Caucase : guerre Russie-Géorgie... Rebelote

par Allain Jules
vendredi 13 mars 2009

Le télécrochet de la ringardise européenne, se tiendra à Moscou, en Russie, cet été. La Géorgie, encore meurtrie par sa guerre contre la Russie, ne voulait pas y participer mais, finalement, avait donné son accord. « A nous la place rouge ! » semble crier Patricia Kaas, aka « Mademoiselle chante le blues », qui sera la représentante française à ce vaudeville télévisuelle inaudible et insipide. Elle chantera là-bas où elle est une super-star, "Et s’il fallait le faire" . Ce poker menteur français réusira-t-il a émouvoir les votants ? Parfois, le ridicule des participants se confond avec leurs voix de crapaud ou leur look parfois osé, aux antipodes de la normalité -ce sont des artistes, c’est sûr-, rivalisant de prouesses scéniques.
La guerre du Caucase n’est visiblement pas finie. La Géorgie en veut tellement à la Russie que, pour le concours de l’Eurovision qui se déroulera le 16 mai prochain à Moscou, elle a concocté une chanson anti-Poutine, mitonnée semble-t-il, avec amour et grâce. Selon le règlement, chaque pays doit soumettre son élixir fétiche, sorte de talisman de victoire à venir, pour approbation, 3 mois avant la cérémonie. C’est ainsi que l’air géorgien a été tout bonnement refusée par la Société européenne de diffusion (EBU), organisatrice du spectacle, qui a officiellement informé la société géorgienne de diffusion de l’Eurovision (GPB) que, le lyrisme un peu trop poussé de leur chanson presque paillarde, pour le 54e concours de l’Eurovision, n’était pas en conformité, avec les règlements en vigueur du concours.

La Géorgie avait en principe jusqu’au 16 mars prochain, date limite, pour proposer une autre chanson ou en changer simplement, les paroles jugées caustiques. Cette mise en demeure avait suscité une vive émotion à Tbilissi, capitale de la Georgie, qui a estimé que les russes faisaient la loi. Néanmoins, cette mélodie martiale sous fond de disco d’un vieux tube des années 1970, chantée à Moscou, allait être l’ultime syncrétisme de cette guerre désormais larvée entre les deux pays et frères ennemis. « We don’t want put in » ("Nous ne voulons pas…Poutine", Poutine étant plus ou moins voilé), titre de la chanson choisie, allusion explicite à l’ancien président russe et actuel premier-ministre, ne pouvait passer inaperçue, au-delà du caractère apolitique de l’évènement, et encore.

Après moult tergiversations, les géorgiens ont dit finalement niet. Leur participation d’abord hypothétique, devenait cette fois, un renoncement définitif, par la voix de leurs organisateurs. Mieux vaut pour eux donc, de ne pas aller à Moscou concourir, si leur comptine est invalidée. Ainsi, ce boycott est bien pensé. Considérant qu’on leur coupe de l’herbe sous les pieds. Leur revanche, après la défaite cuisante et la capitulation infligée après la guerre contre la Russie, leur est restée en travers de la gorge. C’est ainsi qu’un passage dans la chanson, fait allusion aussi, au Tsar Pierre le Grand et ses expansions : « Le roi blanc, roi blanc - nous n’avons pas besoin de votre lampe de poche ! ». Une autre manière de revenir au dernier conflit, entre les deux Etats, pour dire au Tsar des temps modernes, Vladimir Poutine, que la Géorgie n’a pas besoin de la grande sœur russe.

Malheureusement, vous allez rater Stéphane et ses trois girls (Stéphane & 3G), le quatuor géorgien de choc, sélectionné lors du concours géorgien. Après avoir conquis le jury et le public national, ils comptaient bien rééditer l’exploit dans toute l’Europe. Eux qui voulaient shoot him (tirer sur lui) en parlant de Poutine, doivent être très déçus de la non-participation de leur pays à cette grande manifestation intercontinentale. Heureusement, vous n’avez pas tout perdu. Appréciez la « jolie » voix du leader du groupe, Stéphane, accompagné de trois "bombes atomiques", notamment sa phase rap qui ferait frémir de joie Eminem, 50 cent et Dr Dre réunis, son look de dandy old school qui rendrait jaloux Prince, mister love symbol, ou encore sa gestuelle à la jacko, alias Michaël Jackson. A-t-on échappé à cette symphonie de couleurs, à cette mélodie chevaleresque, à cette oraison funèbre, que dis-je, funeste ? A vous de juger.

 
Néanmoins, vous ne perdrez rien à ne pas voir sur scène, les géorgiens. Quant à la sublime chanteuse de l’Est, elle chantera cette petite chanson douceureuse et cotonneuse "S’il fallait le faire", tirée de son album Kabaret 2009. Découvrez la vidéo en dessous.
 
 
>>>Allain Jules


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