Comment je me suis disputé (...ma vie de hardeur)
par unknown
mardi 30 mai 2006
La star du porno HPG vient de réaliser son premier film. A mi-chemin entre le flop retentissant et la révélation estampillée « film d’auteur », On ne devrait pas exister est loin de convaincre le spectateur lambda.
Certains films devraient s’arrêter aux quinze premières minutes. Car ces quinze minutes sont les seules dont j’arrive encore à me souvenir après plusieurs jours de stand-by, et que je parviens à résumer à mes amis, curieux de savoir mes impressions sur le premier film d’HPG, le hardeur aux 300 films. Difficile donc de trouver les mots pour décrire cet ovni cinématographique tout droit sorti de l’esprit tordu d’Hervé Pierre Gustave. Car si l’idée du scénario se résume en quelques mots -un acteur de film X, Hervé, décide de tout plaquer pour se tourner vers le cinéma traditionnel- le film lui, devient plus confus et barbouillé au fur et à mesure que l’heure tourne.
Flash-back : il est treize heures, je me rends dans le 8e arrondissement à la projection de On ne devrait pas exister. Dans la salle, je croise la sublime LZA, compagne à la ville comme à l’écran d’HPG, tandis qu’à côté, un certain Benoît Fournier se jette sur les journalistes pour leur donner sa carte de visite, certifiant à celui qui veut bien l’entendre qu’il est bon acteur et qu’il sait très bien parler l’américain. (Je ne prête aucune attention à ce trublion, jusqu’à ce que je m’aperçoive dix minutes après, en pleine projection, que le Benoît du couloir est le Benoît du film...). Je suis donc tranquillement installée dans les grands fauteuils confortables, et tandis que je m’enfonce doucement dans le cuir, le titre apparaît sur l’écran, écrit sur le phallus érigé du bon samaritain du 7e art HPG. J’esquive un sourire puis un rire, en entendant certains dans la salle s’interroger sur l’idée plus que bizarre de l’acteur, de choisir son avant-bras comme support pour le titre.
Les séquences mémorables s’enchaînent, passant d’une scène pittoresque d’un Condoman justicier de l’amour sous latex, à celle des coulisses d’un film porno avec un Hervé en pleine débandade dans une piscine gonflable à trois balles. Jusque-là, j’arrive encore à suivre, et je me dis qu’on tient là un film culte. Sauf que je déchante au bout de ces symboliques quinze minutes. Le ton s’essouffle, et je me retrouve face à un film qui n’a ni queue ni tête, à un verbiage incessant, une torture visuelle et sonore, où s’accumulent cris, plans sans intérêts, dialogues incompréhensibles, et personnages grotesques. Certains quittent la salle, d’autres restent, pour aller jusqu’au bout de ce trip cacophonique.
Et au bout de cette heure et demie de bourrages sensoriels harassants, je ressors de la salle, déconnectée de la réalité avec ce sourire débilitant figé sur les lèvres. Car durant tout le film, j’ai ri. Pourquoi ? Je ne sais pas. J’ai ri nerveusement parce que je ne comprenais plus les dialogues au bout des quinze premières minutes, parce que les scènes se succédaient sans transition, parce que la comédie faisait place au mélodrame de série B, et parce que ce film est tout simplement gâché. Autobiographique ou non, le spectateur ne ressent rien, aucune empathie pour ce personnage border-line, cet acteur porno solitaire, mal aimé, alcoolique, et incompris. Le film tombe lamentablement dans la caricature ennuyeuse, et tout en devient ridicule.
Pour preuve : à la scène où Hervé insulte les comédiens qui se présentent au casting, je préfère celle où il fait un casse délirant à la Cinémathèque française à gros coups de godemichets XXL et autres vibros. A la scène de pétages de plomb existentiels, nu, avec, comme cache-sexe, un rouleau de papier hygiénique, je préfère celle de l’éjaculation en pleine face du réalisateur de film X, qui somme Hervé de se retenir pour mettre en boîte la scène. J’accumule les critiques, sans voir les qualités de ce film, qui peut-être m’échappent. Sûrement même, puisque le film a été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. N’empêche, HPG guindé de sa muse LZA, pin-up tout droit sortie de l’univers pop de David Lachapelle, tatouée jusqu’au bout des seins, forment un duo charismatique et inoubliable à l’écran, à qui il faudrait proposer un film qui a de la gueule et de la présence. Un remake de Bonnie and Clyde avec, pour réalisateur Quentin Tarantino, ou encore un In the mood for love revu et corrigé par Gaspard Noé. En tout cas, qu’on aime ou non, On ne devrait pas exister ne laisse pas indifférent et fait encore jaser ceux qui l’ont vu.
On ne devrait pas exister de et avec HPG
Avec : Elsa Steyaert, Benoît Fournier, Jean-Claude Joerger, Mari-T Picou, Margaret Zenou, Marilou Berry, Rachida Brakni et Bertrand Bonello.
Sorti au cinéma depuis mercredi 24 mai 2006