Diary of the Dead de George Romero : les zombies avaient-ils vraiment besoin d’un journal ?

par JG7
jeudi 10 juillet 2008

G. A. Romero nous propose un cinquième opus de sa série des "zombies" : décevant !

Depuis 1968, le réalisateur américain George A. Romero approfondit dans la majorité de ses œuvres un seul et même sous-genre du film d’épouvante : le film de zombies : La Nuit des morts-vivants (1968), Zombie (1978), Le Jour des morts-vivants (1985), Land of the Dead (2000), et, enfin, Diary of the Dead (2007). Romero semble y raconter la même histoire : les morts-vivants se multiplient et menacent la survie de l’humanité. Ceci dit, les lieux et les milieux sociaux étudiés varient selon le film car la série mêle la critique sociopolitique à l’horreur : le premier opus de la série étudie les rapports « post-ségrégationnistes » entre WASPS et Afro-Américains dans une petite ville de province, le second s’attaque à la société de consommation en faisant surgir les zombies dans un centre commercial, et le troisième opus de la fameuse « trilogie » a pour décor une base militaire où l’armée finit par devenir plus antipathique que les zombies.
Ainsi Romero propose dans ces trois films une réflexion sur le statut de l’humain, Pourquoi, par moments, les zombies nous semblent-ils plus « humains » que certains hommes ? A partir de quand est-on humain ? Qu’est-ce qui définit l’humanité ?
Land of the Dead, en 2000, s’est révélé être une juste continuation de ce questionnement, et même, un film-somme, peut-être le meilleur : il s’agit d’un véritable film d’anticipation où la ségrégation économique s’est substituée à la ségrégation raciale, et où l’armée, mais aussi l’ensemble des civils utilisent les zombies comme des cibles vivantes pour toutes sortes de jeux cruels. Romero y dénonce ainsi une société curieusement proche de la nôtre, ayant tendance à instrumentaliser l’autre pour servir ses intérêts privés.
Hélas, le petit dernier de Romero est loin, très loin, d’être à la hauteur. Evidemment, Romero a voulu à nouveau traiter de notre actualité par le biais de ses zombies habituels. Cette fois-ci, il s’intéresse au monde de la communication et de l’image : la télévision, mais aussi internet, la vidéo-surveillance, le « home-movie » par le biais de petits caméscopes et de téléphones portables. En bref, Romero nous fait son Redacted un peu en retard, questionnant les effets de la multiplication des supports visuels sur la représentation du réel. Voici l’histoire : l’invasion de l’Amérique par les zombies nous est rapportée par le biais d’une petite équipe d’étudiants en cinéma partie tourner un film d’horreur (de zombies, justement). Ceux-ci décident de filmer tout ce qui leur arrive pour « laisser une trace ». Résultat, une question récurrente et simpliste ne cesse de se faire entendre : avons-nous le droit de filmer l’horreur au lieu de la combattre ? Serions-nous tous des voyeurs et des lâches ?
L’aspect simpliste de la moralité n’est pas le plus gênant. Il faut entendre les dialogues et la voix-off sentencieux et emphatiques à souhait : « avant c’était nous contre nous, maintenant c’est nous contre eux ». D’ailleurs, la voix-off exprimant les souvenirs de l’héroïne (le récit est rétrospectif) et reprenant ainsi un procédé classique du film noir, donne une solennité et une gravité qui ne conviennent pas du tout à l’aspect un peu « teen-movie » de ce film d’épouvante. Le pire est peut-être le personnage du professeur de cinéma qui suit la petite équipe. Il n’en rate pas une : alcoolique, vieux beau, il a l’art de sortir des phrases idiotes censées faire de lui un personnage charismatique : « je n’ai pas de chez moi, c’est plutôt un endroit », « je préfère la nuit, la nuit permet de vivre en un autre », et blablabla et blablabla ! Bref, les dialogues de Romero sentent, hélas, l’esbroufe à plein nez.
Enfin, Romero y convoque ses thèmes fétiches (critique de l’armée, cruauté à l’égard des zombies, racisme) au compte-goutte pour ne pas décevoir ses fans, mais ceux-ci sont plus des pièces rapportées, des détails insérés dans le scénario sans véritable cohérence. En bref, Diary of the Dead nous déçoit, et même, nous énerve !

Documents joints à cet article


Lire l'article complet, et les commentaires