Au slam citoyens !

par reverine
jeudi 19 juillet 2007

Malgré la désinformation qui se développe au sujet du slam, les membres de la « slam family » ne cessent de se multiplier, rectifiant leur vision de cet art oratoire tout neuf en Europe.

A la radio, dans les journaux et même à la télévison (L’Arène de France, France 2), on ne cesse de débattre du slam. Et il y a de quoi : tandis qu’Universal fait son bout de chemin avec Grand Corps Malade et Abd Al Malik, les "vrais" slameurs s’empressent de rectifier ce mensonge commercial. Mais la notoriété ne joue pas en leur faveur...

Il est certain qu’un slameur seul n’avertira pas la moitié du public d’un concert de Grand Corps Malade, alias GCM ou encore Fabien Marsaud. Cependant, cette célébrité originaire de Saint-Denis n’est en rien complice du mensonge, avouant elle-même que son CD ne contient pas de slam. Il est vrai qu’au-delà de ses ventes, Grand Corps Malade est un slameur hors pair, revenu vainqueur du Slam United III en 2005 (tournoi parisien qui rassemble aujourd’hui des Français, des Belges et des Suisses). Quant à Abd Al Malik, même s’il déclare pratiquer du slam, il préfère conserver son image de rappeur dans laquelle il se reconnaît mieux.

Peut-on donc les accuser de faire véhiculer un mauvais slam ? Mais d’abord, quel est ce slam originel ? Certains s’accordent à dire que c’est un art, d’autres un mouvement, un dérivé du rap ou encore le simple principe du micro ouvert. En réalité, le slam a pour but de rendre la parole et la poésie plus accessibles et diverses.

Les règles du slam sont rares mais toutes justifiées, à l’exception du "texte dit = un verre gratuit" que l’on considère comme un juste retour après le divertissement que Monsieur Toulemonde aura offert. Parfois, on ne se contente pas de divertir : on interpelle, on témoigne, on formule. Tout texte est autorisé (sauf trop diffamatoire), tant que l’on respecte les trois minutes demandées (et non imposées) afin de laisser sa place aux autres. En général, le prix est libre, l’inscription se fait sur place et il n’y a pas de véritable heure d’arrêt. Chaque soirée slam dépend donc plus des slameurs que de l’animateur lui-même. Il existe aussi des tournois qui se font en deux temps, à raison de deux tours par tournoi. Ils peuvent être locaux, nationaux, internationaux ou mondiaux, comme le Grand Tournoi de slam poésie qui a eu lieu récemment à Bobigny (France).

Le slam est encore jeune, il est apparu dans les années 80, à Chicago. Son créateur se nomme Marc Smith, un écrivain, qui appelait cela les "Uptown Poetry Slam" par ironie. Le "slam", c’est la "claque", qui résonna pour la première fois dans un café du nom de "Green Mill". L’Europe ne connaît ces soirées que depuis une dizaine d’années. Le slam est surtout sorti de l’ombre grâce au film du même nom qui reçut la Caméra d’Or à Cannes en 1998. Il a cependant très vite conquis les pays d’Europe comme si d’un coup tout le monde avait voulu le pratiquer.

Aujourd’hui encore, le slam élargit ses actions, ainsi a-t-on vu apparaître cette année le premier slam national de Belgique. Et ce, en dépit des idées fausses qui en limitent le public cible et préfèrent ranger cet art en mouvement dans une catégorie plutôt que d’admettre que le slam est inclassable, sans prix et plus démocratique encore que la société qui nous régit.


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