Cymbeline, Shakespeare et Sobel &co à Bobigny

par Theothea.com
jeudi 25 mars 2010

Accueillis par un tapis d’apparat incarnat posé sur toute la longueur de la salle Oleg Efremov, sur lequel les spectateurs sont, paradoxalement, conviés de ne pas marcher, c’est sur des gradins disposés de part et d’autre que ceux-ci vont assister, durant plus de trois heures, au défilé d’acteurs le parcourant à grandes enjambées d’une extrémité à l’autre, avec force éclats de voix.

Cependant, se repliant en coulisses, dès les premiers instants du spectacle, sous la marche pressante des protagonistes foulant l’absence de décor, la protection « rouge théâtre », à même le sol, va, d’emblée, s’effacer .

Bernard Sobel a, délibérément, opté pour une mise en perspective tennistique où le regard du public va être constamment sollicité, de droite à gauche, à la poursuite d’un réel insaisissable, au-delà de toutes les manipulations que l’homme pourrait lui faire subir.

A la clef, l’amour et la mort sont l’enjeu de trahisons successives imaginées par l’auteur, tel un jeu de piste se heurtant au labyrinthe de tous les ressentiments humains.

En effet, Cymbeline est une des dernières pièces écrites par Shakespeare qui, de manière implicite, l’échafaude comme un aboutissement revisitant la palette des modalités intrinsèques à son œuvre : Hallucination, folie, pouvoir, violence, désir, passion, travestissement...

A mi-chemin de la tragédie et de la comédie, ce poème mystérieux semble parcourir une simili forêt de Brocéliande entre Bretagne sauvage et Rome imaginaire.

La direction d’acteurs exploite, avec un engouement explosif, les ressources de jeunes comédiens, à peine sortis de l’ENSATT, qui vont faire preuve de détermination, d’énergie et d’articulation polyvalente.

Ainsi, le dernier quart d’heure sera celui de tous les feux d’artifice où la diction va s’emballer à la vitesse du son pour laisser transparaître au-delà de la signification du langage, celle de la recomposition de la vie, au moment où l’ensemble des préjugés, sectarismes et autres partis pris vont s’effacer au profit d’une synergie positive permettant à la bonne volonté d’être le garant d’une happy end, inattendue.

photo © David Anémian 

CYMBELINE - ** Theothea.com - de William Shakespeare - mise en scène : Bernard Sobel - avec Giedré Barauskaite, Olivier Bernaux, Clément Carabédian, Sébastien Coulombel, Thomas Fitterer, Damien Houssier, Mélanie Jaunay, Marie-Cécile Ouakil, Aurore Paris, Olivier Pilloni, Yasmina Remil, Colin Rey & Marie Ruchat - MC 93 Bobigny

 


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