« Cannibales » dialectique & mise en scène de José Pliya

par Theothea.com
mercredi 28 janvier 2015

CANNIBALES
photo 1 © Theothea.com

Alors que le texte de « Cannibales » avait été mis en scène depuis une dizaine d’années par différents réalisateurs à travers le monde, son auteur José Pliya souhaitait désormais y apporter sa propre contribution scénographique car celui-ci voulait y mettre en perspective la dimension métaphysique consubstantielle… jugée plutôt absente des créations précédentes de ses confrères.

Spéculant donc sur l’absence ou le manque d’enfant, quelle qu’en soit la cause indifférenciée, c’est en partant d’une souffrance personnelle vécue au masculin que le dramaturge a projeté, symétriquement sur trois personnages féminins n’en formant qu’un, cet ensemble d’attitudes à la fois contradictoires mais aisément complémentaires.

Ainsi Christine, Martine et Nicole vont-elles durant une heure et demie s’affronter dans le cadre virtuel d’un square public, à coups de répliques dialectiques singeant la disparition, la simulation et la dénégation.

« Désirer », « abandonner » et « refouler » vont se battre en duel comme sur le divan d’une psychanalyse déplaçant le transfert de l’une à l’autre à la manière de chaises musicales tentant d’exclure, à tour de rôle, leur maillon faible.

C’est bel et bien à un jeu de société auquel se livrent les trois comédiennes dont l’enjeu ne serait autre que la survie identitaire personnelle dans l’adaptation au manque cruel, identifié ou non mais assumé jusqu’en ses lourdes menaces dépressives.

Chacune devra se positionner dans sa propre logique intérieure tout en faisant place ou non à celle de ses deux partenaires, en une synergie pouvant éventuellement se conceptualiser dans la triple structure freudienne du « moi », du « surmoi » et de « l’inconscient ».

Intense prestation des trois comédiennes, Lara Suyeux, Claire Nebout & Marja Leena Junker qui semblent se déplacer sur le plateau du Théâtre 71 de Malakoff comme aimantées, dans un dédale de pulsions et de répulsions, à la fois par une inquiétude sourde et en même temps, par une étrange force surnaturelle.

Tout au long des pérégrinations accompagnant cette quête transgressive, un caddie quasiment hors d’usage fera office désuet de landau en transport délirant de toutes les inhibitions faisant frein à l’envie symbolique d’émancipation… mais paradoxalement, si bien partagée.

photo 1 © Theothea.com

photo 2 © Claire Besse

CANNIBALES - ***. Theothea.com - de & mise en scène José Pliya - avec Marja Leena junker, Lara Suyeux & Claire Nebout - Théâtre 71 Malakoff

CANNIBALES
photo 2 © Claire Besse

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