« Confidences » Marie-Christine Barrault chasse le mensonge conjugal au Rive Gauche

par Theothea.com
lundi 20 novembre 2017

De Marthe à Florence, Marie-Christine Barrault excelle à nouveau, plus de quarante ans après, mais, cette fois-ci, en adoptant une posture diamétralement opposée face à l’adultère revendiqué en 1975 haut et fort, par dénégation du savoir-vivre et des conventions sociales au sein du film « Cousin Cousine » de Jean-Charles Tachella, alors qu’ici, en 2017, au Théâtre Rive Gauche, sa composition d’une mère veillant au grain familial lui donne tout confort moral pour, a contrario, donner l’exemple d’un renoncement de jeunesse au nom de la fidélité et de l’Amour responsable.

 

CONFIDENCES
© Fabienne Rappeneau

  

Les deux époques se présentant totalement à fronts renversés, l’observation de ce positionnement pourrait à lui seul être plus explicite que n’importe quel argumentaire concernant l’évolution actuelle de notre société, toutefois puisqu’il s’agit d’œuvres artistiques, admettons que cette asymétrie opportune n’engage que l’inspiration indépendante et subjective de leurs auteurs respectifs.

Cependant, ce n’est pas le moindre des paradoxes que « Clever Little Lies » (Petits mensonges intelligents), titre original de la pièce de Joe Di Pietro adaptée par Eric-Emmanuel Schmitt pour la mise en scène parisienne de Jean-Luc Moreau, ait triomphé à Broadway de 2013 à 2015 alors que la culture américaine s’oppose à toute forme de menterie mais que force est de constater qu’une suite de vérités falsifiées émaille les relations de Georges et Florence, le père et la mère, ainsi que de Maxime & Amélie, leurs fils et bru.  

Ainsi, selon l’enjeu domestique suscité, existerait-il une place tolérable à l’amour passion ou au coup de foudre en marge du couple ?

Mari et femme seraient-ils en mesure d’assumer un (bref ou non) engouement amoureux en marge des responsabilités familiales et de l’affection explicitement engagée ?

Peuvent-ils ou doivent-ils, le cas échéant, la cacher à la connaissance de l’entourage ? Celui-ci doit-il réagir voire intervenir pour y mettre fin et rétablir le bon ordonnancement ?

 

CONFIDENCES
© Fabienne Rappeneau

  

La problématique conjugale intergénérationnelle est donc bel et bien multiple et les réponses à y apporter peuvent se combiner de mille manières.

C’est donc sur ce terrain des options plus ou moins pragmatiques que l’auteur d’outre-Atlantique et l’adaptateur français emmènent le spectateur se demandant sans cesse comment le dilemme de Maxime et Amélie va-t-il pouvoir se résoudre au mieux des frustrations inévitables de chacun des deux époux ? 

Alain Doutey, avec des airs pouvant rappeler Daniel Gélin, cherche à ménager l’eau et le feu, sans doute par connivence masculine ; Marie-Christine Barrault, droite dans ses bottes, souhaite que l’on arrête de se mentir à soi-même, ce qui de fait entraînerait le désagrément de tous ; Arthur Fenwick est superbe de crédibilité dans son double rôle d’amant et de mari torturé par le devoir familial ; quant à Claudia Dimier, son attention est exclusivement concentrée sur son bébé et elle aimerait bien que tout le monde fasse de même.

 

CONFIDENCES
© Theothea.com

  

Si la ligne directrice de la pièce est éminemment moralisante, il n’empêche que le questionnement soulevé reste entier tout en laissant chacun libre d’adopter ou non le happy-end final permettant de cautériser les souffrances latentes.

De nouveau, Eric-Emmanuel Schmitt a réussi magnifiquement le défi de nous impliquer dans un cas de conscience tangible qu’il serait effectivement préférable d’avoir, au moins provisoirement, solutionné à l’instant des applaudissements très chaleureux… car les quatre acteurs excellents méritent notre sincère enthousiasme sans réserve. 

  

photos 1 & 2 © Fabienne Rappeneau 
photos 3 & 4 © Theothea.com 

  

CONFIDENCES - ***. Theothea.com - de Joe Di Pietro - mise en scène Jean-Luc Moreau - avec Alain Doutey, Marie-Christine Barrault, Arthur Fenwick & Claudia Dimier - Théâtre Rive Gauche 

 

 

CONFIDENCES
© Theothea.com

    


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