De la culture vue comme un écosystème
par F.THIERY
samedi 5 juillet 2014
Comment une métaphore peut expliquer l'importance de la culture, ou comment unscientifque amène de l'eau au moulin des intermittents du spectacle.
Oublions un instant notre rationalité et représentons la culture comme un grand écosystème. Qu'avons-nous en bas de la pyramide ? Les "micro-organismes", planctons et autres, la base : les fêtes d'école, les animations de rues, les cours de musique en classe. Toutes les petites activités quasi invisibles, mais qui sont la base d'entrée dans la culture.
A un niveau au-dessus, nous trouvons des phénomènes à impact plus important, qui attirent un public passé par l'étape précédente : festivals, concerts, théatres, BD, cinémas...
A l'étage supérieur, nous avons les oeuvres qui traversent les époques : livres immortels, sculptures, tableaux, grands films..
Tout en haut, en caricaturant un peu, nous avons les "super-prédateurs" : blockbusters américains, certains sites Internet, les médias de masse... qui à leur "mort" produisent des "déchets" qui reviennent tout en bas de la pyramide : culture populaire, cosplay, musiques...
Nous avons ainsi, très grossièrement, notre écosystème.
Maintenant imaginons de supprimer le dernier étage, ces "prédateurs" tant critiqués. Quel serait le résultat ? Une stagnation. un non-renouvellement. Une culture figée, morte, dont le plus grand nombre ne profite pas. Un risque bien supérieur au bénéfice.
A l'inverse, supprimons la base : les petits concerts, les écoles de musique, les petits festivals. C'est encore pire : la pyramide s'effondre par le bas, le peuple n'est rien d'autre alors qu'une proie pour les "super prédateurs" précédemment mentionnés.
Mais imaginons encore quelque chose de plus pervers : un écosystème simplifié. Herbe-gazelle-lion. Cela fonctionne, non ? L'un mange l'autre, qui mange le premier. Culturellement, cela voudrait un seul style pour chaque niveau. Uniquement du classique. Uniquement de la BD américaine. Uniquement des films français.
Dans l'absolu, cela fonctionne.
Mais, dans un tel écosysème, que se passe-t-il en cas de maladie ? D'accident environnemental ?
Un des étages est entièrement décimé. Et tout s'écroule.
Tout comme la biodiversité est une protection de la vie elle-même, la diversité culturelle est une protection de la culture elle-même. Sans cette ouverture, sans ce mélange des genres, sans cette coexistence de Superman et de Hugo, des blockbusters et des films d'auteurs, du rap et de Mozart, la culture devient monolithique, pyramide reposant sur son sommet, monstrueusement fragile.
Voilà pourquoi il faut perpétuellement ensemencer, renouveler, encourager, toute forme de culture. Comme dans un écosystème, certaines formes disparaissent, d'autres dominent. Mais c'est le prix à payer pour la survie de l'ensemble. De notre ensemble.