De « Amour » à la Palme d’or sous ondée crépusculaire
par Theothea.com
mercredi 24 octobre 2012
« Et si on essayait d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple ! »
- AMOUR
- Palme d’or 2012 Emmanuelle Riva, Michael Haneke & Jean-Louis Trintignant photo DR
En supputant qu’un Festival de Cannes réussi pourrait être de ceux dont le leitmotiv lancinant aurait pris l’ascendant sur son palmarès au point d’en faire sa marque de reconnaissance immédiate, le crû 2012 saurait apposer son sceau avec une classe suprême et définitive, celle, bien entendu, de l’acteur Jean-Louis Trinitignant qui passant, à 46 années d’intervalle, du Palais Croisette au Grand Palais aurait reçu, comme en boomerang jour pour jour, l’hommage rendu d’antan à « Un Homme et une Femme » synthétisé désormais dans celui de « AMOUR », tout en le parachevant de la maxime introductive ci-dessus, extraite de Jacques Prevert.
En effet, partageant avec Emmanuelle Riva une prestation de couple en fin de vie, celle-là tellement superbe, s’appelant opportunément « Anne » à l’instar d’Anouk Aimé dans le film de Claude Lelouch en 1958, et celui-là, aussi fringant que jeune à l’époque du 19ème Festival, offrent en duo à Michel Haneke l’opportunité exaltante d’une 2ème Palme d’Or à Cannes.
Il n’y a pas de mots pour décrire leur relation à l’écran tant le réalisme inéluctable d’une fin de parcours vécu jusqu’au bout à deux saisit les protagonistes au point de les rendre encore plus vrais que leurs personnages.
La prouesse du metteur en scène tient en son immense respect face à la douleur indicible masquée par la force vertigineuse de l’instant présent.
Hors de tout pathos démonstratif, c’est le naufrage de la dégénérescence sénile qui guette ses proies, résistantes chacune à sa façon, à l’emprise du monde social en bonne santé, forcément temporaire.
La prise de conscience est frontale et empêche, toute dérobade à la question implicite de l’euthanasie, qu’elle soit active ou passive.
A chaque année son Festival et sa pléthore de prix appréciés par un jury en délibération orale ; celui présidé par Nanni Moretti n’aura pas dérogé à ce rituel récurrent mais, il était écrit, que rien, ni personne n’aurait pu empêcher « AMOUR » d’obtenir la Palme d’Or du 65ème anniversaire.
Le Film de Michel Haneke est le fruit d’une osmose absolue entre son réalisateur et la plénitude de ses deux interprètes auxquels la présence d’Isabelle Huppert ne fait que catalyser ce chef d’œuvre du cinéma d’aujourd’hui, ainsi consacré par Cannes 2012.
photo DR.
CANNES 2012 SOUS ONDEE CREPUSCULAIRE & en photos sur Theothea.com