Critique ciné : The Dark Knight Rises

par Beatrice Thomas
mercredi 25 juillet 2012

C'est à l'ombre d'une tragédie absurde, qui fait perdre au monde douze passionnés de cinéma (le meilleur genre de personnes qui soit) que sort The Dark Night Rises, le Nirvana des Fanboys, la définition même du film événement. C'est pleine de tristesse et d'incompréhension que je rédige pour vous cette critique de la fin d'une trilogie légendaire, du sacré Graal des super-héros, de l'apothéose des types en collants.

Après AvengersThe Dark Knight Rises est, sans doute, l'un des films les plus attendus de ces dernières années. Les films de super-héros, de plus en plus nombreux, sont devenus, selon certains, un genre à part entière. La trilogie de Christopher Nolan, entamée avec Batman Begins, redéfinit cependant le genre par son traitement intelligent, sombre et mature d'un univers et d'un personnage qui semblaient superficiels, triviaux et immatures au public le plus réticent. Au lieu d'un genre en soi, nous voici donc face à une matière première riche et vaste (les innombrables héros de Marvel et DC entre autres) à adapter à autant de sauces qu'offre de possibilités le cinéma. Avec The Dark Knight, Nolan donne une dimension épique à sa trilogie, offrant ses lettres de noblesse au Comic Book Movie en raflant une belle flopée de nominations aux Oscars et en faisant entrer Heath Ledger dans la légende au passage, grâce à son interprétation de l'un des personnages les plus marquant de l'histoire contemporaine du cinéma. C'est donc sans surprise que l'on attend The Dark Knight Rises au tournant, le volet ultime d'une trilogie édifiante. Laissez-moi vous dire que l'exercice critique n'est, ici, pas simple. Les fans sont pour le moins féroces. Chose bien malheureuse après les événements atroces et incompréhensibles qui entourent sa sortie : certains critiques auraient même reçu des menaces de mort pour avoir osé émettre des avis négatifs sur ce qui, après tout, n'est qu'un film. Alors c'est parti les gars. On souffle, on se détend, je me lance ! (Mais j'ai quelques réserves... Ne me crucifiez pas.)



Le spectacle commence avec une scène d'action époustouflante où l'on rencontre Bane, la nouvelle menace terrifiante à la paix que connaît Gotham depuis 8 ans. Après la mort de Harvey Dent, le Chevalier Blanc qui a su apaiser Gotham, Batman n'est plus qu'un vigilante traqué, une créature dangereuse dont la haine nourrit la solidarité des habitants de Gotham. The Dark Knight Rises est donc construit autour d'un Bruce Wayne brisé, autant physiquement que mentalement, ce qui permet au film de sombrer dans le drame, et à moi de vous dire sans spoiler que, face à cette nouvelle menace, notre chauve-souris devra panser ses plaies et se relever pour faire triompher le bien dans une société au bord de l'effondrement. Si Bane est un méchant d'envergure, dont la puissance égale (ou dépasse ?) celle de notre héro, Il n'est pas aussi marquant que ne l'étaient le Joker ou Double-Face. La faute, probablement, revient à son masque, qui a certes pas mal de style, mais qui cache presque entièrement le visage de l'excellent Tom Hardy et, avec lui, une partie de son très grand talent.

Parmi les autres nouveaux venus, on trouve évidement le personnage complexe de Catwoman, qui est bien servi par la délicieuse Anne Hathaway, mais qui se coltine malheureusement quelques one-liners un peu fatiguants. Si Michelle Pfeiffer ne sera pas de sitôt détrônée de sa gouttière, cette Catwoman-ci (qui ne porte pas ce nom dans le film) nous offre les scènes les plus excitantes d'une oeuvre qui reste à tout moment fermement ancrée dans le drame (et mes confrères de noter qu'elle a de sacrément jolies fesses...). Si vous avez du coeur et des voies lacrymales, Alfred (interprété brillamment par le grand Micheal Cain) vous arrachera peut-être quelques larmes. Après la chute de Batman, Alfred porte en lui ce que le public a de compassion pour le héros injustement haïs, pour l'orphelin blessé, rongé par la haine et la soif de vengeance. Blake, le jeune officier incarné avec toute la classe du monde par Joseph Gordon Levitt, représente, quand à lui, l'espoir ; la foi en un héros juste et bon. Il comprend l'homme et le sauveur, avec ses forces et ses faiblesses. Il est un personnage crucial, drôlement bien écrit et particulièrement attachant.

Malgré ces qualités, le film n'atteint jamais la quasi-perfection de The Dark Knight. Il est moins époustouflant, et a perdu un peu de ce que son prédécesseur avait de force, d'émotion et d'harmonie. Les projets de Bane, quand à eux, sont peu clairs, ou du moins, ses motivations. S'il se décrit comme un "mal nécessaire", l'étincelle instigatrice d'une importante révolution qui détrônera les corrompus et les puissants, son plan comprend aussi la complète destruction de la ville et de tous ses habitants. Ca semble contradictoire. Le scénario est un peu tortueux et le film en souffre légèrement. Cependant, une fois le train lancé à toute vitesse, il nous fait vibrer par des scènes d'actions décoiffantes, des interprétations de haut vol, un visuel à couper le souffle et une réalisation aussi maîtrisée que lors des films précédents. The Dark Knight Rises n'est pas prodigieux comme l'était le volet précédent, mais il conclu une magnifique trilogie qui a rendu un peu de crédibilité à nous autres nerds à travers le monde et changera à jamais notre manière de voir le film de Super-Héros.


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