de cour à jardin, le courant passe en focalisant toutes les énergies spirituelles sur la troupe de comédiens habitée par une pantomime lunaire où la gestuelle chaloupée serait au diapason du vide sidéral qui ceint l’entendement humain.

Magnifique vision, magnifique mise en scène, magnifiques disciplines artistiques qui se subliment en des instants de vérité auxquels nul ne peut échapper et qui laissent finalement une impression d’immense nostalgie à combler dans l’interdépendance assumée de toute pensée "magique".

Photo © Michèle Laurent

LES EPHEMERES - **** Theothea.com - d’Ariane Mnouchkine - mise en scène : Ariane Mnouchkine - musique : Jean-Jacques Lemêtre - avec la troupe du Théâtre du Soleil - Théâtre du Soleil (La Cartoucherie)-


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