Camping 2, beauf-movie par excellence
par Lilian Elbé
lundi 3 mai 2010
Hier soir, devant le cinéma, j’avais le choix entre Mammuth et Camping 2. Tenté par le premier, j’ai stupidement opté pour le second, histoire de faire une critique sur un film généraliste. Hop, en caisse je loue un emplacement sur le terrain de la comédie franchouillarde. Arrivé en salle, j’y étais déjà, dans ce camping des flots bleus : salle pleine, moyenne d’âge 55 ans, rires forts et toux grasses. Si certains attrapent des mycoses en tongs dans les douches publiques estivales, moi j’ai contracté une allergie pour ceux qui s’esclaffent pendant de longues secondes sur un gag séculaire. Vous voyez le genre, la grosse femme dont tous les humoristes se foutent parce qu’elle a un temps de retard. Bref, 1h40 au pays des beaufs, devant comme derrière l’écran.
On prend les mêmes et on recommence
En comédie française, un deuxième opus est rarement efficace. A quelques énergiques exceptions près (Les visiteurs 2, La Vérité si je mens 2), la suite d’un film à succès est sa pâle copie, dans un but pécunier, dans laquelle on reprend les éléments à succès pour revendre sa marchandise. Pour Camping, on le sait, la marque de fabrique c’est la Beauf Touch, dans laquelle malheureusement beaucoup de gens se retrouvent.
Camping 1 était l’adaptation de plusieurs sketchs de Franck Dubosc, déjà très caricaturaux mais néanmoins efficaces. Cette année on retrouve la même bande : Les Picq, couple sexagénaire, pantouflard et heureux, les Gatineau, famille de commerçants éponge à toutes les nouvelles tendances consommatrices, et Patrick, le divorcé au chômage, ex-tombeur reconverti has-been dans la rêverie. Le petit nouveau c’est Richard Anconina, en quadragénaire psychorigide coincé, parti en vacances pour subir au mieux son « break » amoureux. Niveau intrigue c’est catastrophique, on devine tout d’avance : les vieux vont une fois de plus se plaindre de leur emplacement fétiche, les Gatineau vont encore subir une crise de couple due à une nouvelle lubie, et Patrick cherchera toujours l’amour. Déjà vu et aucun intérêt ! Sans rien spoiler, vous devinez aisément que le psychorigide, fort de ces nouvelles rencontres estivales, va tout arranger et se rapprocher du bonheur. Et à l’année prochaine les copains ! (non merci, sans moi).
"A tout l’argent qu’on va se faire avec ce film !"
Une belle image d’Epinal de Beauf-land
Ne comptez pas être pris par une intrigue originale, c’est typiquement aristotélicien : exposition - élément déclencheur - crise - dénouement - tout-le-monde-il-est-beau, avec simplement une superposition d’histoires secondaires. Les personnages ont une personnalité d’ado, se font la gueule puis se rabibochent. Clairement, Camping est le film souvenir d’une colonie de vacances pour adultes : on remet sa vie en question pendant deux semaines en faisant de nouvelles rencontres pour finalement rentrer à la maison retrouver bobonne, la télécommande et la routine. Cependant, je concède que la fameuse catharsis puisse fonctionner sur une certaine tranche de spectateurs.
Ambiance super Boum de fin de colo’
Camping 2 a inventé le beauf-movie, le film qui ne tient que par l’accumulation de détails matériels amusants. Les gags oraux sont lourds et léthargiques, à faire se retourner Audiard dans sa tombe. Si vous voulez éviter de vous ennuyer, scrutez les moindres détails, vous pourrez sourire intérieurement : transistor à cassettes, t-shirts imprimés, au second degré jouissif (un maillot David Guetta jaune hideux, un D&G estampillé « discount »...), les mêmes voitures connotées que dans le premier Camping, et une bande son à la sauce Barzotti. Un bravo mérité à l’accessoiriste.
En une phrase, ce Camping 2 qui fleure bon l’huile bronzante a trop pris le soleil, on s’y ennuie avec un lourd sentiment de bâclage, de déjà vu.
3/10