Christophe Malavoy joue « Gary/Ajar » au théâtre du Petit Montparnasse

par Theothea.com
mercredi 19 décembre 2007

Dans l’écrin du Petit Montparnasse, Christophe Malavoy a installé un fauteuil de cuir confortable dont l’orientation, face au public, pourra se retourner jusqu’au mur de scène, en fonction de la rétro-projection du plus bel effet d’extraits de lettres ou textes de Romain Gary, par laquelle le spectateur pourra suivre l’écriture en train de se former dans la transparence du volume visuel.

Ainsi, l’acteur se met en scène lui-même dans un dédale de lumières où celui-ci peut apparaître tel son propre démiurge, à l’instar du célèbre écrivain dont la préoccupation était de renaître sans cesse sous de nouvelles destinées.

Sous les multiples facettes d’un prisme composé pour célébrer l’art dans sa diversification, cette mise en espace sophistiquée place le comédien en observateur attentif des métamorphoses qui se jouent entre le personnage incarné et son double.

Ainsi, Romain Gary et son clone Emile Ajar vont-ils se confronter dans une schizophrénie littéraire, dont les perspectives créatrices apparaissent tout à la fois, infinies et redoutables. D’ailleurs elles finiront par avoir raison de l’auteur qui mit un terme vital aux affres de cette course effrénée, à 66 ans.

D’un prix Goncourt à l’autre, de celui de 1956 au second en 1975, des Racines du ciel à La Vie devant soi, de Romain Gary à Emile Ajar, l’homme aura donc appris à se dédoubler, à vivre deux destins concomitants avec, à la clé, ce terrible secret qui le fit jubiler autant que l’angoisser.

Il en viendra d’ailleurs à regretter de n’avoir pas osé mettre un terme à l’imposture, le jour même où lui fut décerné le second prix Goncourt ; ce qui lui aurait ainsi permis de triompher sur toute la distance en faisant un pied de nez historique à tous les jurys littéraires.

Mais puisque ce remords de vanité poussée aux extrêmes a pu, en outre, se cumuler avec d’autres déceptions encore plus insurmontables, telles ses trois compagnes adorées, mais emportées successivement, parmi lesquelles l’actrice Jean Seberg, le désespoir semblait avoir épuisé toute la palette des affects qu’il lui fut possible de sublimer dans la création littéraire.

C’est donc ainsi qu’André Asséo a voulu rendre hommage à son ami en imaginant les dispositions d’esprit avec lequel Romain Gary composa son livre posthume Vie et mort d’Emile Ajar.

Affiche photo © Marianne Rosensthiel

GARY / AJAR - ** Theothea.com - de André Asséo - mise en scène : Christophe Malavoy - avec Christophe Malavoy - Théâtre du Petit Montparnasse -


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