Fatalité Moderne
par Mg
samedi 25 octobre 2008
En ces temps sombres d’incertitute et de pessimisme, il n’est nul besoin d’aller bien loin pour voir que l’homme broie du noir ( la femme aussi, soyons généraliste ). Nul part ailleurs que dans les salles de cinéma, évidemment ! Le syndrome du “Post-11 Septembre” est venu renforcer la morosité d’un avenir que l’on conçoit tous comme assez mal barré.. Global warming & cie nous ont sapés le moral, forçant certaines idées de destruction de l’humanité à venir, sans grand espoir d’y couper.. Mais l’espoir peut faire vivre, paraît il !
CHILDREN OF MEN
On remarquera qu’il s’agit pour la plupart d’adaptations d’oeuvres littéraires au succès critique indéniable. On retrouve ici l’excellent Alfonso Curaon, mettant en scène l’histoire de PD James. Dans un futur proche, l’Angleterre s’est repliée sur elle-même, dans un contexte lugubre : plus aucune naissance dans le monde depuis 2009. L’humanité vieillit sans vraiment comprendre ce qu’il se passe, inexorablement conduite vers une fin sans lendemain, dans un contexte de chaos grandissant et de communautarisme grandissant. On frisonne à l’idée, mais si effectivement notre génération était la dernière ?? Les personnages se réfugient dans des clans, qu’ils soient politique, idéologique ou religieux, dans l’attente d’une fin aussi inexorable que lente. L’espoir viendra évidemment d’une femme enceinte, et en celà le film reste assez cadré sur son sujet. On découvre des paysages encore verts et tranquilles, où se terrent les rescapés des affrontements ayant suivis la découverte de leur propre fin. Traumatisé, l’humanité n’a même pas un réel sursaut de survie. L’espoir est faible..
I AM LEGEND
Plus efficace, l’adaptation du livre culte de Richard Matheson mettant en scène Will Smith face à ses démons fait ici figure de réel blockbuster. Tournage dantesque pour coller à la réalité de l’action, budget à la hauteur de l’enjeu.. Si le film ne comporte pas beaucoup de figurants, c’est que le héros est seul au monde. Ou presque. Suite à un virus d’origine inconnu, l’un des rares scientifiques militaires spécialisé (oui, quand même..) a survécu, et tente de survivre plus par motivation personnel que par réel amour pour les ruines qui l’entourent. Persuadé que l’espoir subsiste, il se réveille chaque jour avec l’infime idée de croiser d’autres survivants.. autre que les zombies, transformés par le virus, qui se terrent dans l’obscurité de la cité. Fable assez lisse sur un avenir réduit en cendres, où seuls les batîments sont encore debout, I Am Legend conserve une action relativement réduite au sort de son personnage principal, bien moins fantastique et déprimé que le livre, et qui reste un excellent moment de cinéma autour du seul acteur principal. Evitez donc d’être le dernier survivant de l’espèce humaine.. Et tourner vous vers The World, The Flesh & The Devil pour plus de réponses, cinquante ans avant Robert Neville.
BLINDNESS
Blindness situe son action beaucoup plus près de notre époque, décrivant une brusque épidémie de cécité qui va bouleverser la société. Et oui, il est beaucoup plus difficile de survivre aveugle, surtout si la contamination gagne petit à petit. L’action du film se centre sur le premier groupe de malades, enfermés dans un ancien hôpital, et livrés à eux-mêmes dans l’espoir que la maladie ne se répande pas (on peut retrouver cette idée, toujours inutile au final, dans 28 Jours Plus Tard, Doomsday ou autre..). Très vite, au lieu de vanter la solidarité du groupe, et de travailler en commun à leur salut (et alors que toutes discriminations a disparu, seul restant le groupe des aveugles), ce sont les réflexes de l’Homme Sauvage qui vont ressurgir ; clans, violences, luttes de pouvoirs, pour la nourriture.. Le paysage décrit n’est pas des plus flatteurs ! Evidemment, ici aussi l’espoir existe. Même en filigrane, l’avenir de l’humanité réside dans quelques individus dépourvus d’egos démesurés, et qui vont se souder pour s’en sortir.. Hélas, ça n’a pas l’air d’être le cas de tout le monde. En cas d’extinction de la société, soyez sympas avec votre prochain. Ou piquer lui sa nourriture.
TWELVE MONKEYS
Le remake du court métrage "La Jetée" (photo montage de Chris Marker sorti en 1962) a été confié à Terry Gilliam, l’ex Monty Python qui nous avait déjà servi de belles idées sur l’avenir du monde dans Brazil notamment. De quoi s’en réjouir ! L’Armée des Douze Singes suit le voyage dans le passé d’un des rares survivants (Bruce Willis) d’un futur souterrain et condamné. Cette vision est très sombre, parlant de contamination, de monde souterrain où se terrent les restes d’humanité. Heureusement le voyage dans le temps permet de réparer quelques trucs.. Datant de 1995, le film conserve moins de concessions que ses collègues, et s’appuient beaucoup sur une boucle temporelle implacable, qui oblige le héros à revivre les derniers moments de l’humanité sans vraiment le savoir. De quoi se retourner la cervelle évidemment, en réfléchissant deux secondes aux paradoxes que cela implique.. Quoiqu’il en soit, le héros transporté malgré lui à l’époque pré-Apocalypse reste le dernier espoir de ses contemporains.. Tout en ayant un regard critique sur l’époque contemporaine, quitte à se demander s’il doit sauver l’humanité. Un chef d’oeuvre.
MATRIX
On finit sur un film évènement, pas si attendu que cela mais qui a marqué un tournant autant cinéma que dans les mentalités. Le film néo-punk boosté aux effets spéciaux est de la génération 90’ vieillissante. Pas ses suites hélas, mais le débat s’arrête là concernant les frangins Wachowski. La vision de l’humanité à venir n’est pas des plus glorieuses, élevée dans des bulles de plasma et convertit en énergie pour alimenter les êtres techniques. On ajoute un peu de mysticisme et de réalité virtuelle destinée à garder l’homme calme et docile, et nous voilà dans un avenir définitivement glauque. On passera le côté super héros et le maximum de références utilisées ici, Matrix reste un bijou d’action sur pessimisme ambiant. Bien que l’arrivée d’un hérault sonne le glas d’un avenir tout tracé pour les machines, le long métrage ne fait pas dans la candeur, et ne nous épargne pas les détails d’une humanité réduite en combustible gluant, ses restes errants sous terre dans une lutte sans merci contre des robots sentinelles sans merci. Si au final le tout sonne beaucoup moins réaliste que ses successeurs (serais ce là aussi parce qu’il est antérieur à 2001 ?), c’est pas le bonheur absolu pour Neo et ses amis..
On le voit avec ses cinq exemples, l’homme n’est pas tendre avec lui-même. Si l’idée de mettre en scène l’éventualité d’un futur apocalyptique (et je passe les films d’action type Armaggedon ou The Day After Tomorrow..) est alléchante, on ne s’en réjouit pas énormément. Et les idées sont clairement à la démotivation. Outre le fait de savoir si l’on va survivre, la question demeure toujours "doit-on survivre ?". Question beaucoup trop osée pour Hollywood, qui passe donc à la survie coûte que coûte, sacrifiant peu d’individus pour la survie du groupe. Jack Bauder a de beaux jours devant lui..
Dans le même genre, en mieux ou pas : 28 Jours Plus Tard, La Nuit des Morts Vivants, La Planète des Singes, Soleil Vert, Terminator, Mad Max, ...