France Bleu à l’âme

par C’est Nabum
jeudi 29 janvier 2015

Du mépris élevé en principe de fonctionnement

La proximité à distance …

Dans ma grande naïveté, il y a juste un mois, je portai, plein d'espoir et de confiance, le disque que le groupe LaBouSol venait de sortir, à une radio de service public. J'espérais alors un signe favorable, un message de sympathie et pourquoi pas : cadeau des cadeaux, quelques passages à l'antenne. Il est vrai que le cahier des charges de cette grande maison ronde prévoyait autrefois de servir l'expression locale.

Pour agrémenter cette offrande, j'envoyai par courriel une fable à ma façon afin de présenter le groupe, et un commentaire qui se voulait humoristique et décalé. Je crains que les hommes de radio qui se morfondent en province, avant d'avoir l'honneur de gagner la capitale, n'aient ni le sens de l'humour ni la curiosité qui sied à cette corporation.

Depuis, aucun message, aucun accusé de réception, aucun remerciement. La courtoisie n'est plus ce qu'elle était et l'onde n'est pas passée entre nous. Depuis, je ronge mon frein, pensant à un oubli, un malentendu ( ce qui serait étrange quand on fait métier de la parole) ou à une erreur déplorable. N'étant pas d'humeur à laisser passer un affront sans répliquer, je ne pouvais que déverser mon fiel, faute d'être entendu !

Ainsi donc, des saltimbanques ligériens, des amateurs incertains, de modestes amuseurs locaux n'ont pas l'heur de toucher les responsables de la culture d'une radio si lointaine. La proximité, quelle horreur ! Pour plaire au public il faut du lourd, des gros standards nationaux et internationaux. Prendre le risque de la découverte suppose de la curiosité, la volonté de défricher des territoires nouveaux.

C'est l'audimat qui gouverne le fonctionnement de ces gens, si distants qu'ils n'ont pas le temps d'envoyer ne serait-ce qu'un accusé de réception. Je comprends ce souci de ne prendre aucun risque, de toujours flatter un public qui, par principe, ne veut entendre que ce qu'il connaît. C'est ainsi que les mêmes tubes tournent désespérément sur les moulins de la redondance que sont nos radios.

Je suis sans doute trop méchant. Je dois me résoudre à l'évidence : notre pauvre disque est d'une telle médiocrité qu'il n'a aucune chance de passer sur cette si belle antenne. C'est du moins l'explication que j'aimerais lire par un retour de courrier. La vérité fait du mal mais elle permet toujours de progresser. Hélas, cela demanderait un effort. Écrire quand on fait métier de bagauder : c'est une tâche qui dépasse les compétences de nos amis !

Mais une fois encore, je fais fausse route. Leur mépris, pour ce qui vient du terreau dans lequel ils ne font que passer, est tel, qu'ils n'ont même pas pris la peine d'écouter ce cadeau envoyé en pure perte. La colère me monte aux joues et me chauffe des oreilles qui n'entendront jamais ces petites chansonnettes qui resteront délaissées par cette belle maison.

J'ai du bleu à l'âme et la colère virulente. Ces braves gens ignorent sans doute qu'Orléans était autrefois la ville des guêpins. Les voilà servis, ils vont découvrir le sens de cette expression. Ça pique et ça fait mal. C'est peut être excessif, tout comme a été inacceptable leur comportement. Et puisque les micros ne se tendent pas, que la piétaille locale n'a pas accès à l'antenne, un billet assassin lui fera comprendre que le silence fait parfois du bruit.

Ne me remerciez pas. Ne prenez pas la peine non plus de me renvoyer ce cadeau qui me reste sur l'estomac. Il vous faudrait le retrouver et je doute qu'il soit encore accessible, s'il n'a pas fini dans une corbeille … Nous voilà brouillés ; ce qui, en matière d'onde radio, pose effectivement de graves difficultés techniques. Cette brouille étant pour ma part définitive, je vous octroie mon silence outragé !

Désagréablement vôtre.

 


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