Gabriel Okoundji : en vers et contre tous...

par Zacharie ACAFOU
lundi 18 janvier 2010

Né au Congo-Brazzaville en 1962, Gabriel Mwénè Okoundji* est actuellement considéré comme une figure marquante de la poésie de langue française d’aujourd’hui. Il n’est pas seulement un poète. C’est la poésie même. Sa nature chaste, élégante et noble qu’il transcrit sans cesse dans ses vers semble tout ignorer des trivialités et des laideurs de la vie. Tel est l’auteur, tels sont ses livres… Jamais écrivain africain n’a mieux mérité d’être regardé comme original et comme le premier de son espèce. Sa dernière parution livresque en est la preuve. « Au matin de la parole », livre d’entretien et de poésie confirme son talent hors pair. Loin des brouhahas médiatiques qui n’ont de cesse (hélas) d’accorder à certains écrivains une supériorité qui force le rire, Gabriel Okoundji confirme lui, son inflexible talent dans ses œuvres en recherchant sans cesse, la beauté jusqu’à son plus absolu paroxysme…

 

Dans « Au matin de la parole », Gabriel Okoundji aborde dans un esprit emprunt de symboles, de proverbes et de tradition africaine en général, les questions qui touchent à la vie, à l’homme et à l’univers. « En écrivant ces lignes, je découvre que suis profondément incompétent, autant qu’on peut l’être, sur les questions qui touchent à la vie et à l’âme du monde. Je sais que je ne sais pas, que je ne sais rien, que j’ignore tout de cette vie que pourtant j’honore » concède-t-il en début d’ouvrage.


Réunissant trois entretiens accordés à des périodes d’un intervalle situé entre 2004 et 2008 et publiées sur le site du magazine Africultures, « Au matin de la parole » est une véritable tribune à réflexions où l’écrivain traduit avec une aisance sans pareille, « les mots de son univers de vie » et de sa création poétique. Un cheminement, une quête perpétuelle du Beau, de l’Inconnu et un apprentissage qu’il doit à deux personnes majeures : sa tante mère Bernadette Ampili qui « savait dire dans ses pleurs et dans ses contes, l’essentiel de la parole cachée dans l’énigme existentielle » et son proche conseiller Papa Pampou qui a su « éclairer son chemin jusqu’alors sous l’emprise inflexible de l’énigme de l’errance. ».


Gabriel Mwénè OKOUNDJI ou la poésie de l’initiation 


Dans le cheminement littéraire de Gabriel, il est question d’une poésie d’initiation héritée de sa lointaine terre natale et, qui consiste à observer une parole dans ce qu’elle a de plus profonde. L’inspiration qui prélude à l’écriture de ses poèmes émane de sa terre natale, celle du peuple Tégué, qui lui a enseigné les hommes, la nature et l’existence. Après son « initiation » par ce peuple Tégué, il a reçu le titre honorifique de « Mwénè », qui le rend porteur de mémoire et détenteur d’une parole et d’un savoir. Un « Mwénè » qui, prodige plus rare, sait utiliser les mots de la langue française à des fins de magie. Il est aujourd’hui difficile de trouver un écrivain dont le vocabulaire soit plus étendu, plus constamment heureux dans la trouvaille et plus surprenant dans l’invention. Qu’un tel homme écrive, vraiment la joie de vivre sur terre ne peut qu’être augmentée…

 


BIBLIOGRAPHIE

Au matin de la parole (Fédérop)

Prière aux ancêtres (Fédérop), Prix PoésYvelines 2008


Souffle de l’horizon Tégué (Poème audio), Prix « Coup d Cœur 2008 » de l’Académie Charles Cros


Vent fou me frappe (fédérop)


L’âme blessée d’un éléphant noir (Willial Blake and Co)


*Gabriel Okoundji est parallèlement à sa quête poétique, psychologue clinicien titulaire dans un hôpital à Bordeaux et chargé d’enseignements à l’université.


Zacharie Acafou. 


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