Gomorra les soldats de la mondialisation
par bloomlight
mercredi 2 décembre 2009
Le festival de Cannes a remis à Mattéo Garrone le grand prix du jury pour 2008. Grâce à la fidèle transcription du célèbre romancier journaliste Roberto Saviano et de son merveilleux roman Gomorra dans l’empire de la camorra publié en 2006. Le réalisateur a décidé de comprendre comment le Système écrase nombres parmi nous et décide de nous faire réfléchir sur la difficulté à se débattre dans un système qui nous dirige et nous enferme dans une vision destructrice de l’environnement et des rapports humains.
La Réalisation par Mattéo Garrone nous aide à introduire une réflexion très humaine en interrogeant sept points de vues sur la difficulté à vivre dans une banlieue du nord de Naples, contrôlé par la Camorra une organisation criminelle.
D’une part nous rencontrons en chemin toto, un enfant âgé de 13 ans, qui décide de suivre les traces de la voie du crime organisé. Ensuite, nous suivons Don Ciro qui rend visite dans la cité à des citoyens, afin de leur prêter une oreille sociale et de l’argent en cas de besoin. Suit Franco et Roberto, deux personnes qui ont du trafic de traitement de déchet toxique. Puis, Pasqual, artiste et créateur pour la confection, est un extraordinaire tailleur. Néanmoins, pour joindre les deux bouts, Il va être obligé de se vendre aux concurrents chinois afin de leur enseigner son savoir faire, en contrepartie il sera bien rétribué. Les analogies que crée la multiplicité des points de vue qui remet en doute notre fonction à se révolter. Elles nous submergent, pour nous faire vivre dans un système qui semblerait affecté par la corruption et à tous les niveaux du système… une véritable Chape de plomb.
D’autres parts, les problèmes de la mondialisation sont abordés avec majesté par des personnages qui font leurs possibles pour se maintenir face aux misères du quotidien.
De ce fait on comprend donc que cette mondialisation favorise à la réalisation du profit et détruit tout ce qui fait barrage à son accomplissement. A savoir la Camorra est un système construit mythologiquement par nos institutions judiciaires, médiatiques et nourrit par le fruit de l’imagination débordante des scénaristes, ceux-ci est souligné dans le titre même Gomorra, Mélange de Gomorrhe et Camorra. Deux mythologies qui se contractent pour en édifier une seule : une sorte de monstre moderne.
Cependant la politique a laissé un tel délabrement que les gens ne lui font plus confiance. Vers qui se tournaient à par ceux qui peuvent vous nourrir. Elle joue un rôle de régulateur social au sein des zones dit de non droit dans nos célèbres banlieues. Sa caméra réussit remarquablement à montrer les interactions entre l’appât du profit et de la violence. Même les sociologues affirment que nous sommes le produit de notre environnement. La violence est le produit du système. Elle engendre au niveau de la mondialisation un acteur social forcément prédateur. Pas Étonnant que les gens se détruisent par manque ou incapacité à témoigner d’empathie. Car Si votre environnement est corrompu par la drogue, arme, prostitution, cigarette et que le contrôle de ces produits soit lié au Système mafieux ou pas, le résultat produit est le darwinisme social : les plus forts mangent les plus faibles. Le film nous montre aussi que la Camorra n’est pas le seul système, on découvre que d’autres sont touchés, le monde de la confection a priori le monde économique.
Par conséquent, le désengagement de l’état face aux plus démunis « surtout ne pas refaire le débat de la mondialisation » qui en résulte est le dumping social. Nous en déduisons que la Camorra est le résultat de notre propre défaillance à tous. Que naisse un débat démocratique que tous désirons, et ainsi nous aider à devenir un état de droit digne de ce nom.
De plus, l’état dans l’état qui est devenu la Camorra, provient aussi du laxisme politique de ces dernières décennies : l’argent roi, le profit, l’exploitation sont une aubaine pour les institutions mafieuses. La désertification industrielle, le mezzogiorno (le sud de l’Italie), les nouvelles règles de la mondialisation entrainent la paupérisation d’une partie de plus en plus grande de la population des pays riches. Le réalisateur touche subtilement au point névralgique des sociétés du nord en pointant les défaillances démocratico-politiques de nos dirigeants.
Pour conclure, ce film loin d’être manichéen, montre progressivement la déliquescence du droit du travail « acquis sociaux » qui prend la direction d’une jungle libérale, qui sera notre salut à tous si nous ne réagissons pas. Bien que Le village planétaire soit devenu notre monde et que ses règles soient devenues de plus en plus dures, ceux-ci nous incitent à comprendre la globalisation afin d’agir localement. Finalement, les philosophes lui ont trouvé un nom « le glocal », contraction entre global et local.
Ainsi ce film reste digne et salutaire. Il doit nous encourager sur la voie du débat et du questionnement.