Climax

par Orélien Péréol
mardi 3 août 2021

Climax écriture et mise en scène Ludovic Pitorin avec Aline Barré, Xavier Pierre, Benjamin Scampini, Ludovic Pitorin Compagnie Zygomatic Vu à Avignon à l’Espace Alya

Graphique de la consommation et du CO2

Climax est une variation drolatique sur la plupart des problèmes de climat et de destruction de la planète entreprise par les hommes. Il y a un jeu de mot. En musique et aussi dans les récits, le climax est le moment de paroxysme des tensions, le moment vers lequel converge les forces mises en place au début et qui reçoit, on non, un peu de détente. Le climat de notre Terre en est là : un climax, une lente montée des tensions jusqu’à des points de non-retour, où l’on ne fera pas pire, si l’on arrive à tenir.

Climax est un cabaret, sketches, chansons, gags, se succèdent sur des aspects connus du réchauffement. Une réussite totale : faire rire et amuser sur un sujet aussi grave. Nous sommes embarqués dans une expédition dont on pourrait dire qu’elle est à la recherche du froid, car le froid nous échappe ! Dans les montagnes des Alpes, retentissent de vieilles chansons que ceux nés au siècle dernier ne peuvent pas connaître. Étonnant ! et apparaît un baigneur (tout le monde ne doit pas connaître ce jouet ni ce mot) lumineux, incandescent. Bébé Petit Tom représente les générations futures, qui sont les sujets des différents accords internationaux et qui sont déjà là sans que rien n’ait bien été entrepris. C’est le représentant des derniers hommes, derniers dans le temps, qui vont écouter l’histoire de la Terre et de son humanité. Rapportée à une journée, ladite humanité a tout détruit en un battement de paupière ! Ce récit est rythmé comme une aventure, c’est en une, le progrès gonfle l’orgueil de l’Homme qui éloigne toujours plus la dureté de son existence, jusqu’à la catastrophe finale. Ce récit sans pathos ni culpabilisation, positionne la force, l’étendue et la responsabilité du désastre. Apprendre en divertissant ! Pas mal ! Pas mal ! Réjouissant, même !

Les comédiens explorent la banquise, explorent l’Amazonie. Ils nous emmènent à Bali pour la Cop 34 dans laquelle les responsables politiques du monde ne font que mouliner leurs anciens moulinets. On sait (et on voit sur scène) que les graphiques de la dépense d’énergie fossile et de l’augmentation du CO2 se chevauchent et ne sont pas affectées par ces rencontres internationales et les soi-disant décisions qui s’y prennent.

La compagnie Zygomatic fait témoigner un phytoplancton, ce petit être microscopique qui est la base de toute la chaine alimentaire (et ceux qui sont en haut de cette chaine, qui mangent et que personne ne mange, sont dans une position confortable mais sont aussi les plus dépendants).

Les comédiens n’ont pas de régisseurs, ils font la régie directement de la scène, sans qu’on le voie, c’est une sorte de perfection de l’idée de tout faire soi-même. Climax est un spectacle populaire, qui brasse et mixe nombre de formes spectaculaires. Riche, intelligent, engagé mais, parce qu’il faut dire les mais, pas militant (il s’adresse à tous, pas aux convaincus), pas didactique. Une grande réussite.

Souhaitons le même succès à Climax qu’au premier spectacle de la Compagnie Manger, joué plus de 400 fois en France et en Europe.

COP COP COP

Lire l'article complet, et les commentaires