« Harold et Maude » en phase légende avec Line Renaud 

par Theothea.com
lundi 27 février 2012

Depuis la sortie cinématographique du scénario de Colin Higgins en 1971 jusqu’à l’adaptation actuelle signée Jean-Claude Carrière, au Théâtre Antoine désormais codirigé par Laurent Ruquier, la fable d’« Harold et Maude » aura engendré, grâce aux plus grandes comédiennes françaises, d’abord la création du rôle par Madeleine Renaud au Récamier en 1973 avant de migrer au Théâtre d’Orsay (75 & 80), d’autre part la reprise de Denise Grey en 1987, déjà au Théâtre Antoine, ainsi que, par la suite, celle de Danielle Darrieux aux Bouffes Parisiens en 1995.

Voici donc aujourd’hui, l’autre sublime « Renaud », notre incomparable « Line » Nationale, ayant attendu patiemment d’avoir l’âge du rôle pour pouvoir, enfin à son tour, incarner, à 80 années pétantes, cette muse transgénérationnelle, plus que jamais bon pied bon œil, prête à escalader l’arbre des bonnes convenances en faisant joyeusement la nique aux gendarmes tout en s’affranchissant des huissiers et de tous les bien pensants de la normalité.

A ses côtés et en pleine connivence, un jeune prodige, Thomas Soliverès, révélé par le film « Les Intouchables », prend une maligne satisfaction à se pendre à toutes les variantes spectaculaires de suicides dédiés, à dessein, à tous ceux qui s’ y laisseraient prendre et parmi lesquels s’inscrit chacune des jeunes filles que sa mère aurait décidé de lui faire rencontrer pour nouer l’improbable idylle de la maturité.

Claire Nadeau, en charge d’interpréter cette génitrice égocentrique et aveugle à la souffrance affective de son fils en manque, dès la petite enfance, de reconnaissance maternelle, compose, en contrepoint de la complicité grandissante entre Maude et son rejeton, un personnage déphasé juste à souhait pour les planches.

C’est ainsi, de surcroît, qu’aucun des rôles n’apparaît secondaire car tous concourent à déjanter le canevas relationnel, tentant en vain de rendre scabreux « l’amour » naissant, à 60 années d’intervalle, entre Maude et Harold.

Décor sur tournettes, scénographie décalée et effets particulièrement spéciaux contribuent à rendre le jeu des huit acteurs, entourant Line Renaud, fort réjouissant dans leur étrangeté fantasque, pendant que l’artiste prend un plaisir, non dissimulé, à vanter, par delà la rampe, un « carpe diem » sans réserve, à l’égard du public totalement réjoui de pouvoir, ainsi, apprécier au mieux la légende.

visuel affiche 

HAROLD ET MAUDE - ***. Theothea.com - de Colin Higgins - mise en scène : Ladislas Chollat - avec Line Renaud, Claire Nadeau, Thomas Soliverès, Denis Berner, Sophie Bouilloux, Benjamin Boyer, Chloé Catrin, Christian Pereira, Grégory Vouland - Théâtre Antoine


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