E-book readers en France : un échec programmé

par Marcus
lundi 29 septembre 2008

Alors que les e-book readers ou leurs équivalents rencontrent un succès réel à l’étranger, leur marché ne s’est toujours pas développé en France. Mais veut-on vraiment leur succès, pourtant inéluctable ?

Une grande enseigne va proposer des e-book readers à 299 €, et offrir de télécharger une sélection de titres choisis avec une remise de 10 à 15 % par rapport au livre papier. Une mauvaise idée, à mon avis.
D’abord, ce sera un marché captif, car il semble bien que seuls certains livres pourront être téléchargés sur le e-book reader en question, et non pas l’ensemble des livres disponibles sur le net en PDF ou HTML.
D’autre part, à 10 ou 15 % de remise, qui voudra acheter ? Le reader est à 300 €, la remise représente, pour un livre à 20 €, 2 à 3 €. Bref, l’engin ne sera rentable qu’au bout de 100, voire 150 achats (200 pour un livre à 15 € avec 10 % de remise).
Si j’avais l’occasion de monter une plate-forme, je proposerais :
Téléchargement de tous livres disponibles en format compatibles.


Un prix de base de 2 €, qui revient à la plate-forme.
Un prix entre 0,75 et 1 € les 100 000 signes, qui reviendrait entièrement aux auteurs.
Ce qui ferait un livre moyen (300 000 signes, 200 pages, à moins de 5 € HT, un gros livre entre 7 et 8, un très gros livre à 10 €.
Là, ça pourrait devenir intéressant, pour le lecteur, et pour l’auteur, qui ne gagne, avec cette formule, que le même droit d’auteur (à moins qu’il n’ait un droit d’auteur du type "livre de poche" ou "club", moitié moindre), et même pour la plate-forme, qui commencerait à vendre en quantités correctes.
Il serait bon, aussi, que la TVA sur ce type de livre tombe à 5,5 %, comme pour tous les livres.
Mais tout ceci semble très mal engagé. Je crois plutôt que, comme le développement de l’internet, à l’époque du minitel, on ne freine des quatre fers pour retarder l’arrivée inéluctable d’un progrès que j’appelle le E4-book.
Pourquoi E4, parce que le e-book est Electronique, Ecologique, Economique et Equitable.
Mais il faut protéger les bénéfices des distributeurs. Aussi vont-ils tout faire pour empêcher une révolution qu’ils ne savent pas comment accompagner. Gageons donc qu’ils nous jouerons la comédie indignée des "libraires qu’on assassine".
Les grandes enseignes s’en sont-elles préoccupés avant. C’est comme pour les petits disquaires, elle les ont joyeusement tués.
Et maintenant, les téléchargements, paraît-il, tuent les grandes enseignes. Curieux comme la loi de la jungle, si sympa quand elle les favorisait, est maintenant devenue une monstruosité à leurs yeux.
Je crois que le système des e-books, s’il est possible de télécharger (gratuit ou payant) tout livre disponible sur le net, va donner beaucoup plus de liberté aux auteurs, qui n’auront plus à "formater" leurs livres. Ce qui est insupportable aux publieurs
Attendons-nous donc à une lutte farouche contre des e-books universels. Mais c’est une lutte perdue d’avance.
Elle ne fait que retarder l’inéluctable : un meilleur accès au livre et le triomphe de la prescription citoyenne sur la pub.


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