Deux gouttes d’histoire

par Bobby
samedi 15 août 2009

Une civilisation

Alors que commençait notre ère, se développait déjà depuis longtemps en Mésopotamie, une civilisation ancienne et fort évoluée. Les traces des philosophes anciens y étaient conservées, les arts y étaient fort appréciés et la polygamie qui y était pratiquée ne reflétait qu’un des aspects d’une coutume qui jusqu’aujourd’hui encore, contribuait à une démographie galopante.

Si bien que devant une telle prolifération, des mouvements de migration se sont amorcés... limités par la géographie et le peu de performance des moyens navals de l’époque d’une part, et la vitesse du cheval et de l’ambulation pédestre de l’autre.

Ces migrations allaient entraîner dans leur sillage tout le bagage culturel de l’époque qui était certes, le plus brillant qui fut dans leur environnement. ..Ce n’étaient pas seulement les Mathématiques où la connaissance des astres, de médecine ou de l’alcool, ("al cohol" signifie la fermentation), de la magnificence des parures ou des styles et motifs de construction, mais tout un art de vivre qui allait déferler lentement sur tous les territoires ainsi touchés.

Un phénomène particulier allait se passer presque en même temps que ces grandes exodes mauresques, la naissance d’un mouvement à caractère religieux, dont l’hégire1 allait marquer historiquement la date le 9 septembre 622 après J.C. Avec la naissance de l’Oumma, constituant ce qui est considéré comme le début officiel de la religion musulmane.

Après le lent envahissement du Makrek (l’ "Orient", la péninsule arabique), puis du Maghreb (l’ "Occident", Algérie Tunisie, Maroc)... La péninsule Ibérique et l’Italie suivirent... jusqu’à la hauteur du milieu de la France où le mouvement fut arrêté en 732 à Poitiers par Charles Martel et ses armées...

C’est à cette époque qu’un mouvement de reconquête, connu sous le nom de "Reconquista", de la croyance à peine plus ancienne de six siècles, le Christianisme, s’initia et repoussa peu à peu à travers toute l’Espagne, jusqu’aux bords de la Méditerranée l’Islam et ses pratiquants.

La dernière ville espagnole à avoir résisté, Grenade, tomba le 2 janvier 1492 sous la pression des "reyes catholicos", les rois catholiques, Ferdinand II d’Aragon et Isabelle de Castille.

Entretemps, 8 siècles d’occupation mauresque avaient engendrés une telle mixité des populations qu’il était totalement impossible d’en déterminer l’origine exacte... et les pratiques religieuses avaient perdu beaucoup de leur intégrité de départ2 si bien qu’il fut impossible de pratiquer l’usage jusque là établi, de couper la tête à celui qui ne correspondait pas à l’idée que le plus fort, à ce moment, se faisait de la justesse de ses croyances. Aussi, pour la première fois dans l’histoire, on dut recourir a d’autres moyens pour imposer le dogme dominant et l’on proposa aux populations de choisir leur religion, celui qui voulait rester en avait le droit ! Il devait alors renoncer à sa croyance précédente, et adopter un nom chrétien ainsi que la religion. Celui qui au contraire désirait garder l’Islam, en avait également le droit, mais devait s’exiler d’Espagne.

Un mouvement d’exode se fit donc, tout aussi lentement, et trouva même un certain étranglement pour traverser dans l’autre sens, le détroit de Gibraltar3, Cette ville porte encore actuellement le nom arabe du sultan qui le premier avait pris pied de l’autre côté de "la mer du milieu des terres"4.

La région qui allait porter plus tard le nom de Rif au Maroc allait hériter d’une grande partie de ces réfugiés qui ont pu en fin là s’établir et allaient conserver encore longtemps le souvenir andalou5.

En Italie également, on vit dans le choc des apports arabes avec les concepts anciens, médiévaux, qui avaient, il faut bien le dire, perdu jusqu’aux textes des philosophes grecs, et l’ère moyenâgeuse qui en était restée, une transformation qui fit l’effet d’une véritable révolution. Le quinzième siècle et son "quattrocento", à l’italienne transforma à ce point les esprits qu’on put, sans se tromper, parler d’une véritable "renaissance"... où l’on retraduisit de l’arabe et de l’hébreu les anciens philosophes, et où tous les arts et les connaissances firent un véritable "bond en avant", dans un mouvement qui allait se propager dans toute l’Europe et engendrer bien plus tard ce que l’on devait appeler l" siècle des lumières, puis notre ère moderne.

Toute civilisation passe par des phases qui suivent une courbe relativement ondulatoire, connaissant une apogée, puis une descente vers un périgée... C’est le cas indubitablement pour notre monde actuel qui, cette fois, toutes civilisations confondues, ne veut plus voir l’ampleur de la pente de sa chute, tant la vision de son effondrement en apocalypse lui fait peur. On peut le comprendre !

Pourtant, tout n’est pas joué ! Et je pense qu’il est encore possible de recréer des conditions ou l’homme puisse encore survivre, en nombre restreint probablement, et en modifiant sensiblement à la fois son rapport avec son environnement et sa façon de consommer.

En effet, s’il ne met pas fin à la dynamique consumériste qui l’a complètement submergé, il n’y aura plus de place que pour 800 million de ses con-frères sur une planète dévastée entre-autres par des guerres, des famines, une banqueroute tant économique qu’intellectuelle qui ne lui auront pas permis de manœuvrer les leviers indispensables à sa simple survie.

Cette apocalypse de bazar, c’est pour demain ! Et à soixante piges, je pense que je risque fort d’en connaître les affres et le chaos. Si je puis encore le présumer, je n’ai cependant pas la force nécessaire à en contrer l’écrasante marche mortifère.

Il semble que :

 
 

1La fuite de Mahomet de La Mecque pour Médine

2Ce qui initia une tendance à retrouver une doctrine plus "pure", et par là, allait mener à des exagérations notoires,(l’intégrisme) et une multitude de crimes odieux commis au nom de "la très sainte inquisition" notamment.

3Gibraltar, anciennement : "djebel el Tarik" (signifie la montagne de Tarik)... Tarifa, ville et port situé à une quarantaine de kilomètre à l’Ouest, étant le nom de même origine, (à la forme féminine), on y trouve d’ailleurs un "Hôtel Tarik" !

4La méditerranée

5Lors de mon dernier passage dans la région, j’ai noté une enseigne "Al Andalus" confirmant le sentiment assez généralisé que j’y ai perçu.


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