Carole Bouquet, Artaud et ses « Lettres à Genica »

par Theothea.com
vendredi 22 octobre 2010

A trois sur la scène du Théâtre de l’Atelier, Génica, Antonin Artaud et Carole Bouquet sont suspendus aux tourments de la Passion amoureuse qui ne parviendrait plus à retrouver ses marques.

Qu’on l’appelle délire, folie ou pathologie, tous les stigmates de l’incommunicabilité sont convoqués en renfort d’une écriture cherchant, en vain, à comprendre les tenants et aboutissants de l’immense douleur conjuguée, ici, au masculin.

Echangée au siècle dernier durant les années 20, la correspondance épistolaire n’apparaissant que sous des extraits unilatéraux de lettres émises par le poète, suscite l’étrange impression d’appels lancés dans un vide sidéral, telles des bouteilles à la mer dont le destinataire serait improbable.

A l’instar de « L’Arlésienne », Génica s’incarnerait en un personnage inatteignable qui s’éloignerait de son soupirant à la vitesse de la lumière, telle une comète hors du champs d’attraction humaine.

Devant le rideau de fer destiné, par fonction, à isoler la salle de toutes formes d’incendie, alors qu’en proie aux plus complexes des tourments psychosomatiques, s’élèverait la parole souffrante d’Antonin, la voix chaude et puissante de Carole Bouquet prend en charge conjointe, avec une physiologie à toutes épreuves, la dimension affective et artistique de cette quête.

Sortant du monde opaque des coulisses par l’embrasure métallique, la belle et grande dame, tout de noir vêtue s’installe, sous le faisceau de lumière au centre de l’avant-scène, avec en mains généreusement déployées, le grand livre du déchirement amoureux.

Ni procureur, ni arbitre, la comédienne se veut la passeuse d’une passion indicible cherchant davantage à exprimer son élan infini que la frustration.

Cette solidarité en retour du féminin au masculin esquisse le désir, universel et intemporel, d’une fusion assumée jusqu’aux contradictions les plus extrêmes… quoi que par essence, forcèment autodestructrices.

Carole Bouquet, Antonin Artaud, même combat !… Et victoire assurée.

visuel affiche

LETTRES A GENICA - **.. Theothea.com - d’Antonin Artaud - lecture de Carole Bouquet - Théâtre de l’ Atelier

 


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