Glass Hammer réédite son chef-d’œuvre du top 10 des années 2000
par Bernard Dugué
mercredi 24 juillet 2013
Tous les amateurs de rock progressif ne peuvent que se réjouir de la réédition du chef-d’œuvre de Glass Hammer, « The inconsolable secret ». Ce double CD sorti en 2005 était épuisé et donc indisponible à moins de claquer 300 dollars sur Ebay d’après la notice fournie par le groupe. J’ai pu moi-même constater la situation en cherchant sur le plus grand site de vente en ligne. Près de 200 euros pour une occase et 400 pour un exemplaire neuf. Ce temps est révolu puisque depuis un mois, la réédition du CD est en vente à un prix raisonnable pour cette réédition augmentée d’un remix avec la participation des nouveaux membres de Glass Hammer ainsi que des invités supplémentaires. Un spécialiste du prog n’a pas hésité à classer cet album comme l’un des 20 meilleurs de tous les temps dans le genre progressif. Pour ma part, je place ce disque comme l’un des 20, voire des 10 meilleurs pour la « décennie prog » 2000. Glass Hammer est en fait d’une des meilleures formations présentes sur la scène progressive des 15 dernières années, aux côtés de pointures comme Arena, IQ, Anglagard, The Watch, Cast et quelques autres formations qu’on trouvera plutôt en Italie.
La pochette est signée devinez qui, Roger Dean, à qui l’on doit les célèbres illustrations des vinyles de Yes mais aussi d’autres groupes des seventies, Greenslade par exemple. Hormis le fait d’être peut-être la meilleure formation de prog américain, Glass Hammer est connu pour être fortement inspiré par Yes. C’est un fait mais on ne peut pas voir une simple copie de Yes, ce serait nier l’inventivité et le style propre à cette formation qui a su se démarquer des anciens schémas et notamment du côté un peu bouillonnant pour ne pas dire brouillonnant du Yes exubérant avec ses démonstrations techniques et cette densité que d’aucuns eurent jugé pompeuse. En écoutant « The inconsolable secret », on entendra d’autres références et notamment un côté fantaisiste et aventureux à la Gentle Giant. Cette réédition s’imposait car ce double CD représente l’album de référence pour cette formation qui en 2003 avait déjà marqué la scène progressive avec l’album Lex Rex que je vous conseille d’acquérir avant qu’il ne soit épuisé car il est excellent. D’ailleurs, les fans ont été surpris de voir Lex Rex dépassé par ce double album avec sur un CD deux imposants morceaux de 15 et 25 minutes et sur le second CD deux compositions dépassant les 10 minutes avec au milieu une succession de pièces musicales plus courtes montrant l’inventivité et la subtilité de cette musique aux compositions complexes et très bien exécutées.
Les premières écoutes sont concluantes. C’est du progressif très orienté vers le symphonique, ce qui ne surprend guère au vu de l’investissement du claviériste Fred Schendel avec ses jeux de piano, orgue et mellotron souvent superposés ou alors se succédant pour créer une suite de teintes sonores assez imprévisibles et fort mélodiques au demeurant. L’autre membre formant l’ossature de Glass Hammer est le bassiste Steve Babb dont le jeu ne se résume pas à une banale rythmique et qui assure également quelques parties de claviers. Ainsi, on entend de temps à autre quelques réminiscences à la ELP ou à la Patrick Moraz. Les parties vocales sont à la hauteur ; un Walter Moore qui s’en tire bien avec ses vocalises légèrement crooner évoquant Greg Lake ainsi qu’une Susie Bogdanowicz très lyrique et parfaitement dans le ton de l’album. Le batteur assure également dans un style prog et professionnel. Nombre d’invités sont présents sur les différentes compositions, un chœur, des vocaux additionnels et un trio de cordes, violon, alto, violoncelle, ce qui accentue le symphonisme. Le premier CD donne le ton et si on veut préciser le style, on évoquera alors le Yes de l’époque Going et Drama. On ne s’ennuie jamais lorsqu’on écoute ces longs morceaux de Glass Hammer maintenant réédités. A noter les envolées de guitare sur The Knight… surtout à la fin de cette longue suite musicale ; on pense inévitablement à Close to the edge mais répétons-le une fois de plus, Glass Hammer n’est pas une copie de Yes, pas plus que Ravel n’était une copie de Debussy. Il y a des parentés de styles et de tonalités mais en matière de prog, mieux vaut avoir des maîtres du genre comme inspirateurs.
Le second CD démarre par un long morceau évoquant une fois de plus le Yes époque Drama avec toujours ces somptueuses envolées de guitare ; mais ensuite, le style s’infléchit pour devenir encore plus symphonique et même parfois tenté de mystère et de religiosité. Les cordes additionnées aux chœurs y sont pour beaucoup et l’on croirait entendre le requiem de Fauré version prog. Le style s’accentue vers le symphonisme. Teintes atmosphériques avec des effluves de clavier servant de trame autant que de fond mélodique sur lequel viennent s’inscrire cordes, guitares, basse et cette superbe voix féminine. Parfois, on n’a plus le sentiment d’être dans le registre rock tant le classicisme est assumé. Avec quelques emprunts au folklore médiéval. Le second CD est franchement réussi avec des pièces musicales toutes différentes. En fait, The inconsolable secret n’est pas un double CD mais est constitué de deux CD assez démarqués dans leurs intentions stylistiques. Et c’est ce qui fait l’intérêt de cette réédition. Avec également un remix où figurent les quatre longue suites musicales de l’album avec des parties instrumentales inédites et une intervention de Jon Davison, l’actuel chanteur du groupe, bref, 70 minutes de musique pour ce CD additionnel ajouté dans la réédition sortie le 25 juin 2013.
Line-up / Musicians
- Fred Schendel / keyboards, electric guitar, steel guitar, vocals
- Steve Babb / keyboards, bass guitar, vocals
- Walter Moore / vocals
- Susie Bogdanowicz / vocals
- Matt Mendians / drums
Guest musicians :
- Sarah Snyder / featured soprano
- Bethany Warren / backing vocals & Girls Choir
- Flo Paris / vocals on "Long and Long Ago" and "Having Caught a Glimpse"
- Eric Parker / acoustic guitar
- Laura Lindstrom / vocals on "Morrigan's Song"
- David Carter / lead guitar on "Long and Long Ago"
Disc One
1. A Maker Of Crowns (15:21)
2. The Knight Of The North (24:39)
Disc Two
1. Long And Long Ago (10:23)
2. The Morning She Woke (5:36)
3. Lirazel (4:30)
4. The High Place (3:33)
5. Morrigan's Song (2:23)
6. Walking Toward Doom (2:06)
7. Mog Ruith (2:03)
8. Through A Glass Darkly (6:55)
9. The Lady Waits (5:46)
10. The Mirror Cracks (2:12)
11. Having Caught A Glimpse (13:23)
REMIX ALBUM TRACKS
Long And Long Ago
The Morning She Woke
A Maker Of Crowns
The Knight Of The North
Having Caught A Glimpse