Histoires croisées de l’Europe : Napoléon et l’Allemagne (1)

par ARMINIUS
mercredi 31 mars 2010

Partie 1 : "Le temps d’aimer...

 Ce qui suit n’a d’autre prétention que de relater une période charnière de l’histoire de l’Europe, celle où le destin de la Germanie croisa celui de Napoléon, qui allait, après l’avoir occupée, présider à la naissance du nationalisme Allemand.

Et pour rendre hommage à un de nos plus grands génies littéraires, je lui emprunte en introduction ces vers que nul n’ignore :

Ce siècle avait deux ans Rome remplaçait Sparte déjà Napoléon perçait sous Bonaparte…etau delà du Rhin, les plus grands représentants de la culture Allemande- Goethe, Beethoven, Hegel, entre autres- accueillent celui qu’ils considèrent comme un libérateur, un général éclairé par les idées du siècle des lumières et porteur de celles, neuves et exaltantes de la toute jeune révolution.

Il faut dire que l’Allemagne, en ce début du XIXème siècle, aspire au changement : le Saint-Empire Romain Germanique qui regroupe sous sa couronne plus de trois cents pays est à bout de souffle. Foin du moyen-âge et des inégalités, des roitelets, des princes évêques des ducs et de leurs querelles, le peuple veut comme celui de France vivre la liberté !

Et les victoires s’enchaînent, et l’empereur est acclamé. Dans les territoires « libérés » il met en pratique les principes de la révolution : le code civil, l’égalité devant la loi, la sécularisation de l’enseignement et la confiscation des richesses de l’Eglise Il introduit aussi la conscription : les jeunes gens des peuples libérés doivent intégrer ce qui va devenir la Grande Armée. Une armée d’ou le châtiment corporel a été banni et ou chaque soldat à dans sa musette un bâton de maréchal.

Partout Napoléon fait mettre en chantier routes et canaux, écoles, lycées et universités. La France et le français sont à la mode : on s’habille on parle, on pense français.

Il en reste encore des traces dans l’Allemand d’aujourd’hui : des termes militaires bien sûr plus quelques mots à l’étymologie aussi curieuse qu’incertaine, ainsi "Fissmatente" qui est une contraction du « visite ma tente » dont les hussards -à l’œil charmeur et à la moustache frisante- invitaient les jeunes allemandes à pousser leurs affinités. Ce mot signifie aujourd’hui « : prétexte non valable »allez savoir pourquoi …Aussi « Pumpernickel » sorte de pain foncé très peu apprécié par les grognards français, qui disaient « c’est pain pour Nickel » Ce Nickel étant le nom de la monture de l’un de leurs chefs les plus connus, peut-être de l’empereur lui-même ! Aussi enfin « Mucke Fucke », déformation de « Moka Faux » dont on baptisait l’ersatz d’un café victime du blocus continental.

  Arrive 1806 :le Saint-Empire n’existe plus, la Confédération du Rhin, protectorat français fait tampon entre la Prusse au Nord et l’Autriche au Sud , les Royaumes de Bavière et de Westphalie sont alliés de la France. La Prusse de Frédéric Guillaume III s’inquiète de la montée en puissance de cette trop française Confédération, les officiers prussiens, en guise de provocation font mine d’aiguiser leur sabre sur les marches de l’ambassade de France à Berlin, la guerre à la France est déclarée, Napoléon n’attendait que ça : deux victoires, Iéna et Auerstadt vont plier l’affaire, la Prusse est écrasée, le Tsar Alexandre, allié vaincu de la Prusse, va devoir changer d’alliance ...

A Tilsitt, ville agréable des bords du Niémen, tout a été mis en œuvre pour que la rencontre des deux empereurs, le Tsar Alexandre et Napoléon, se déroule dans les meilleures conditions : les deux camps rivalisent de fastes et d’élégance. Seul le roi de Prusse, vaincu piètre allure et mine défaite, détonne dans ce décor de fête, son épouse la très charmante Louise, malgré ses réticences va essayer d’user de ses charmes pour séduire l’ogre corse et l’empêcher de dépecer le royaume. Peine perdue ! le cœur de l’empereur bat déjà pour Maria Walewska et la Pologne, Louise n’aura droit qu’à être complimentée pour son élégance…La Prusse passera à la découpe pour le plus grand profit du duché de Pologne et de la Westphalie : nouveau royaume et nouveau roi, le piètre Jérôme Bonaparte !

(à suivre)

Documents joints à cet article


Lire l'article complet, et les commentaires