Doris Day - Jolie comme le Jour

par Pale Rider
mercredi 15 mai 2019

« J’aurais voulu ressembler à Doris Day. Elle était toujours si mignonne et sympa dans les films, et il ne lui arrivait jamais rien de désagréable. »

Ainsi s’exprimait une jeune Américaine au début des années 60, juste avant que son rêve ne se brise… à la suite d’un viol suivi d’une grossesse. (1) Avec son visage candide, son sourire éclatant, son air gentil, ses formes parfaites mais légères, Doris Day, alias Mary Ann Von Kappelhoff, pressentait-elle malgré elle qu’elle était belle comme le jour en prenant ce nom comme pseudonyme ? En tous cas, le stratagème marcha à la perfection. D’abord chanteuse, elle deviendra actrice, faute d’avoir pu devenir danseuse à la suite d’une fracture de la même jambe deux fois coup sur coup !

Sa blondeur pure et la fraîcheur de sa physionomie lui donnaient l’air d’une petite sainte. On dira d’elle qu’elle était « la vierge la plus vieille du monde », mais dans la réalité elle rata quatre mariages et finit par s’investir dans l’amour des animaux, comme une star internationale bien de chez nous. « S’il est vrai que les hommes sont des bêtes, disait-elle avec cet humour qui, lui, était bien réel, cela doit prendre en compte le fait que la plupart des femmes aiment les animaux. » Elle ne se trouvait pas attirante, mais James Garner dira d’elle que c’est ce qui la rendait encore plus sexy. Tout est en trompe-l’œil chez cette dame : « Mon image publique est irrévocablement celle de la parfaite vierge américaine, de la brave fille du coin, insouciante et débordante de bonheur. » Et elle ajoutait ce commentaire : « C’est une image, je vous le garantis, nettement plus factice que n’importe lequel des rôles que j’ai joués. Mais voilà, je suis Miss Ceinture-de-chasteté, et c’est comme ça. »

D’elle, le public français ne connaît guère que son rôle de jeune mère craquante et courageuse dans le film d’Hitchcock L’homme qui en savait trop, où elle interprète avec une conviction de scout « Que será será », sans savoir que cette chanson à laquelle elle ne croyait guère deviendra son image de marque sonore.

La dame que je citais au début sera finalement assez semblable à Doris Day, au sens où, comme sa star préférée, elle surmontera les épreuves qu’elle aura dû endurer et sera même peut-être plus heureuse que l’actrice à laquelle elle voulait ressembler.

Doris Day aura eu une belle longévité, elle qui ignora longtemps, semble-t-il, sa date de naissance et qui vient de nous quitter à l’âge officiel de nonante-sept ans, ce 13 mai 2019. Petite nana sympathique et rafraîchissante dans un monde de brutes.

 

1- Lee Ezell, Une vie en pièces, éditions Paroles, 1989, p. 33.


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