Galahad, du néo-prog britannique qui met en trance

par Bernard Dugué
jeudi 22 novembre 2012

Si le progressif n’a pas très bonne presse, alors le néo-pro pâtit lui aussi de cette désaffection et ne bénéficie pas de la notoriété qu’eurent en leur temps les Genesis et autres Crimson, groupes devenus emblématiques et dont la cote ne faiblit pas en raison des nombreux fans se rappelant aux bons souvenirs des seventies en écoutant les perles de l’époque. Le néo-prog est plus une affaire de convaincus, d’indéboulonnables amateurs de cette musique sophistiquée qui a perduré avec quelques formations dans les années 1980. Comme dans tout mouvement qui se veut original, il faut une démarcation avec les ancêtres, au moins dans le style si ce n’est dans les intentions. D’aucuns ont pu reprocher au néo-prog d’être une copie des anciennes pointures. Ce n’est pas faux si l’on écoute les tout premiers albums de Marillion ou IQ. Par contre, quelques formations comme Pendragon ou Pallas ont su inventer un style propre, plus moderniste. Le néo-prog s’est alors voulu moins somptueux et généreux dans la sophistication symphonique, privilégiant une approche plus musclée, affirmative, avec l’abandon des anciens claviers, moogs et autres mellotrons au profit d’appareils au son plus électronique voire techno, se voulant au final en phase avec l’avènement des disques numériques.

 

Galahad est une formation britannique s’inscrivant parfaitement dans cette mouvance néo-prog. Cette année 2012, un huitième CD est sorti, plus de 20 ans après le premier album. Signe d’une longue carrière qui a débuté en 1985 et s’est voulue progressivement indépendante des références classiques, autant celle du prog que du néo-prog. Le résultat est incontestablement réussi, avec un style reconnaissable, rappelant les deux ou trois excellents albums publiés dans les années 2000 par ce groupe qui séduira les amateurs de découverte musicale. Beyond the realm of Euphoria propose huit compositions au format généreux, entre 6 et 10 minutes, durées compatibles avec le souci d’offrir une musique non linéaire où se succèdent des fantaisies instrumentales, notamment exécutées au clavier, avec des breaks, une rythmique soutenue et des parties vocales agréables à écouter. Le premier morceau nous place dans l’ambiance, avec des parties de clavier enveloppantes dont le style est résolument affirmé, oscillant entre post krautrock des années 80 et techno trance des années 1990 (par exemple Astralasia pour ceux qui connaissent). C’est flagrant lorsqu’on écoute le premier morceau. Je conseillerai donc cet album de Galahad à ceux qui peuvent être lassé du style seventies, qu’on retrouve du reste chez pas mal de formations italiennes du moment, usant sans modération des claviers vintage. On est bien dans le rock du 21ème siècle.

 

Dans son dernier CD, Galahad prend quelques distances avec son symphonisme d’il y a dix ans pour adopter un style plus rythmé et « trancé », avec une combinaison de trois atmosphères. Des passages fleurtant avec le heavy rock rappelant Dream Theater, très envolés, avec une basse lancinante et des claviers hypnotisant aux sonorités techno (à entendre notamment sur les morceaux deux et trois). Des passages mélodiques, avec parfois des tonalités virant au romantisme et même à l’intimisme. Enfin des séquences plus progressives, finement découpées par les claviers, secondés par une guitare dans un rôle rythmique et cette basse qui balance en donnant l’impression d’inciter à swinguer. Bref, des passages originaux, découpés comme des arabesques se perdant dans une forêt sonore et dont on découvre à chaque écoute les subtilités. A conseiller aux amateurs de Dream Theater lassés par les démonstrations techniques et cherchant des styles plus exotiques. C’est donc du rock progressif british, qu’on peut aussi comparer avec Arena et à écouter avec un volume sonore conséquent, à ajuster selon l’oreille et surtout les voisins. 

Euphoria, un album racé, terriblement généreux et optimiste, avec, il faut le noter, une présentation en digipack accompagnée d’une illustration digne du genre et qui colle bien au contenu musical avec des compositions qui, faut-il le préciser, ne sont pas le fait d’une ou deux fortes personnalités mais le fruit d’un travail collectif de cette formation dont trois membres ont été conservés depuis les débuts. Les textes sont néanmoins signés par le chanteur et parolier Stuart Nicholson.

 

Musiciens


- Stuart Nicholson / vocals

- Roy Keyworth / guitars

- Spencer Luckman / drums

- Neil Pepper / bass

- Dean Baker / keyboards

 

Tracks


1. Salvation I – Overture

2. Salvation II - Judgement Day

3. Guardian Angel

4. Secret Kingdoms.

5. And Secret Worlds

6. Waves

7. Guardian Angel – Reprise

8. Richelieu's Prayer 2012

 


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