« Big and small » en tournée Cate Blanchett
par Theothea.com
lundi 2 avril 2012
Véritable leçon de spectacle vivant, à épater le Théâtre de la Ville, alors qu’en présence de Benedict Andrews, metteur en scène de « Big and small », de Luc Bondy qui avait dû renoncer à l’être pour raison de santé, de Frédéric Mitterrand, Ministre de la Culture venant de nommer ce dernier à la tête de l’Odéon, de Bulle Ogier qui créa le personnage de « Lotte Kotte » en France 82, ainsi que, pour cette 2ème représentation, de Barbet Schroeder, Roman Polanski, Emmanuelle Seigner, Dominique Blanc, Marthe Keller, Mélanie Thierry, Danièle Thompson … ce vendredi 30 mars accueillait, donc, Cate Blanchett faisant prestation à Paris, durant une semaine, à l’occasion d’une tournée en coproduction européenne.
C’est l’école anglophone qui fait irruption sous la traduction des sous-titres paradoxalement accrochés aux cintres, obligeant le public à des contorsions oculaires à défaut de comprendre le texte, dans la langue de Martin Crimp.
Une quinzaine d’acteurs en provenance du « Sydney Theatre Company » à l’unisson pour proférer « ex cathedra » la version adaptée de « Grand et petit » signée Botho Strauss 78, à faire tonitruer les voix chuchotées, tellement à la mode, sur les planches parisiennes.
Bref, un métier de saltimbanque assumé jusqu’au bout des cordes vocales avec une meneuse de revue qui, ayant dévoré le diable en concentré d’expressionnisme format « théâtroscope », enchaînerait dix tableaux, à la manière des stations d’un chemin de croix, vers l’apothéose d’une quête de soi-même, démultipliée dans l’énergie gestuelle, sans avoir recours, pour autant, au gros plan cinématographique.
En effet, toute la focalisation du regard est captée par un cadre virtuel tracé dans l’espace d’avant-scène, façon cage de but au football.
La scénographie d’Andrews n’aura plus qu’à situer « plein champ » la cabine téléphonique, emblème symbolique d’une non-communication vintage à l’heure du portable tous azimuts, pour que la désespérance branchée se perçoive, en zoom mental, jusqu’aux ultimes rangées des gradins.
Véritable performance d’actrice grandeur nature décrochant de Sydney à Londres via Vienne & Paris, les fruits d’une renommée Hollywoodienne oscarisée, transformée, ici, en interprétation culte de cette « Lotte », en perdition transcendée dans le charisme hyperbolique.
Comme si la version acidulée d’une Meryl Streep en expectative rayonnante dans « Mamma Mia », se transformait, direct line, sous les yeux ébahis, en un lifting hard de l’errance, style Wenders, que Cate Blanchett sublimerait entre l’infiniment grand du « borderline » et le ridiculement petit de la « contemporanéité ».
Chapeau à l’artiste internationale et mille bravos à une troupe australienne qui pourrait susciter un coup de fouet à la communauté théâtrale hexagonale s’interrogeant sur la pertinence ou non des Molières à la Française… là où il suffirait de croire aux vertus catalytiques de son art pour susciter l’engouement général.
photo (porte vitrée) © Lisa Tomasetti
photo (rappels) © Theothea.com
BIG AND SMALL - **** Theothea.com - de Botho Strauss - mise en scène : Benedict Andrews - avec Cate Blanchett, Lynette Curran, Anita Hegh, Belinda McClory, Josh McConville, Robert Menzies, Katrina Milosevic, Yalin Ozucelik, Richard Piper, Richard Pyros, Sophie Ross, Chris Ryan, Christopher Stollery & Martin Vaughan - Théâtre de la Ville