Bruno Putzulu joue la der de « Caligula » à l’Athénée

par Theothea.com
vendredi 4 février 2011

De Gérard Philipe à Bruno Putzulu, de la création du rôle au Théâtre Hébertot jusqu’à sa reprise à l’Athénée dans la version initiale de la pièce écrite par le jeune Albert Camus, plus de soixante-dix années de maturité artistique permettent de revenir au passage à l’acte fondateur, celui de la transgression du libre arbitre par l’angoisse du vide absolu.

Dans un monde corrompu où chacun est un loup pour l’homme, celui qui ose s’affranchir de toute éthique, de tout état d’âme et simplement de tout respect de soi-même, pourrait devenir le héros du roman de ses pulsions contradictoires jusqu’à pouvoir devenir l’empereur de l’univers.

Aucun crime, aucun meurtre, aucune violence gratuite ne pourraient, alors, suffire à étancher le désir impérieux de « décrocher la lune » jusqu’à obtenir une improbable satisfaction à cette ambition démesurée et incomparable.

A sa décharge, la disparition de Drusilla, sa sœur tant adorée, a projeté l’esprit de Caligula dans un monde hors d’accès à toute consolation et c’est donc en paranoïaque notoire qu’il va exercer son pouvoir impériale au cours du premier siècle après Jésus-Christ.

La réalisation de Stéphane Olivié-Bisson imagine une chambre d’enfants où les cauchemars nocturnes se nourriraient du papier peint et des ombres fantomatiques peuplant l’obscurité afin d’aboutir à l’objectif de destruction programmée par une terreur irrationnelle dont l’adulte ne serait jamais en mesure de se débarrasser du souvenir obsédant.

Ainsi, pour mieux conjurer le désespoir indicible associé à l’épouvante infinie, l’apprenti despote va-t-il organiser autour de sa personne, un cycle sans fin et sans frein où l’abus de pouvoir érigé en système mènera délibérément le tyran au « suicide supérieur » qui, selon Camus, est l’expression directe d’une véritable « tragédie de l’intelligence ».

Ayant décelé chez Bruno Putzulu, ce don du déséquilibre et du funambulisme permettant d’associer lyrisme et réalisme, le metteur en scène s’appuie sur un indéfectible esprit de troupe pour feindre, de manière inéluctable, l’anéantissement symbolique de la pulsion de mort, ainsi théâtralisée.

photo © Letizia Piantoni

CALIGULA - **.. Theothea.com - d' Albert Camus - mise en scène : Stéphane Olivié Bisson - avec Gauthier Baillot, Claire Hélène Cahen, Clément Carabédian, Pascal Castelletta, Patrick d' Assumçao, Jean de Coninck, Maxime Mikolajczak, Cécile Paoli & Bruno Putzulu - Théâtre de l'Athénée


Lire l'article complet, et les commentaires