Chère Nationale 6

par Yohan
jeudi 13 août 2009

Axe de circulation majeur avant l’avènement des transports modernes ultra rapides, la RN6 a fait le bonheur de millions de vacanciers des trente glorieuses. Elle était la route fétiche des congés payés des années 36 à 66, bien avant l‘inauguration du premier tronçon de l‘A6.

Quand Trénet écrivait les paroles de « Nationale 7 », c’est - dit-on - à la Nationale 6 qu’il pensait, mais à cause d’un chiffre qui rime mal, c’est la première que les français eurent sur les lèvres à fredonner.
 
La Ville de Vermenton (Yonne), ville étape située à 195 km de Paris, y consacre en ce moment même une exposition qui se tient jusqu’au 16 août prochain.
 
Les nostalgiques de cette époque bénie, les curieux, les vacanciers qui emprunteront dès demain la RN6 pourront y faire une petite halte en toute liberté, entrée gratuite pour une fois.
 
D’ailleurs, avec la crise, la N6 reprend du galon, et, radars aidant, permet à la lenteur de redevenir vertu.
 
Alors, même si les villages qu’elle traverse sont odieusement noircis par le passage des poids lourds, n’invitant guère à faire étape, l’idée d’un petit verre de Chablis accompagné d’une tartine de pain beurré (spécialité locale) devrait achever d’en convaincre certains de garer la Scénic près du vieux Relais de Poste de Vermenton, comme tant d‘autres jadis.
 
Voilà une expo bric à brac où s’entassent objets et souvenirs d’une époque riante qui voyait les Panhard et autres Simca Aronde, Peugeot 404, Renault 4CV, coffres et galeries bourrées jusqu’à la gueule, emprunter ce bitume des vacances avec un seul espoir : que Titine tienne la distance sans faillir et qu‘importent les bouchons.
 
Les vieux bidons d’huile rouillés à la marque Antar molygraphite ou Caltex, dénichés par l’association des Amis de Vermenton, sont là pour témoigner que sans huile, de moteur comme de coude, il était vain d’ambitionner Saint Trop’ avec l’aide du seul Guide Michelin.
 
Cartes postales, photos, vieux journaux, pétrolettes d’époque, anciennes pompes à essence, panneaux routiers des sixties jusqu’aux fameuses poteries d’Accolay dont le site, aujourd’hui abandonné aux ronces, annonçait les contreforts du Morvan, le sud en apéritif…une expo, sincère et touchante, qui nous replonge d’un seul coup d’un seul dans l’ambiance de l’époque, une bouffée de nostalgie où ne manquent plus que l‘odeur du saucisson de Lyon et du gasoil graisseux de la pompe Caltex.
 
Avant de reprendre la route, vous vous laisserez séduire par la carte postale signée Thierry Dubois, un excellent dessinateur, adepte de la ligne claire, qui voue une passion sans borne à la légendaire N6.
 
Aujourd’hui, seuls les plus nostalgiques s’attarderont encore sur les vestiges d’un temps révolu, ici une station service fantôme, là un Relais routier aux volets définitivement clos, le prix à payer pour la compression des temps de transport qui va de pair avec l’éloignement des destinations de villégiature des français.
 
Puisse la crise aider à réhabiliter l’ancienne route des vacances, tout comme à faire redécouvrir une région qui, bien que située à deux heures de la capitale, n’en recèle pas moins de nombreux trésors cachés, que bien d’autres régions côtières ne sauraient offrir à notre soif de découverte…
 

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