Goncourt : Houellebecq n’avait pas une bonne mère

par Bernard Lallement
lundi 7 novembre 2005

Alors qu’on le l’attendait plus, en s’invitant dans la danse, François Weyergans a bouleversé le bel ordonnancement annoncé du Goncourt et rafle la mise.

Par six voix, contre quatre à Houellebecq, l’auteur de Trois jours chez ma mère remporte le prestigieux prix, au second tour du scrutin. Comme nous l’avions pressenti, ici même, les académiciens ont préféré récompenser une valeur sûre de la littérature française, et un réel travail de style, plutôt que de distinguer ce qui était devenu un PRF (entendez Produit Littéraire Financier).

En définitive, les partisans de l’Idole des clones n’ont peut-être pas rendu le meilleur service à leur protégé en entonnant les sirènes d’une victoire évidente servie par un marketing plus familier de la Star Academy que des salons littéraires.

« On a eu l’impression que le jeu état faussé depuis l’été » a reconnu Didier Decoin, le secrétaire général de l’Académie Goncourt, en précisant que le jury avait entendu, par ce choix, affirmer son « indépendance. » La suprême distinction reste donc « dans la famille » en échouant, de nouveau, à l’écurie Grasset. Ce qui ne manquera pas, dans les dîners germanopratins, de relancer la polémique sur l’attribution des prix littéraires, soulevée par le dernier rapport du service central de la prévention de la corruption.

Éconduit une première fois pour Plateforme, Michel Houellebecq n’a décidément pas de chance avec les vénérables couverts. Aux dernières nouvelles, les ventes de son dernier livre ne dépasseraient pas les 150.000 exemplaires, bien en deçà des espérances de son éditeur Fayard.

« Nul n’est prophète en son pays ! » Houellebecq aura tout loisir de méditer sur ce proverbe biblique. Mais, il est déjà en odeur de Sainteté au monde des petits hommes verts et des soucoupes volantes, n’est-ce pas là le plus important ?

Selon des « sources bien informées » son fidèle chien, Clément, lui apporterait tout le réconfort nécessaire tandis que, pour fêter son prix, François Weygergans serait parti passer trois jours chez sa mère.

Photo : Keystone


Lire l'article complet, et les commentaires