Formidable NCCP : tout le soleil du sud de l’Italie !

par Fergus
mardi 2 mai 2017

En cette période d’élection présidentielle marquée par des affrontements passionnés et propice à des tensions jusqu’au sein des familles ou des cercles d’amis, quoi de mieux qu’une évasion temporaire en musique vers Naples et les contrées ensoleillées du sud de l’Italie ? Rien de tel pour cela que de se laisser emporter par les voix et les instruments de la Nuova Compagnia di Canto Popolare...

Nuova Compagnia di Canto Popolare (Photo CheDonna)

Pas si neuve que cela, cette « compagnie de chant populaire » aux accents napolitains : c’est en effet en 1966 – il y a plus d’un demi-siècle ! – que la Nuova Compagnia di Canto Popolare a été fondée par le compositeur et musicologue Roberto de Simone en s’inscrivant dans le cadre du « folk revival » qui avait gagné peu à peu tous les pays du vieux continent.

L’objectif de la NCCP était double dans un pays où la culture populaire avait toujours été marginalisée, notamment dans les provinces du sud : d’une part, rendre hommage à la musique traditionnelle de Naples et de la Campanie en s’appuyant sur des travaux d’ethnomusicologie et de philologie ; d’autre part, faire vivre et faire connaître le plus largement possible cette culture populaire en l’enrichissant de nouvelles sonorités et d’œuvres originales. Un objectif largement atteint tant dans les concerts que dans une impressionnante discographie initiée dès 1971.

Mis à part dans les derniers albums plus axés sur la création, la plupart des œuvres qui figurent au répertoire de NCCP appartiennent à la tradition du sud de l’Italie et font appel à des instruments tombés en désuétude comme la tammora (sorte de tambourin à cymbales) et le mandoloncelle. Certaines chansons et musiques, très ancrées dans le patrimoine local, remontent au 17e, au 16e, voire au 15e siècle. Sans trahir l’esprit d’origine de ces œuvres, les musiciens de NCCP ont su leur donner, tant sur le plan instrumental que dans l’usage des voix, une coloration à nulle autre pareille qui est un régal pour les oreilles des amateurs et qui a, sans nul doute, contribué au succès de cette formation tant en Italie qu’à l’étranger.

Malgré une temporaire désaffection du public pour la musique traditionnelle dans les années 80, NCCP a su rebondir et reconquérir les amateurs comme l’ont montré les récompenses reçues dans plusieurs festivals ainsi que les accueils chaleureux qui ont été réservés aux musiciens du groupe lors de leurs différentes tournées. En 2016, la Nuova Compagnia di Canto Popolare a dignement fêté ses cinquante ans d’existence. Cinq décennies de musique napolitaine résumées dans un double CD sorti en octobre et intitulé 50 anni in buona compagnia (édité par FoxBand).

Fausta Vetere s’est jointe très vite au groupe d’origine auquel elle a apporté son très grand talent de chanteuse, d’instrumentiste et d’adaptatrice. Elle est aujourd’hui la coresponsable de la NCCP avec Corrado Sfogli, arrivé en 1976. En introduction du double CD Antologia édité en 1998, elle décrivait ainsi l’univers des chansons de la NCCP : « Images de madones, de manteaux d’or, de tambours et de cistres, de paroles murmurées sous la lune et les étoiles ; (ou bien encore) de chants de désespoir sous un soleil ardent ; (images) d’un monde fait des parfums de jardins enchantés dans les mille et une nuits de la musique populaire napolitaine. »

Un regard poétique en réalité très incomplet car le répertoire de la Nuova Compagnia di Canto Popolare n’est pas limité uniquement à ces visions romantiques d’un monde rêvé dans les chansons anciennes. Au-delà des histoires d’amour et de la description d’une société fantasmée, elles décrivent également, parfois avec réalisme et crudité, la condition humaine, les métiers du petit peuple, les joies et les déchirements du mariage, les rapports à la foi, les luttes contre les abus des puissants, sans oublier de dénoncer les guerres et les tragédies qu’elles engendrent. 

Toutes ces chansons, écrites en napolitain, et pour certaines sauvées de l’oubli, sont merveilleusement interprétées par des instrumentistes virtuoses et des chanteurs dont les voix chaudes et tellement expressives nous transportent immédiatement dans le dédale des villes ou la torpeur des villages de cette Campanie si attachante et si riche de superbes mélodies. Un répertoire composé de romances, de complaintes, de villanelles, mais aussi de tarentelles entraînantes, voire endiablées, qui prennent souvent la forme irrésistible d’une tammuriata, d’une napoletana ou d’une montemaranese.

Cap au sud, en chansons...

Pour le plaisir de l’écoute, quelques titres de NCCP :

Alla montemaranese

Palummella

Li Sarracini adorano lu sole

Oi nenna nenna

Li ffigliole

Rancio e mosca

Italiella

Lo guarracino

Sia maledetta l’acqua

Ricciulina

La santa allegreza

Cicerenella

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Paysage de Campanie (Photo Miriadna)

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