« Dix ans après » Chaises musicales conjugales par Nicolas Briançon au Théâtre de Paris

par Theothea.com
vendredi 7 février 2020

Dans le prolongement de " l'heureux élu " où Bruno Solo & Mélanie Page contribuaient à porter la verve "rentre dedans" d'Eric Assous, voici qu'aujourd'hui Nicolas Briançon relaye Jean-Luc Moreau pour inciter le duo de comédiens à mordre là où ça fait mal, c'est-à-dire au coeur de l'orgueil que chacun pourrait projeter ou subir, de façon perverse, dans le cadre d'une relation de couple étendue à un partenaire tiers, en l'occurrence Julien Boisselier.

 

DIX ANS APRES
© Céline Nieszawer

  

Selon le format classique du triangle amoureux ici "inversé", car mû par un mécanisme de rejet peu banal, voici que les deux protagonistes mâles vont être tentés de prendre alternativement leurs distances par rapport au personnage féminin tant convoité qu'il leur serait respectivement nécessaire de mettre sur fonction "pause" leur passion libidinale et affective par crainte de s'y perdre totalement.

Tout se passe comme si ayant rencontré la femme parfaite, ils devaient, tour à tour, s'en détacher en se permutant judicieusement auprès d'elle de façon à assurer d'avance leurs propres retours successifs déjà programmés.

Comme si une certaine forme de lassitude devait se régénérer provisoirement, durant 10 ans par exemple, voici donc que, par opportunisme phalocrate, les deux compères pourraient s'entendre comme larrons en foire mais sans vraiment assumer les motivations de leurs comportements déviants respectifs pour l’un après l’autre conquérir et abandonner l'objet de leur désir le plus cher.

 

DIX ANS APRES
© Céline Nieszawer

  

Face à eux, dans une composition remarquable de femme amoureuse, attentionnée, charmante et sexy, voici Mélanie Page qui, en toute candeur, subit les assauts de tels revirements dans une égalité d'humeur confondante tant elle est convaincue de la sincérité successive du comportement de ses amoureux tellement empressés de se marier avec elle "pour le meilleur comme pour le pire". Il faut dire qu'à ce dernier titre, la belle et douce va être pleinement gâtée en gougaterie !....

Penchant, bien entendu, davantage sur la comédie humoristique que sur le drame, les trois comédiens vont néanmoins faire la part belle au réalisme de situations scabreuses que la permissivité des moeurs contemporaines rend pleinement vraisemblable, tout au moins sur le plan psychologique.

Combien de temps faudra-t-il tirer sur la corde de l'amour passion, pour que celui-ci finisse par montrer des doutes sur la pertinence de relations qui, en définitive, ne font que l'instrumentaliser plutôt que de le vivifier ?

 

DIX ANS APRES
© Bernard Richebé

  

Sous la direction experte de Nicolas Briancon, les deux mâles jouent leur partition en tandem de la volte-face à répétitions se permettant peu à peu les coudées franches tellement leur petite entreprise en déstabilisation semble promise à un avenir radieux alors que la gente féminine synthétisée par Mélanie Page se montre, elle, tellement irréprochable que c'en est quasiment exaspérant pour ses deux partenaires qui devraient néanmoins se méfier de l'eau qui dort avant que celle-ci ne les renvoie mutuellement dos à dos dans les cordes du ring qu'ils s'étaient, pendant des décennies, complu à installer.

Incarnée, illustrée et reflétée brillamment par trois interprètes jusqu'au-boutistes, la lâcheté masculine ne sort pas grandie d'une telle épreuve qu'elle semble s'être infligée à elle-même pour le simple plaisir de faire perdurer ou celui de renouveler un désir de possession pérenne qu'il ne serait effectivement point possible de satisfaire !

  
photo 1 © Bernard Richebé
photos 2 & 3 © Céline Nieszawer
photos 4 & 5 © Theothea.com

DIX ANS APRES - ***. Theothea.com - de David Foenkinos - mise en scène Nicolas Briançon - avec Bruno Solo, Mélanie Page & Julien Boisselier - Théâtre de Paris salle Réjane

 

 

DIX ANS APRES
© Theothea.com

 

  

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