Ces scientifiques qui jalousent leur succès

par Jean Lannes
lundi 18 octobre 2010

Suite au succès de leur livre « Le visage de Dieu », Igor et Grichka Bogdanov ont révélé au grand jour une bonne équipe de détracteurs. Jalousie ?

C’est Marianne qui, dans son numéro du vendredi 15 octobre, a ressorti d’on ne sait où un rapport du CNRS rédigé à la demande du Directeur du Département SPM du CNRS et du Président de l’université de Bourgogne. Ce rapport, bien entendu anonyme, serait paru en 2003 dans l’unique but de discréditer les deux frères ayant respectivement obtenu leur thèse en 1999 pour Igor et 2002 pour Grichka.

Le rapport conclut que « l’ensemble des articles considéré ici ne répond à aucun critère de clarté, de précision et d’exactitude en vigueur en physique théorique. Ce manuscrit de thèse ne peut pas être qualifié de contribution scientifique ». Et Marianne se mouille jusqu’au coup. L’hebdomadaire, sous couvert de cette preuve douteuse, n’hésite pas à qualifier les deux Bogdanov d’« imposteurs ». Une affaire qui semble donc bien arranger le magasine…

Ce n’est pas tout, de nombreux scientifiques se sont mis récemment à contester l’autorité des anciens présentateurs TV. Alain Riazuelo étant le plus téméraire d’entre eux. Le succès et l’exposition médiatique des Bogdanov feraient-ils pâlir le monde scientifique ? Il faut croire que oui. Depuis le grand succès de leur livre, ouvertement affiché comme un ouvrage de vulgarisation scientifique, ouvert au grand public, les instincts les plus bas se réveillent.


« Il existe une sorte de Stasi scientifique »

Qu’est-il reproché aux deux accusés ? Premièrement, d’être des usurpateurs détenteurs d’un doctorat en bois. Plainte reçue. Sauf que dans un document obtenu par Le Parisien, Daniel Sternheimer, l’ancien directeur de thèse des frères Bogdanov à l’université de Bourgogne, directeur de recherche au CNRS jusqu’en 2003, confirme que « pour leurs thèses, toute la procédure a été conforme à la réglementation en vigueur, appliquée parfois avec sévérité ». Une sévérité d’autant plus accrue qu’à l’époque, « plusieurs enseignants ont fait pression sur (leur) directeur de thèse pour que (leur) inscription ne soit pas renouvelée. Même chose lors de (leur) soutenance à l’Ecole polytechnique » affirment les deux auteurs. Qu’importe. Shahn Majid, de l’université de Cambridge, vient également de reconnaitre la valeur du titre de docteur détenus par les deux ovnis du PAF.

Deuxièmement, notre cher Alain Riazuelo qui, semble-t-il, nourrit une rancœur tenace, à l’égard de ses deux concurrents dans la lumière, depuis un bout de temps, reproche à ces derniers d’avancer leur avis dans leur dernier ouvrage. Quelle infamie ! Il serait donc désormais coutume de s’avancer à une spéculation réfléchie à travers les lignes de son propre livre ? L’idée fait froid dans le dos…

« On cherche à nous flinguer »

L’anecdote peut faire sourire, mais a de quoi consolider le pressenti des deux accusés, dénonçant une « Stasi scientifique » dans le milieu. Même George Smoot, le héros du satellite Planck et astrophysicien à l’origine de l’expression « Le visage de Dieu » (à propos d’une photographie du fond cosmologique de l’univers tel qu’il était 380 000 ans après le Big Bang), s’est ravisé concernant le contenu de l’ouvrage qui le portait en vedette. Le prix Nobel de 2006 n’assume-t-il plus ses propos ? Ce dernier n’a d’ailleurs jamais vraiment avalé la pilule d’indignation qu’il avait soulevée à l’époque de ce célèbre discours.

« On s’inscrit dans ce travail qui consiste à élargir la connaissance scientifique. Il s’agit d’une démocratie non pas du pouvoir mais du savoir et de son partage. C’est un trésor, on s’efforce de la faire partager à tous » avaient déclaré les auteurs à l’Indépendant. Une vision des choses que ne semblent pas partager leurs détracteurs et collègues, visiblement dérangés par le succès du livre en question.
 

Lire l'article complet, et les commentaires