Et si on vivait tous ensemble ? de Stéphane Robelin

par Armelle Barguillet Hauteloire
vendredi 20 janvier 2012

Une distribution étincelante et une histoire sympathique, servies hélas ! par une mise en images banale.

Annie, Jean, Claude, Albert et Jeanne sont liés par une solide amitié depuis plus de 40 ans. Alors quand la mémoire flanche, quand le cœur s’emballe et que le spectre de la maison de retraite pointe son nez, ils se rebellent et décident de vivre ensemble. Le projet semble fou mais même si la promiscuité dérange et réveille de vieux souvenirs, une formidable aventure commence : celle de la communauté... à 75 ans !

Stéphane Robelin a porté ce projet pendant plusieurs années avant de pouvoir le réaliser grâce au coup de pouce de financiers allemands, d'où la présence dans l'opus d'un jeune auxiliaire de vie, un étudiant préparant une thèse d'ethnologie, interprété par Daniel Brühl. Mais comment Jane Fonda, Géraldine Chaplin, Claude Rich, Pierre Richard et Guy Bedos allaient-ils réagir et accepter d'être ainsi confrontés, quel que soit leur statut et leur notoriété, à leur propre rapport avec l'âge ? Eh bien ils ont joué le jeu crânement dans la mesure, soulignait Rich, que le scénario comprenne assez d'humour et de gravité souriante pour que le thème ne soit pas plombé, si bien qu'ils forment à eux cinq le seul intérêt de Et si on vivait tous ensemble ? Car en-dehors de leurs prestations, le film ne recèle aucune qualité particulière et se contente de mettre en valeur ces acteurs épatants et rafraîchissants, mai oui ! - véritables galopins à carte vermeil qui n'en font ni trop, ni pas assez, et nous emportent dans une sympathique histoire qui parvient à nous toucher et à nous faire sourire. Car le pathétique des situations est traité avec suffisamment de légèreté, sans tabous aucuns, pour que cette variation autour de la vieillesse reste une belle leçon de vie. Cette idée de vieux amis réunis dans un pavillon de banlieue pour échapper à la maison de retraite a quelque chose de requinquant et donne au film sa coloration tendre. D'autant que les acteurs entrent parfaitement dans la peau de leurs personnages qui n'est autre que la leur : Jane toujours séductrice et séduisante, Claude malicieux et élégant, Géraldine délicatement présente, bien qu'effacée, Guy dans le rôle du râleur professionnel et militant qu'il a toujours été, enfin Pierre Richard en distrait impénitent qui s'isole dans ses absences qu'accentuent les prémisses de la maladie d'Alzeimer. Mais, hélas ! la mise en images à laquelle a recours le cinéaste, et qui n'est jamais qu'une version pauvre de la mise en scène, enlève à ce film l'impact qu'il aurait pu avoir, et on ne peut que regretter que ce casting éblouissant ne soit pas servi par davantage d'audace et d'originalité cinématographique.

Armelle BARGUILLET


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