Film « Bataille à Seattle »

par Khaldoun
lundi 19 mai 2008


C’est un épisode peu glorieux de l’histoire de la démocratie américaine que traite le film Bataille à Seattle. En 1998, la ville accueille la réunion planétaire de l’OMC. L’occasion est belle pour des militants de tous poils (écologistes, alter-mondialistes, amis des animaux, tiers-mondistes, commerces équitablistes, etc.) d’organiser une gigantesque manifestation dans les rues de Seattle contre l’hypocrisie de l’institution. L’OMC, au fond, ne promeut qu’une chose : l’ultralibéralisme, qui consacre par le texte le pillage des ressources naturelles de la planète et le fossé entre pays riches et pays pauvres.

Très vite, le maire (Ray Liotta, impeccable) est placé devant un dilemme cornélien : casser du manifestant ou pas ? Que feriez-vous à sa place ? Les alter-mondialistes occupent les grandes artères de Seattle et bloquent les bâtiments de l’OMC. Parmi eux, la pyramide classique du militantisme : les cerveaux et les exécutants, les jusqu’au-boutistes et les modérés, les casseurs (minoritaires) et les non-violents, etc. Tous crient, chantent, rient et dénoncent pêle-mêle les abus, les collusions, le lobbysme et les favoritismes en utilisant la dérision et la caricature.

Le maire est déchiré entre ses quelques convictions humanistes (les laisser s’exprimer, surtout ne pas censurer…) et l’impatience de ses pandores, pressés d’en découdre, et ce, d’autant plus que le président Clinton, annoncé, risque d’être coincé par les manifestants.

Ah ! Le pouvoir de censurer… Même aux Etats-Unis, donc, la machine se met en branle. Les télés ne montrent que les casseurs, le message des manifestants se brouille, la flicaille charge et fait… très mal. Et tant pis pour les droits constitutionnels des individus. D’écœurement, une journaliste rejoint les manifestants qui se sont, de dérision, auto-bâillonnés. Superbes images !

Un film instructif et bien joué par des acteurs pleins de conviction (Ray Liotta, Woody Harrelson, Charlize Theron, Michelle Rodriguez, André Benjamin…). Quelques scènes cocasses aussi : à un moment, les délégués africains de l’OMC, l’air grave en costumes cravates, sont réunis à huis clos pour concertation. Soudain, leurs casques cessent de vibrer. Stupeur et incompréhension dans la salle… Un responsable s’en vient alors leur notifier qu’une personnalité de premier plan va intervenir et que les interprètes sont réquisitionnés. Autrement dit, allez vous faire cuire un œuf, les Africains !

Un bémol : la fin du film toute hollywoodienne…

 

 

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