Frédéric Mitterrand reconduit au ministère de la Culture : la soutiendra-t-il un jour ?
par loupette45
mardi 16 novembre 2010
Monsieur Mitterrand, ne laissez pas l’Etat laisser les entreprises seules financer la culture ! Plaidoyer pour une augmentation réelle des budgets alloués à la culture, contrairement à ce qui est souvent dit (ne mentez pas, on a les vrais chiffres !).
Fin septembre, Frédéric Mitterrand, reconduit ce dimanche soir dans ses beaux habits de ministre de la Culture, avait annoncé que le budget de la culture augmenterait de 2,1 % en 2011, soit un bonus de 154 millions d’euros par rapport à 2010, c’est-à-dire un total de 7,5 milliards d’euros. Sauf que ceux qui n’ont pas regardé deux fois leurs tableaux Excel ont oublié de voir une chose... il s’agissait d’une augmentation des crédits dédiés à la culture ET à la communication, et que ces augmentations visaient quasiment exclusivement la communication et malheureusement bien trop peu la culture.
Quelques créations de musées ou d’instituts à financer rajoutent dans un budget opaque quelques rares nouvelles lignes de comptabilité, par-ci, par-là, mais cachent la forêt de la paupérisation de la culture en France.
Il y aura bien, c’est vrai, un nouveau centre national des archives. Cool ! Mais prenez les grands musées nationaux, par exemple, ceux qui vous viennent tout de suite à l’esprit lorsque l’on parle de culture : le Louvre, le Centre Pompidou, le musée d’Orsay... bam ! Moins 5 % sur leurs dotations. La promotion de l’art médiéval, ce sera moins 11 % (la ville de Provins appréciera…). La promotion de l’art contemporain, pour ceux qui trouvaient que l’art médiéval, c’était trop vieux, ce sera moins 17 % ! Et vous, amis intermittents, ce sera moins 8 % (de peur que vous ne preniez de mauvaises habitudes à vous enrichir, par le passé, car c’est connu, la majorité des bénéficiaires du bouclier fiscal sont de votre milieu).
Tout ce qui a permis à Frédéric Mitterrand de dire que son budget augmentait, c’étaient ces nouvelles lignes de crédits pour la communication, comme cet argent qu’on donne à l’audiovisuel extérieur (merci Mme Kouchner pour le lobbying mis en place...) ou pour le développement numérique de l’INA.
Du coup, de plus en plus en plus d’entreprises jouent le rôle que l’Etat devrait assumer, au travers de fondations diverses et variées qui ont de plus en plus de succès. Seul souci : ces fondations ne financent que ce qui est à la mode, pour que leurs entreprises-mères gagnent en prestige, en notoriété et améliorent leur image. Tout le reste, vous qui chantiez lorsque le ministère vous aidait, et bien maintenant, dansez !
Et l’Etat cautionne ! La fondation Bettencourt-Schueller, la fondation LVMH, la fondation Orange, la fondation Gaz de France, celle de Natixis, de HSBC France, et bien d’autres, ont même reçu une médaille ! Roulement de tambours pour la nouvelle médaille de « Grand Mécène » lancée en grande pompe par Christine Albanel… aujourd’hui employée d’une célèbre entreprise médaillée pour ses belles actions de mécénat artistique !
Dans les prochaines promotions, on annonce la Fondation Jean-Luc Lagardère, qu’on connait pour ses soirées culturelles endimanchées qui réunissent people et politiques. On annonce aussi la Fondation Horizon Art Gallery, créée par le financier suisse Eric Cormier, incontournable négociant sur les grands marchés internationaux de matières premières, qui s’affiche avec le roi de Monaco et Alain Delon aux côtés de grands artistes prestigieux, ou encore la fondation BNP Paribas, qui va très bien malgré la crise (l’image d’une banque et de ses dirigeants est en jeu…).
Plus on est de fou à financer la culture, mieux c’est me diriez-vous ? Sauf que moins il y a d’organisme désintéressé à financer nos musées, comme l’Etat, plus ce qui n’intéresse pas la finance d’aujourd’hui sera valorisé. Et c’est cela qui est bien dommage !
Monsieur Mitterrand, rendez-vous compte du nom et du poste que vous avez et occupez. Ils vous appellent à de la grandeur et à de la hauteur de vue sur un monde culturel qui est certes celui du passé, mais qui passionnera toujours les générations à venir.