« Dheepan » de Jacques Audiard. Un final grotesque
par fatizo
samedi 5 septembre 2015
En préambule de mon billet, j’aimerais dire à ceux qui ont le désir de voir rapidement « Dheepan », que je vais dévoiler ici la fin du film.
L’histoire : « Dheepan’, dernier film réalisé par Jacques Audiard, palme d’or à Cannes en 2015, raconte l’histoire d’un ancien soldat,d’une jeune femme et d’une petite fille, qui se font passer pour une famille afin de nuire la guerre civile au Sri Lanka. Réfugiés en France dans une cité sensible, se connaissant à peine, ils tentent de se construire un foyer.
Commençons par les réussites du film. Il y a tout d’abord la réalisation, mais avec Audiard on sait que sur ce point on est en de bonnes mains. Les acteurs sont tous très bons également, à commencer par notre petite « famille ». On est également impressionné par la performance de Vincent Rottiers dans son rôle de caïd.
Pendant une bonne heure on assiste à la bonne volonté de cette « famille » pour réussir son intégration. Mais tout n’est pas si simple.
La racaille des banlieues est présente en permanence, c’est elle qui fait la loi. Sur ce point, le film est très réussi, il a des allures de reportage. On nous montre aussi les difficultés d’une famille qui n’en est pas une, les complications et les heurs que cela peut engendrer.
Et puis dans sa dernière partie, on ne sait pas trop pourquoi, Audiard nous transforme Dheepan en Rambo. Il débarrasse la banlieue de toute sa vermine. Le film très proche de la réalité jusque là part dans le grand n’importe quoi. Evidemment que l’on souhaite tous voir nos banlieues enfin débarrassées de ceux qui pourrissent l’existence des gens qui aimeraient y vivre paisiblement, mais de là à sombrer dans le navet style Steven Seagal, on pouvait espérer mieux.
Mais il y a encore pire avec la dernière scène qui se révèle être d’un grotesque total. Nous y découvrons Dheepan avec sa petite famille en Angleterre. On le voit heureux dans un joli petit pavillon, un bébé dans les bras. On a vraiment le sentiment que face à la triste réalité des banlieues françaises, Audiard veut nous laisser croire qu’il suffit de franchir la Manche pour découvrir le paradis terrestre.